La Lignée des Vauganne
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Re: La Lignée des Vauganne
Episode 12 :Ce qu'offrent les ans
- Spoiler:
La vie à la maison est paisible, malgré le nombre croissant de ses habitants. Les années passent tranquillement, suivant les saisons avec grâce. Ma petite Audaline est vrai petite perle. Ma fille chérie ressemble tant à son père.
Elle est un ange. D’une gentillesse sans faille. Malgré les taquineries incessantes de Neeve, elle reste d’un calme olympien. Je n’aurais jamais cru voir ça dans ma propre famille. Nos filles sont réputées pour leur caractère trempé et une légère impatience.
Si nous, êtres humains, vivons heureux, nos amis félins également. Tyrinel avait bien vieilli et notre Maya ne tarda pas à suivre son exemple. Je ne sais pas si l’amour chez les animaux existe, mais si c’est le cas, ces deux-là l’illustre bien.
Et voici mon dernier joyau. Othilie, ma dernière-née. Cette enfant est si joyeuse, elle égaye mes journées. A force de grossesse, j’ai dû quitter mon emploi. Cela avait bien embêté Céleste, lorsqu’elle dû me demander de choisir entre ma famille et mon boulot, mais la réponse fut évidente. J’aimais mes enfants et jamais je ne pourrais privilégier mon travail à leur dépend. J’avais pris la décision sans en discuter avec Servan, mais lorsqu’il apprit la nouvelle, il m’a souri, simplement.
Ma vie est parfaite, nous vivons heureux dans cette maison familiale, le tout en suivant l’exemple de mes ainés. J’ai parfois contact avec Anthelm, mais conjuguer nos vies devient de plus en plus difficile. Lui il a son travail et sa famille, et moi la mienne.
Et mon petit doigt me dit qu’elle ne tardera pas à s’agrandir d’ici peu. En ce moment, la salle de bain reste ma pièce favorite de la maison.
Servan va bien. Enfin en apparence… Je crois que son époque lui manque, il passa la plupart de ses soirées dans la cour à discuter avec ses amis du futur… Enfin, il croit que je ne le vois pas mais, il est difficile de louper ça. "
- Hé Audaline !
- Quoi ? Dit-elle la bouche pleine.
- C’est vrai qu’on t’embête à l’école ?
La fillette ne prit aucunement la peine de lui répondre. Elle lui lança cependant un regard noir ce qui fit déglutir son aîné. Puis elle se leva de table.
- Alors mes choux ? Bien dormi ? S’enquit leur mère.
- Ca va M’man. Répondit Neeve tandis qu’Audaline le pria silencieusement de ne rien dire à leur mère.
- Audaline ? Ca va ma chérie ?
Elle ne dit rien et sourit tout simplement à Aèla. L’adulte resta un moment muette alors que la petite quittait la pièce. Audaline ressemblait tant à son père, physiquement et psychologiquement.
Plus tard dans la matinée, les enfants attendaient leur bus. Neeve chevauchait avec hargne sa moto. Mais la conversation était loin d’être terminé pour lui. Il aimait sa petite sœur, même si il l’embêtait souvent, hors si quelqu’un venait à l’embêter, il ne l’accepterait pas.
- ‘Line…
- Je sais ce que tu vas dire, Neeve. Oublie ! Les enfants sont stupides c’est tout.
- Tu es une enfant aussi, tu sais ? Cette réponse fit rire sa benjamine. Sérieusement Audaline… Si on t’embête, faut me le dire.
Elle stoppa son mouvement et observa son frère. Il était sérieux derrière le rouge qui tâchait ses joues. Il n’était pas du genre à étaler ses sentiments, de toute façon la blonde n’avait pas besoin de cela pour savoir que son frère l’aimait mais l’entendre dire changer parfois les choses.
- Merci… Dit-elle simplement en souriant.
Puis elle reprit de plus belle son rodéo, histoire de mettre à l’aise son ainé de frère et de passer à autre chose. Cela fit rire Neeve à son tour qui voulut la rejoindre dans sa longue chevauchée, mais la voix de leur mère brisa leur espoir. Il était l’heure d’aller à l’école.
Les plus âgés partit, Servan au travail, Aèla était seule avec sa cadette. La petite se confrontait à l’apprentissage et défiait ses épreuves avec facilité. Pour le bonheur et la fierté de sa mère. Othilie maîtrisait de mieux en mieux les mots et ses pas s’affirmaient au fils des exercices.
L’automne était là depuis longtemps, et les enfants rentraient de l’école. Alors que l’on s’attendait à des rires, ce fut des éclats de voix qui désignèrent à Aèla le retour de ses enfants.
- Neeve !
- Non, Audaline ! Tu te tais !
Aèla attendait son fils de pied ferme dans l’entrée, tapant du pied, sous l’impatience. Quand Neeve vit sa mère qui fulminait, il avait conseillé à sa sœur de se taire et de filer directement dans sa chambre.
- Tu peux m’expliquer ? Demanda-t-elle, la voix proche du cri.
- Maman…
- Neeve ! J’ai reçu un appel de ton directeur me disant que tu t’es battu !?
L’enfant baissa la tête. Il n’était pas fier de son geste, mais il ne regrettait cependant pas cet acte. Il l’avait fait pour protéger sa sœur. Hors, il avait fait la promesse à cette dernière de ne jamais dire à ses parents ce qu’il se passait à l’école. Audaline y tenait.
- Pardon Maman…
- "Pardon" ? C’est tout ce que tu trouves à dire, Neeve ? Et en plus de ça, tu as perdu tes chaussures…
Le petit prit peur un instant, les yeux de sa mère ressortaient de leur orbite. Mais il prit sur lui et écouta sans une larme le sermon interminable de sa génitrice. Il garderait le secret jusqu’à sa mort.
- Tu n’étais pas obligé de faire ça Neeve…
- Audaline, on en parle plus !
- Mais à cause de moi tu as reçu des coups et tu es puni…
La fillette était pleine de remord. Elle n’aimait pas les disputes, ni lorsqu’il y avait des cris. Cela lui faisait peur et elle pleurait facilement. C’était ce côté sensible et renfermé qui lui attirait les ennuis. Des petits camarades s’amusaient à la brimer, à lui tirer les cheveux et parfois même à la frapper. Neeve avait passé ses dernières récréations à surveiller sa sœur à son insu, puis avait pris les devants. Une bagarre se déclencha et Neeve fut accusé.
Si certains apprenaient les problèmes de la vie, d’autres affrontaient des ennemis bien plus petits encore, et parfois mortels. Stupéfix, une des filles de Tyrinel et Maya, avait réussi à attraper des puces. Servan était donc de corvée et à son grand étonnement, la chatte se laissa laver sans trop de soucis.
- Tu te rends compte Servan ?
Aèla venait de lui expliquer l’évènement du jour : la bagarre de Neeve. Servan avait écouté, en silence, les propos de sa femme. Elle était encore en colère après son fils, mais c’était surtout l’inquiétude et la peur qui la faisait agir ainsi.
- Neeve, mon grand… Tu ne veux pas me dire pourquoi tu t’es battu ?
Le petit dévisagea son père, comme si il se sentait en danger, mais le visage doux de Servan lui fit perdre son assurance et il baissa les armes. Après avoir jeté un regard à sa sœur qui lui donna l’autorisation de parler, il fixa ses parents tour à tour.
- C’est pas vraiment de ma faute, Papa. Ce sont eux les méchants, ils n’arrêtent pas t’embêter Audaline.
- Qui ça ? Demanda Servan.
- Les grands du collège. Il lui tire les cheveux, lui prennent ses affaires, même une fois, ils l’ont trainé jusque dans les toilettes et l’ont enfermé.
Audaline baissa les yeux dans son assiette, le visage éteint. Sa mère hoqueta d’horreur puis se mit à pleurer tout en prenant sa fille entre ses bras.
- Pardon… Je sais que j’aurais pas dû me battre, mais…
- Non, c’est vrai, tu n’aurais pas dû ! Le petit baissa les yeux à son tour, s’attendant à un autre sermon. Mais tu as défendu ta sœur, et pour ça, je te remercie. Mais la prochaine fois, parles en a un adulte. Ma chérie, cela vaut pour toi également.
La petite hocha la tête, elle ne pleurait pas, sa mère s’en chargeait pour elle. Servan prit la main de sa femme qui lui sourit. La pauvre ne comprenait pas la cruauté des enfants à l’encontre de leurs semblables.
Après le repas, la famille vaquait à ses occupations, Aèla prit à part son fils. Elle lui devait quelques excuses malgré son comportement. Elle ne prônait la violence, même pour défendre quelqu’un mais elle était fière de lui malgré tout.
Pourtant, lorsqu’elle voulut lui parler, le petit s’illumina et se sentit étrange. Elle se rappela enfin la chose importante qui la taraudait toute la journée.
C’était l’anniversaire de Neeve. Le petit garçon devint un bel adolescent aussi brun que sa grand-mère, ce qui fit plaisir à sa mère. Emue, elle oublia ses excuses.
- Bon anniversaire mon grand.
- Merci M’man !
- Tu te rends compte bébé ? Ton frère est un grand aujourd’hui !
- Euh Maman…
- Hum ?
- Tu me pardonnes, dis ?
Si elle avait oublié les frasques de son fils, lui n’avait pas perdu le nord. Elle resta un moment muette, tout en le fixant.
Elle était déjà prête à lever la punition et à lui pardonner, mais il fallait faire durer le suspense. Après tout, son autorité en serait sapée si elle acceptait sans hésitation.
Et rien que pour voir cette bouille, cela en valait la chandelle. Au plus profond de son cœur, elle était émue, elle en pleurait presque, tant elle était fière de son ainée.
- Bon… Je vois que tu as compris ce qu’on te reprochait. Ta punition est levé mon chéri.
- C’est vrai ? Oh merci Maman !!
Elle aimait sa bouille suppliante mais son sourire était encore plus beau. Elle se jura de tout faire pour qu’il reste à jamais.
Sans s’y attendre, la blonde se retrouva dans les bras de son aîné. Neeve avait acquis une certaine force en devenant adolescent et cela la déconcerta. Elle ferma les yeux et profita de l’étreinte.
- Allez, il est l’heure d’aller au lit.
- Tu as raison…
Alors qu’il s’éloignait, il se retourna et vit sa mère plongée dans ses pensées.
- Maman ?
- Hum ? Fit-elle en se retournant.
- Vivement la naissance du bébé.
Cela arracha un sourire à sa mère qui lui ordonna de filer avec lui avoir envoyé un baiser.
Re: La Lignée des Vauganne
Episode 13 :Aux cadeaux !
- Spoiler:
Une nouvelle matinée commençait.
- Bonjour chérie.
Et comme toujours, Aèla grommela un semblant de réponse, chose qui fit sourire son mari. Sa femme était un ours au réveil. Elle détestait parler dès le levé, et sa grossesse accentuait cela. Elle lui baisa néanmoins légèrement les lèvres.
Ils se séparèrent et chacun vaquèrent à leurs occupations matinales. Servan occupait la salle de bain en vue d’une longue journée de travail, et Aèla, en bonne mère s’occupait des petits. Alors qu’elle installait Othilie dans sa chaise haute, Audaline arriva en courant. Amusée, Aèla la regarda paniquer.
- Prends le temps de manger quand même, ma chérie.
- Pas le temps Maman ! Tu aurais pu me réveiller.
- N’est-ce pas toi qui m’a supplié de te laisser te gérer le matin car, je cite, « tu es grande maintenant ! » ?
Cette citation fit bouder Audaline et après avoir pris une brique de jus de fruit fila dans sa chambre afin de s’habiller.
Et ce manège se répétait tous les matins. Voir sa famille si vive et si affairée lui mettait du baume au cœur.
Le soir, c’était plus tranquille. Ils passaient généralement du temps devant une émission, en famille.
Enfin presque, car en bon adolescent qu’il était, Neeve préférait passer du temps devant un autre écran. Mais ils restaient néanmoins dans la même pièce.
Ce qu’il y faisait ? Ils l’ignorèrent car ses parents respectaient sa vie privée. Pour son plus grand bonheur. Neeve aimait sa petite "solitude" et discuter avec son cousin Tristan en toute tranquillité.
Mais la routine se brisa, car une nuit arriva enfin l’évènement tant attendu : la naissance d’un nouveau membre Vauganne.
Au grand désespoir d’Aèla (et de l’auteur) qui espérait une naissance gémellaire, il n’y eu qu’un fils qu’ils prénommèrent Magnus.
Le lendemain, Servan avait passé une petite nuit et préféra laisser sa femme dormir, afin qu’elle puisse récupérer. Il décida de profiter de la brise automnale en promenant Othilie.
- Tristan, je peux passer chez toi ?... Non, mais je m’ennuie… Ouais, je sais que ma mère vient d’accoucher. Je suis quand même plus concerné que toi… Quoi ?!
- Comment ça « Justement ! » ? Tu sais aussi bien que moi qu’un bébé à cet âge c’est loin d’être intéressant… S’il te plaît, j’ai besoin d’air. Ok, j’arrive !!
Neeve raccrocha rapidement, ne prit nullement la peine d’enfiler un manteau et fila chez son cousin.
En arrivant chez Tristan, il tomba nez à nez avec Rozen qui avait bien grandit elle aussi. La belle était devenue adolescente.
- Hey ! Rozen, t’as bien poussé !
- C’est pas pour rien qu’on me nourrit ! Béta !
- C’est sûr ! Rit-il. Dis ton frère est là ?
- Derrière vous…
- Je te laisse ma Rozen ! J’ai à faire avec ton frangin !
- Pas de soucis, je vais voir si Abbie s’ennuie !
- N’embête pas trop la petite. Intervint Tristan.
- C’est mal me connaître ! Riposta la brune avant de disparaitre dans la maison.
Tristan soupira alors que Neeve le rejoignait. Rozen était une gentille fille mais en bonne grande sœur qu’elle était, elle aimait tourmenter la plus jeune. Tristan passait son temps à jouer les médiateurs lorsque ses parents n’étaient pas là. En voyant cette fratrie s’aimer de cette manière, il pensa qu’il n’était pas si mal loti que ça.
Alors que chacun vaquait à ses occupations, la petite Othilie était seule dans la cuisine. Elle se sentit étrange tout à coup.
On avait oublié son anniversaire, avec la naissance de Magnus, elle passait après le plus jeune.
Mais elle devint une jeune enfant intelligente qui comprenait que l’on puisse offrir plus d’affection à un nouveau-né qu’à une enfant.
Mais Audaline fut la première à la féliciter, en bonne grande sœur qu’elle désirait être. Les deux petites blondes s’enlacèrent. Aèla arriva par la suite en paniquant, s’excusant de mille mots d’avoir loupé cet évènement. Othilie la rassura mais Aèla n’était pas convaincue des dires de cette dernière.
Afin de se faire pardonner, Aèla réunit ses aînés pour une petite séance photo devant les « grands » de la famille. Si les petites sont souriantes, notre pauvre Neeve ne se sent guère concerné.
- Maman ! On est vraiment obligé de faire ça ?
- Oui, Neeve ! Ça te coûte quoi de poser avec tes sœurs ?
- C’est complétement ringard …
- Les photos de famille c’est ringard ?
Aèla secoua la tête et laissa son fils pester dans son coin. Neeve était un bon garçon mais il avait ses humeurs, comme ce soir-là.
Quelques jours avaient filé, entrainant avec eux le soleil et amenant la pluie. Les filles se firent surprendre à la sortie d’école et n’avaient pas de parapluie. Ce fut trempées qu’elles rentrèrent à la demeure, l’humeur tout aussi maussade.
A peine installée à la table de bloc, Audaline laissa son optimisme reprendre le dessus.
- Allez Othilie ! Faut pas en vouloir à Maman et à Papa.
- C’est pas que je leur en veux… Commença la plus jeune, tout en s’installant à son tour.
- Ne me mens pas ! Moi j’aurais voulu qu’on me le fête !
- Ben… Je peux pas dire que je suis pas déçue…
- Ah tu vois ?!
- Mais Papa et Maman doivent s’occuper de Magnus…
- Magnus n’est qu’un bébé !
- Justement, ça prend du temps un bébé.
- Et alors ? C’est pas pour ça qu’ils doivent nous oublier ! Othilie, tu as le droit de leur dire s’ils t’ont déçue. Nos parents peuvent le comprendre.
La plus jeune se contenta d’hocher la tête, l’air songeur. Sa sœur avait surement raison mais elle se voyait mal reprocher à leurs parents de prendre soin d’un de leur enfant.
Un autre jour arriva, ensoleillé malgré l’hiver naissant. Les feuilles étaient quasiment toutes au sol et les convives arrivèrent enfin. La fête à cadeau allait pouvoir débuter !
Un invité surprise rejoignit la fête : Renato, un lointain cousin d’Aèla étant le fils de Yolande et petit-fils de Calixte.
Derrière lui se trouvait Céleste, bien qu’adulte désormais elle restait aussi jolie qu’il y a quelques années.
A sa suite, le reste de sa petite famille : Anthelm, Tristan et Abbie.
- Bon tout le monde est là ??
Neeve s’impatientait, comme un enfant ne tenant plus en place. Un intrus avait rejoint la famille et Servan s’occupait à l’éconduire. C’était une réunion familiale après tout.
Les invités s’installèrent dans les différents fauteuils que disposait la maison.
Othilie ouvrit la marche, comme pour fêter son anniversaire avec quelques jours en retard. La petite trouva une belle peluche d’ourson blanc. Un beau cadeau qui la fit hurler de plaisir.
Suivit Neeve, qui trouva un échiquier de bonne facture. Lui qui aspirait à devenir un grand scientifique, ce jeu joliment sculpté ne pourrait que l’aider.
Tristan fut le suivant…
… Mais pour son plus grand malheur, ce que contenait la boite ne semblait guère lui convenir. L’on pouvait voir Céleste se gratter la nuque, gênée de ne pas avoir pu combler son fils.
Anthelm était à la fête en découvrant un nouveau portefeuille en cuir, il savait que ce présent lui venait de sa sœur. Sans tarder, il alla lui baiser la joue.
Les invités se succédèrent, ouvrant les uns après les autres les différents paquets. Si Abbie fut heureuse de sa toute dernière poupée, Audaline trouva de mauvais goût le nain de jardin au sourire moqueur qui était placé dans le sien.
Les deux grands passaient leur temps à se chamailler, tandis que les petites profitaient de la cour. Rozen passait son temps à harceler Aèla de questions sur Magnus. Anthelm, Servan et Céleste en bons collègues discutaient du boulot.
Cette fois-ci, sous l’insistance d’Aèla, encore, Tristan et Neeve se prêtèrent au jeu des photos. Bien que Neeve rechignait, Tristan l’entraina de force mais avec le sourire.
Aèla éloignée, Neeve soupira tout en la regardant rejoindre son père.
- J’en peux plus…
- De quoi aurais-tu honte, Neeve ? Demanda Tristan à son cousin sans quitter son sourire.
- De ma mère, ma famille…
- Arrête ! Tu as une super famille.
- Je sais mais parfois… Je me sens de trop, tu vois ?
- Neeve, tu es mon cousin et aussi mon meilleur ami… Si tu ne vas pas bien, dis le moi. Tristan le sentait fragile, prêt à commettre une bêtise.
- Ne me regarde pas comme ça, mec ! Franchement, tu me crois capable d’une telle connerie ?
Après réflexion, le fils d’Anthelm lui sourit et lui tendit les bras.
- Tu as raison… Mais tu sais que je suis là, quoiqu’il se passe.
- Je sais, souffla Neeve dans le coup de Tristan.
Re: La Lignée des Vauganne
Episode 14 : Voile blanc et robe noire
- Spoiler:
La neige s’était bien installée, inscrivant l’hiver dans le paysage. Apaloossa n’avait jamais été aussi belle depuis l’arrivée d’Aèla. Cette saison était si particulière pour elle, si importante car elle marquait sa rencontre avec Servan.
Cet homme qui lui offrit de l’amour, de la tendresse, de l’affection et qui l’aida à concevoir quatre magnifiques enfants. Et comme chaque matin, Magnus aimait donner de la voix, trouvant ses parents trop lents pour s’occuper de lui.
Être mère était un travail à temps plein mais Aèla ne s’en plaignait guère car, si elle y rencontrait des difficultés et de l’épuisement, un simple sourire d’un de ses enfants suffisait à faire s’envoler le moindre doute, la moindre sensation de fatigue.
Les enfants s’épanouissaient doucement, au même rythme qu’un flocon de neige paisible que le vent aime parfois taquiner. Neeve progressait tranquillement vers l’âge adulte, voyant au fils des jours les responsabilités qu’il allait obtenir. Il n’en avait pas réellement peur, mais il appréhendait le moment. Comme tout adolescent, il se posait des questions : quel genre de vie voulait-il mener ? Quels étaient ses rêves et espoirs ? Mais pour le moment, il devait se concentrer sur le moment présent : les devoirs.
- Dis Neeve… Tu veux bien m’aider ?
- Débrouilles toi un peu ! Tu vas bientôt entrer au lycée, à toi de te débrouiller. Répliqua sèchement Neeve.
- Ne t’en prends pas à moi si t’arrives pas à faire tes exercices…
L’adolescent soupira tout en levant les yeux au ciel. Audaline était gentille mais parfois elle demeurait insupportable à toujours réclamer de l’attention.
La nuit venue – et elle venait rapidement en hiver- notre Neeve nationale ne supportant plus les cris de ses petites sœurs qui jouaient dans le salon, s’isola dans la cour, chaudement habillé. Il aimait parfois observer le ciel et ses constellations. La nuit était particulièrement jolie ce soir-là. Le ciel empruntait les couleurs d’une aurore boréales, mêlant l’émeraude au bleu profond de la nuit. La lune était immense. Il n’avait jamais prêté attention à la lune, à sa plus grande honte car, elle était sûrement une des plus belles choses que l’univers avait offertes à leur planète. Si simple, si ronde. Une merveille pâle et discrète que l’on a envie de choyer une fois que l’on a remarqué sa beauté.
Mais il y a d’autre merveille de la nature que la vie offrait ce soir-là. Magnus grandissait et sous l’œil aimant de sa mère.
Un autre bambin blond rejoignit la lignée des Vauganne. Emue et heureuse, Aèla laissa une petite larme couler le long de sa joue alors qu’elle baisait tendrement les joues rondelettes et moelleuse de son dernier-né.
- " Et le matin vient de se lever ! C’est l’heure de notre ami Ricoré ! "
Une petite voix fluette et suraigu résonné dans toute la maison encore endormie. Il y a certain matin où il était difficile de se mouvoir, de simplement ouvrir les yeux.
Mais pas Othilie. Cette enfant était toujours dynamique et chantante. Elle était le petit rayon de soleil de la maison. Alors qu’elle se laissait glisser le long de la rambarde, elle reprit sa petite chanson. Quand une porte claqua violement. Elle sursauta tout en atterrissant avec légèreté sur le sol. Le grognement qui sortait de cette chambre n’était autre que celui de Neeve, qui la foudroyait du regard. Taquine, elle osa le regarder, et cela attisa la colère de son aîné qui se mit à lui courir après dans toute la maison. Audaline assista au spectacle, les yeux encore collant, consternée.
Si pour certain le réveil était chantant, ou encore difficile, pour d’autre il était une occasion de jeu.
Bébé Magnus riait à gorge déployée sous les terribles chatouilles que sa mère lui infligeait. Mais si cette torture était douce, elle permettait de renforcer les liens. Tout comme la course poursuite d’Othilie qui riait elle aussi et Neeve qui pestait comme un mitron à qui on aurait voulait son pain.
En entendant ses aînés si vivant et joyeux, Aèla souriait. Que pouvait-elle demander de plus que l’amour de sa famille et la joie de ses enfants.
Le bus arriva rapidement. L’hiver et la neige étaient pourtant bien présents.
Il faisait si froid que les filles grelottaient dans le bus.
- Dites Madame, pourquoi on y va pas ? Demanda Othilie.
- On n’attend ton frère ?
- Apparemment, il a pas cours… lui… Dit Audaline.
- Ah oui ! Ils ont fermé l’école à cause de la neige.
- Alors pourquoi on doit y aller non ?
- Vous n’avez pas une sortie au musée de la ville d’à côté de prévu ? Questionna la chauffeuse de bus.
Cette nouvelle n’enthousiasma aussi bien Audaline qu’Othilie, qui regardaient avec envie leur aîné qui les narguait à travers la vitre.
Le bus se mis en branle et pris la route avec prudence, laissant derrière lui un Neeve plus que joyeux. Il nargua une dernière fois ses petites sœurs d’un signe de la main puis rentra dans la maison.
Mais sa joie fut de courte durée.
- "Tu n’as pas cours ? Chic ! Tu vas pouvoir réparer l’évier !" … Merci Maman ! Nan mais franchement…
- Magnus… Méfies toi de notre mère. Elle est vile et fourbe. La moindre occasion est bonne pour nous exploiter.
Le petit regarda son frère ne comprenant pas ce qu’il lui disait. Il préféra reporter son attention sur sa poupée.
Sa mère entra dans la cuisine, embrassa son bambin et entreprit de confectionner le repas. Elle pouvait entendre Neeve pester au moindre coup de balai.
- Mon grand… Et si tu arrêtais de râler un peu ?
- Mais M’man… Pour une fois que je suis à la maison, j’aurais bien aimé me reposer un peu.
- C’est vrai quoi ?! J’ai l’impression d’être le larbin de service. C’est pas l’argent qui manque ?! Pourquoi on n’embauche pas une femme de ménage. Je suis sûr qu’il y a plein de personne qui aimerait bosser.
Mais un bruit mât le coupa dans sa tirade argumentative. Il vit alors sa mère se précipiter dans l’entrée l’œil inquiet et terrifié. Il osa pencher la tête par-dessus l’évier et ce qu’il vit lui coupa le souffle.
Les chats miaulaient étrangement. Tyrinel lui restait statique, comme paralyser.
Mais ses miaulements étaient les plus terribles.
La mort arriva dans un épais nuage noir. Neeve se rappela ce que cela signifiait. Il se rappela sa grand-mère.
- Bon… Où est-ce que j’ai encore atterri ? Ne me dites pas…
Aèla pleurait, implorant la dame en noire de ne pas emporter son chat. Il était un des rares liens qu’elle avait avec Aloyse. Tirynel était parmi eux depuis tant d’années.
- Mais c’est quoi c’bazar ? C’est l’armée du salut pour chat ? Ouste sale bête, laissez-moi travailler en paix.
- Alors c’est pour toi que je suis ici… Hum, pauvre bête. Tu aurais pu vivre plus heureux loin de cette famille. Les Vauganne… Sale engeance qu’est cette descendance …
- Tu savais que cette infâme Aimée me nargue encore parmi les défunts ? Fit la mort en s’adressant au chat, chat qui lui répondit d’un simple miaulement. Tout à fait ! Mais à ce je vois, rajouta t’elle en regardant Aèla, c’est que les vivants sont de plus en plus trouillard et pleurnichards.
- Bon c’est pas le tout, j’ai d’autre chat à fouetter. Tyrinel, tu vois la belle souris ? Oui, ça c’est un bon chat-chat. Allez va chercher !
C’est ainsi que Tyrinel quitta la famille, emporté par la mort à l’humeur noire comme l’humour mortellement rasant.
- Noon ! Mon chat ! Pleurait sans cesse Aèla.
Neeve accourut sans attendre dans les bras de sa mère. Il aimait bien Tyrinel mais pas au point de lui arracher des larmes. Il se devait être fort, pour sa mère.
- Allez Maman… C’est dans l’ordre des choses. Il a bien vécu, tu sais ?
- Oui… mais…
Neeve avait raison. Ce chat était un battant. Il avait vécu longtemps et toujours était en pleine forme. Elle renifla une dernière fois et remercia son fils d’un léger baiser sur la joue.
- Tu ne manges pas Maman ?
- Plus tard, Neeve… Plus tard…
Chose qu’elle fit comme elle l’eut dit. Servan la trouva au-dessus de son assiette, murée dans le silence. Neeve l’avait prévenu du drame avec un sms.
Il connaissait sa femme, et savait qu’il valait mieux la laisser tranquille pour le moment.
- Magnus ?!
- Apa ?!!
- Alors on a été sage ?
- Us tou’our sage.
- Mais oui, mon bébé est toujours sage. Dit Servan en l’embrassant. Par contre, il va falloir revoir le langage.
Les filles étaient rentrées en même temps que leur père. Servan avait fait un détour lors de sa sortie de travail pour les ramener. Othilie enlaçait sa poupée tout en discutant avec sa sœur.
- J’aimais bien Tyri… Dit Audaline.
- Moi aussi, mais c’est comme ça. Un jour aussi on mourra.
L’aînée était un peu plus sensible que la benjamine. Elle s’occupait de Maya qui venait de perdre son compagnon.
- Tu es sûre d’être une enfant Othi ?
- Pourquoi tu dis ça ?
- Tu raisonnes pas comme une enfant.
- Peut-être ! Fit-elle en haussant les épaules. Mais je dis simplement les choses : la mort et la vie, c’est complémentaire.
- Possible, mais ça reste triste… Tu n’es pas triste ?
- Bien sûr que si ! Mais j’ai pas envie de pleurer. Ça me mènerait nulle part.
- Doucement sur la pédales.
- T’en fais pas M’man ! Je gère !
- Tu gères, tu gères… Tu ne gères rien du tout et tu restes prudent !
- T’es pas drôle Maman ! Ronchonna Neeve.
- Il faut rester concentrer pour conduire. La plupart des accidents se passent près de chez soi al…
- Alors je reste concentré, mais plaisanter n’est pas un signe de déconcentration. Maman, relax’ je te dis. Avec Papa, j’ai aucuns soucis et pourtant on écoute de la musique.
Aèla soupira. Son fils était une personne raisonnable mais il avait ses périodes rebelles et c’était souvent lorsqu’il était au volant à ses côtés. Elle avait peur, c’était certain, mais pas pour elle. Neeve fut son premier né, son premier bébé, son premier cadeau d’amour.
Et son deuxième cadeau d’amour allait enfin passer à l’âge supérieur. La gentille Audaline allait bientôt quitter ses tresses.
Et Aèla n’allait pas rater cela.
Un peu de magie, d’étincelle et de patience…
Pour laisser Othilie ravie et envieuse.
- Qu’est-ce qu’il y a Othi ? Qu’est-ce que tu regardes comme ça ?
- Tu es trop belle ‘Line !!
Cela arracha un petit sourire à la blonde. Elle se sentait bien, et les compliments de sa sœur lui mirent du baume au cœur. Si elle était belle, elle tenait peut être l’outil de sa vengeance…
- Tu peux me dire pourquoi sa braille à côté ? Se questionna Servan.
- C’est rien P’pa ! C’est juste Audaline qui grandit.
- Quoi ?!!
Servan lâcha Magnus qui retomba lourdement sur le sol, la couche amortissant la chute, afin d’aller voir sa fille.
Cela arracha un petit sourire à Neeve qui, trop affamé, préférait manger.
- Alors c’est ta chambre ?
- Oui ! Papa a enfin terminé la peinture !
- Elle est belle, Othilie.
La petite était fière de son nouveau fief, elle dépassa sa sœur et se glissa jusque dans son lit. Audaline lui avait promis de lui lire une histoire.
Othilie était en total admiration devant son aînée et n’arrivait pas à défaire son regard de cette dernière. Cela n’échappa à sa sœur qui lui sourit, ne sachant quoi faire d’autre.
- C’est une histoire simple. Sans chichis ni blabla. Ça t’intéresse ? La petite fit signe que oui. Alors… Il fut un temps où le monde n’était que poussière. Une étoile passait son temps à pleurer. Elle pleurait tant et si fort que de ses larmes naquit une boule bleue. Intriguée, l’étoile arrêta de pleurer.
- Cette sphère était étrange, car si on tendait l’oreille on pouvait entendre un doux son répétitif et serein, comparable aux vagues. C’est alors qu’elle eut l’idée de créer un monde où le jour brillerait sous un immense soleil, où les nuits seraient profondes et calme. Tout comme l’espace infini qu’elle habitait depuis tant de temps qu’elle en avait oublié le décompte.
- De ses mains, elle façonna la terre puis l’étala en s’amusant. Elle chantait lorsqu’elle érigea les montagnes et dansait lorsqu’elle planta les arbres. Mais ce monde était triste sans personne pour l’habiter, alors l’étoile décida qu’il serait bon d’y voir des êtres le peupler.
- Que vais-je bien pouvoir mettre ? Se dit l’étoile. Oh ! Je sais, je vais créer les Hommes ainsi ils pourront cultiver la terre, sentir le vent sur leur peau, voir la beauté de la nature… Mais l’Homme vécu différemment qu’elle le souhaita. Au départ, il aimait la nature et la terre qu’on lui offrit, mais les années passèrent, devenant des millénaires et l’Homme commença à détruire le cadeau de l’étoile…
Othilie était endormie depuis longtemps lorsqu’Audaline s’en aperçut. Cela lui arracha un léger sourire.
- Bonne nuit petite étoile. Vis toujours heureuse, loin des larmes. Reste ma petite Othilie à jamais.
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Episode 15 : Une journée en famille
- Spoiler:
Le matin arriva rapidement, trop au goût d’Audaline qui avait passé une courte nuit, hanté par un quelconque rêve qui s’estompait au fur et à mesure que les secondes passaient.
Une chose était sûre, c’était que sa chambre la déprimait. Elle n’était plus une petite fille mais une demoiselle accomplie qui ne rêve plus de château et de prince. D’ailleurs, elle n’en avait jamais réellement rêvé mais elle aimait l’ambiance que cela créée.
Il y avait un goût de déjà vu, quand à cette scène. Mais à l’époque, elle devait courir, ses deux tresses volant au vent et le bambin que l’on bichonnait était un autre enfant de la tribu.
- Bonjour Maman !
- Coucou ma grande. Bien dormi ?
- Comme un loir ! Répondit Audaline alors qu’elle farfouillait dans le frigo. Mais j’ai encore une drôle de sensation… C’est comme si j’étais pas tout à fait éveillée…
- Tu as l’impression de rêver encore ?
- Oui… C’est désagréable. Dit-elle en déposant son bol sur la table. Oh ! Bonjour Papa !
- Salut ma grande ! Dit-il en lui baisant le front. Tu te souviens de ce rêve ?
- Non, pas vraiment… et plus le temps passe, moins je m’en rappelle.
- C’est qu’il n’était pas important. Il était juste là pour te divertir. Répondit Aèla, une fois qu’elle eut rejoint sa fille.
- Sûrement. Répondit Audaline entre deux bouchées. Mais il m’avait l’air si agréable ce rêve tu sais ?
- Ce sont souvent ces rêves-là qui disparaissent… Mais tu sais ce que l’on dit ? Fit sa mère sur le ton de la confidence. Que ces rêves sont prémonitoires et que, par conséquence, notre inconscient fait tout pour les effacer.
- Tu n’es pas sérieuse Maman ?!
- Oh que si ?!
- Et si on rêve de magie et de Dragon, tu vas me dire qu’ils se réalisent ?
Cette réplique laissa Aèla muette comme une carpe, la bouche ouverte et le doigt levé. Elle n’avait rien pour lutter contre cet argument. Cela arracha un rire à Servan qui fut rapidement rejoint par Audaline. Un peu vexée, la mère se ferma et bouda tout en mâchant ses céréales.
Après le petit-déjeuner, Audaline s’occupa de Magnus. Le petit était agréable à babiller sans cesse, chantant presque. Neeve ne l’entendait pas cette oreille-là.
- Magnus, tais-toi un peu…
- Laisses le tranquille, Neeve. Un bébé ca a besoin de s’exprimer !
- Tu parles ! Plus ça grandit, plus ça doit s’exprimer. Regardes toi !
Audaline se retourna vivement et foudroya du regard son aîné, mais Neeve était déjà passé à autre chose et luttait fermement contre sa mère qui voulait lui donner un baiser.
Cela fit sourire la demoiselle qui reporta son attention sur Magnus.
- Alors Bébé Magnus ? Qu’est-ce que tu vas faire aujourd’hui ? Embêté Maman ?
- Audaline ! Je t’entends ! Ne vas pas apprendre des bêtises à ton petit frère. Répliqua sa mère.
- Dis Maman ?
- Hum ? Répondit-elle alors qu’elle lavait les bols.
- Et si on allait au parc aujourd’hui ? Après tout c’est férié.
- Qu’elle bonne idée ! Une sortie en famille, ça faisait si longtemps !
Et ils le firent. Ils se retrouvèrent sous la neige de l’hiver, enchantant le cœur de Magnus qui s’amusait à attraper les flocons avec ses mains gantées.
Les filles prirent d’assaut la patinoire. Elles adoraient ça toutes les deux, passant leur temps libre à patiner sur le coin d’eau gelée de la demeure.
Servan n’était pas loin, veillant au grain. Il n’était pas très à l’aise contrairement à elle.
- Fais attention ! Lui ordonna-t-il.
- Ca va aller Papa ! Je gère !
- Et tu géras aussi si tu te casses une jambe ?
Elle le regarda avec un grand sourire avant de lui tirer la langue et repartir de plus belle.
Neeve pencha pour un sport un peu plus extrême et s’amusait en défiant les lois de la pesanteur. Il n’avait jamais réellement surfé, mais il s’éclatait, comme pouvait attester ses cris.
Ils retrouvèrent Tristan, par hasard. L’adolescent ne reconnut pas Audaline. Elle avait bien changé et de ce fait, ne pouvait s’empêcher de la dévisager.
- Franchement… Vous, les filles, vous changez trop facilement de visage !
- Que veux-tu ? La nature nous aime ! Lui sourit-elle.
Mais à trop chahuter, les deux cousins perdirent l’équilibre.
- Aïe, aïe… Ca va Audaline ?
Il n’eut comme réponse qu’un simple gémissement.
- C’est la honte. Se plaignit-elle.
- Bah, tu en verras d’autre !
- Sûrement pas ! Et puis, ça fait quand même mal, la glace…
- Je croyais que la nature vous aimer, vous les filles ? Taquina Trsitan.
Les heures passantes, Aèla décida qu’il était temps de rentrer. Tout du moins, pour elle et Magnus.
- Servan ?!
- Oui ?
- Je vais rentrer ! Le petit est frigorifié !
- Je n’entends rien ! J’arrive.
- Je disais qu’il était temps de rentrer. Magnus à froid et moi je suis fatiguée.
- D’accord, laisses moi le temps de réunir les filles et Neeve et…
- Non, je ne veux pas priver les filles de leur plaisir. La maison n’est pas loin, je peux rentrer seule.
- D’accord ma Chérie. Mais fais attention d’accord ?
- Bien sûr, dit-elle avec un sourire. Je t’aime. Conclut-elle en lui donnant un baiser.
Il regarda sa femme s’éloigner le sourire aux lèvres. S’il avait un jour imaginé sa vie, il n’aurait jamais imaginé qu’elle serait ainsi : parfaite. Sa femme l’aimait, il l’aimait, ses enfants étaient heureux et aimant. Lui, l’orphelin du futur avait enfin trouvé sa place.
Le temps fila à une vitesse folle, embarquant Servan dans son sillage. L’adulte était rentré depuis longtemps avec Othilie, laissant les adolescents au parc. Neeve croisa une vieille connaissance, leur cousine éloignée Lysa – La fille de Delphine- enceinte jusqu’au cou. Neeve était fasciné par la maternité, même s’il n’en disait rien à sa famille.
- C’est pour bientôt j’imagine ?
- Et oui, et il serait temps. Le petit pèse une tonne !
- Tu connais le sexe ?
- Non, on tient à garder la surprise.
Il profita de l’occasion pour prendre des nouvelles de la famille. Lysa lui raconta qu’Alfonzo, son frère, était père également d’un petit Rufus. Leur cousine Khadijah était à son deuxième enfant, prénommé Tibor. Bernadin –Petit fils d’Elias- venait d’avoir une petite fille nommée Sergia. Que Joëlle –fille d’Antoinette- était l’heureuse mère d’un petit Erwin. La famille s’agrandissait a vu d’œil. Mais s’il y a des naissances, il y a également des séparations. Bleuenn venait de quitter son mari et vivait avec un nouveau comagnon Jackie Fox à qui elle venait d’offrir une petite fille Délilah. Elle n’était pas la seule dans ce cas-là, les descendants de Corèus étaient un réel bazar concernant la famille.
Et si la joie était parmi eux, il y a toujours une note noire pour tâchée la partition. Un soir, la petite Maya s’en alla à son tour.
Elle rencontra la mort de nouveau, mais cette fois-ci, la dame en noire était là pour elle.
La chatte se laissa guider sans un mot, appâtée par ce jouet que brandissait la mort à la place de la faux.
Cela pouvait consoler la famille. La mort semblait parfois cruelle, mais avec les animaux, elle demeurait d’une patience infinie et douce, contrairement aux humains qu’elle fauchait à l’aide de sa faux. Les outils étaient différents et la méthode également, à croire que cette dame avait finalement un cœur.
Re: La Lignée des Vauganne
Episode 16 : Un jour comme un autre
- Spoiler:
On chantonnait un air entraînant et légèrement nasillard.
La belle Audaline aimait s’apprêter de bon matin tout en chantonnant devant son miroir.
Comme toutes adolescentes, elle découvrait ses nouveaux traits et était fascinée par cette nouvelle apparence. Et surtout elle ne se lassait pas de se regarder.
Même si parfois, de mauvaises surprises se glissaient sur sa peau.
Pour d’autre, la vie était loin d’être facile. Surtout de bon matin.
Et un simple brossage de dent était un tel supplice, un effort surhumain.
Pour d’autre, la vie était depuis longtemps éteinte et l’errance était un vrai bonheur lorsqu’on pouvait admirer sa descendance.
Et Aloyse adorait observer les enfants dans leur sommeil. Ou alors elle aimait profiter du fauteuil. Allez savoir…
L’heure arriva rapidement. Quelle heure ? Celle des obligations. Neeve, Audaline et Othilie s’empressèrent de rejoindre le bus tandis que Servan baillait en montant dans la voiture.
Et cela laissa seule Aèla et son fils Magnus. Le petit dormait encore. La nuit fut difficile et Aèla se traînait.
Ereintée, elle aussi, elle soupira en voyant l’état de son jardin. Elle qui aimait se ressourcer adolescente, elle avait abandonné l’idée d’un potager lorsqu’elle commença sa vie d’adulte. Mais un pommier résista toutes ses années et cela lui mis du baume au cœur.
- Maaaammaaaannn !!!
Cela résonna dans toute la maison. Si les murs avaient des oreilles, ils seraient les premiers à se les boucher.
Mais il y en a une que ça ne gênait guère. Notre Léviotha se toilettait tout en lançant un regard vide sur Magnus.
Chose qui ne plut au bambin qui faisait la moue.
Le soir arriva rapidement. Alors qu’Audaline terminait ses devoirs, les hommes de la maison entreprirent de se restaurer.
- Franchement Neeve…
- Quoi encore ?!
- Tu pourrais te nourrir plus sainement.
- e t’en pose des questions ? Est-ce que je te dis quelque chose sur ton maquillage ? Non. Alors laisses moi tranquille et retourne à tes devoirs ?
- ’es pas drôle Neeve… Moi je disais ça pour toi. Audaline retenait ses sanglots.
- Neeve, qu’est-ce que tu as en ce moment ?
- Je vois pas de quoi tu parles P’pa…
- Si, tu le sais très bien. Tu es acerbe, tu t’en prends à tes sœurs et tu desserres rarement les dents.
L’adolescent haussa les épaules et plongea son regard dans sa glace. Servan et Audaline se regardèrent, impuissant.
Si Neeve était morose, la petite Othilie bataillait avec ses leçons.
- Je te jure Maman ! C’est pas bon !
- Je dois être rouillée, mais je comprends rien à ton exercice ma chérie…
- Ça se voit, Maman...
Cela fit pouffer Aèla, rapidement rejoint par Othilie. Aèla répondait à côté à chaque question.
Une autre matinée. Audaline avait pris le temps de se laver et de s’habiller, trainant les pieds comme à son habitude.
Une fois son bol de céréales englouti, l’adolescente entreprit d’aider dans la maison. Et pour se faire, elle entama la corvée en vidant le pot de son petit frère.
- Comment un si petit truc peu puer autant ?!
Othilie profitait de ce samedi pour aller chez un ami.
Amin était un garçon amusant et vivant. Othilie aimait beaucoup ça en lui. Elle était même secrètement amoureuse de lui. Alors, lorsqu’il l’invita chez lui, la petite tanna ses parents des heures durant, les obligeants à accepter.
Un soir, alors que tout le monde dormait, Aèla et Servan profitait d’un moment à deux.
- Le petit dort enfin ?
- Magnus est un peu perturbé en ce moment. Dit la femme.
Elle se cala cotre son mari qui l’entoura de son bras.
- Ce n’est pas grave, ma Chérie.
- Je sais, mais ça ne m’empêche pas d’être inquiète.
- Je connais un bon moyen pour oublier tout ça, ma belle. Dit Servan, enjôleur.
Cela arracha un petit rire de sa femme qui sans se faire prier le laissa l’embrasser.
Ils jouèrent un long moment sous la couette, s’aimant comme au début, oubliant le poids de l’âge et les soucis des années, leur cœur et leur corps se réclamant l’un l’autre.
- Merci mon amour.
- De quoi ? Demanda Servan ensommeillé.
- Pour tout… De m’aimer. Pour m’avoir offert de telles merveilles.
Il lui prit la main et la regarda amoureusement.
- Il n’y a rien à remercier, mon cœur. Tu es pour moi le beau des présents. Tu es comme un coffre empli de pierre précieuse, qui sans cesse m’offre d’autres merveilles.
Re: La Lignée des Vauganne
Episode 17 :Du cocon au papillon
- Spoiler:
Parfois, on avait de drôle petit-déjeuner. Ma grand-mère aimait prendre part à notre vie de famille. Elle et Maman discutaient, se remémorant le temps d’avant.
Plus tard, alors que je discutais avec elle, ma mère a commencé à agir bizarrement.
Pour filer sans attendre, en courant à travers la maison.
Ce qu’elle y fit ? Hum, à en juger les bruits à travers la porte, je dirais que le pancake ne passa pas.
Et lorsque je voulu prendre de ses nouvelles, ma pauvre mère se contenta d’un simple sourire, comme ennuyée.
Je n’ai guère insisté. Après tout, c’était elle l’adulte, et si elle voulait parler, elle le ferait. Ma mère était une personne franche. J’ai alors changé de sujet et lui ai demandé de m’apprendre à conduire.
Chose qu’elle accepta, bénissant presque mes propos.
Audaline était obsédée par sa ligne dernièrement. On eut beau lui dire qu’elle était très bien, elle ne voulait rien entendre.
Elle entama alors une journée jogging. Je sentais qu’on n’allait pas en finir de l’entendre se plaindre d’une quelconque courbature pendant les jours qui suivront.
Magnus évoluait dans son coin, ponctuellement aidé par mon père, quand ce n’est pas ma mère. Le petit aimait beaucoup la compagnie et était plaisant. Bien plus que mes petites sœurs à son âge.
- Tu es sûre que ça va ?
- Mais oui ! Enfin j’ai l’air mourant ?! S’insurgea Aèla.
- Je m’inquiète Maman… C’est tout. La dernière fois que je t’ai vu vomir c’était pour Mag…
- Oui, je suis enceinte Neeve.
- Encore ? Mais Maman ça peut être dangereux !
- Tu me traite de vieille ? Dit Aèla sur le ton de la plaisanterie tout en lui donnant une légère tape sur le haut du crâne.
De retour à la maison, alors que les adolescents vaquaient à leur occupation, Servan observait avec intérêt la cafetière.
La tasse prête, il se retourna et entendit que l’on toquait à la porte. Il alla ouvrir et découvrit sur le pas de la porte son beau-frère.
Ils n’eurent guère le temps de se saluer que la petite Othilie sautait déjà au cou de son oncle.
- Doucement voyons ! Petite sauvage. La réprimanda gentiment Anthelm. Honteuse, la petite se retira. Tout le portrait de sa mère cette petite : tout aussi brutale !
Cela arracha un rire à Servan alors qu’Othilie abreuvait de question son oncle.
- Dis, dis Tonton Anthelm ? C’est vrai que Tristan est vieux maintenant ??
- C’était l’anniversaire de Tristan ? S’étonna Servan.
- Petite canaille ! Si ton cousin est vieux, qu’est-ce qu’on est avec ton père ?
Consciente de sa maladresse, elle baissa la tête. Son oncle lui ébouriffa les cheveux et la petite retrouva le sourire. Elle laissa enfin les adultes entre eux.
- Si on avait su, on serait venu.
- Ne t’en fais pas Servan, le petit avait d’autre plan. Dit-il avec un clin d’œil. Bon… Où est ma petite sœur préférée ?
Servan rit à son tour et appela sa femme qui s’occupait de Magnus. Lorsqu’elle vit son aîné, elle ne put s’empêcher d’hurler et de s’élancer à son cou.
- Telle mère, telle fille… Soupira Anthelm.
Les deux hommes rirent, laissant dans la brume Aèla.
- La limousine ?! S’écria Audaline en entendant les coups de klaxon.
Ni une, ni deux, les deux adolescents s’élancèrent dans la maison.
- Moi aussi j’aurais voulu aller au bal…
- Tu y iras ma chérie. Quand tu seras plus grande.
- Mais c’est mon anniversaire ce soir…
- Je sais ma grande. Mais je suis sûre que l’école en organisera un nouveau bientôt.
Le bal du l’école. Audaline était excitée comme une puce depuis son annonce, et Neeve un peu stressé. Il avait rendez-vous avec une camarade de classe et attendait beaucoup de ce moment. Contrairement à lui, Audaline n’avait aucun cavalier, mais comptait bien sur cette soirée pour faire part de ses sentiments à un jeune homme. Qui ? Elle ne le savait encore.
Le soir arriva rapidement. Il était l’heure des anniversaires. Des ? Oui, car Othilie n’était pas la seule à évolué ce soir, Magnus était également de la partie.
Et c’est une nouvelle tête blonde qui fit son apparition. Il ressemblait beaucoup à son père, le petit Magnus.
Et sans autre cérémonie, Othilie suivit le pas. Dansant comme ses aînés…
… La chenille s’extirpa de son cocon afin de montrer ses magnifiques ailes.
Laissant un père stupéfait de bonheur et de fierté.
Le bal était terminé et les enfants rentraient sans un bruit.
- Alors mon grand ? Tu t’es bien amusé ?
- Ouais, c’était sympa. Mais je suis claqué.
- Bonne nuit alors. Oh Neeve ? L’adolescent regarda sa mère alors qu’il tenait la poignet de la porte. On a installé ton frère dans ta chambre, alors ne fais pas de bruit.
Il salua sa mère d’un hochement de tête et pénétra dans la pièce.
En effet, l’asticot qu’était son frère dormait à poing fermé dans un super lit. Malgré lui, Neeve fut jaloux. Puis secoua la tête en soupirant. L’heure n’était pas à la jalousie, mais au sommeil. Il défit son costume et enfila son pyjama avant de se glisser sous les draps.
Re: La Lignée des Vauganne
Episode 18 : La journée de l'amour
- Spoiler:
Le printemps… Une saison remplie d’espoir ou tout revis. Fleurs et oiseaux étaient au rendez-vous.
Tout comme Neeve, qui retombait en enfance en cherchant des œufs dans le parc.
- Hé Neeve ?!
Cette voix, il ne l’a connaissait que trop bien. C’était celle de sa cousine Rozen.
- Salut ma belle ! Quoi de neuf ?
- La routine. Tu fais quoi ? Lui demanda-t-elle alors qu’il regardait le sol.
- J’ai promis à Magnus de lui ramener un super œuf.
- Et bien, t’as de l’espoir, mon vieux.
Ils restèrent un bon moment à discuter de tout et de rien. Surtout de rien en fait car la belle Rozen monopolisait la conversation et n’arrêtait pas d’épiloguer sur le récent bal du lycée et y vanter les qualités de son cavalier et « chéri d’amour ».
Non, les rôles n’étaient pas inversés. Au contraire même, Servan apprenait avec sérieux à sa fille chérie.
- Et là, tu freines légèrement afin de vérifier s’il n’y a personne.
Audaline adorait son père, mais il était trop prévenant.
- P’pa… Pourquoi ta voiture de fonction. Y’a plus discret quand même.
- On prend ce que l’on a.
- Mais Maman est à la maison, l’autre voiture est disponible.
- Ma voiture est plus fonctionnelle !
Ce dernier argument mis fin au débat. Elle gonfla une de ses joues puis soupira, exaspéré. Cela fit soupirer son père à son tour.
- Merci Papa ! Tu peux y aller maintenant !
Artème fixa sa fille. La petite avait son franc parlé et était assez débrouillarde. Il lui sourit avant de saluer le petit Magnus. En cette journée de l’amour, ils avaient convenu avec Aèla de se voir.
- C’est une très bonne idée d’avoir amené Karyne.
- C’est la petite qui a insisté. Enfin, je veux dire…
Cela fit sourire Aèla. Le petit Artème avait beau être adulte, il restait maladroit.
- Allons Artème, venir nous voir est un fardeau ? Dit-elle avec un sourire. Cela le fit rire à son tour.
- Désolé, mais tu sais comment sont les enfants. Et j’ai pensé qu’il serait bon pour elle d’avoir des amis de son âge, comme pour Magnus.
- C’est vrai que mon bébé reste qu’avec les plus grands.
- Mais à ce que je vois, ce n’a dura pas longtemps.
- Oh tu as remarqué ?
- Difficile de faire autrement. Ton ventre s’arrondit bien.
Cela accentua le sourire de la future mère. Elle invita ensuite Artème dans le salon afin de mieux s’installer pour discuter.
- Non mais tu t’es vu ?
- Quoi ? Qu’est-ce que tu me veux encore Helga ? S’indigna Neeve.
- Ce que je veux ? Je te surprends à discuter comme une midinette avec cette fille toute la journée.
- Quoi ? Mais tu t’es vu Helga ?! C’était Rozen, ma cousine !
- Ta cousine ? Mais t’es dégueulasse ! Tu joues dans l’inceste ?
- Oh ? Tu connais le mot inceste ? C’est bien ! Tu fais des progrès !!
- Excuses toi.
- Non.
- Non ? Répéta l’adolescente.
- Oui, tu as bien entendu. J’ai dit « Non ». Je vais pas m’excuser pour avoir discuté avec ma cousine.
- Neeve, si tu fais ça c’est fini entre…
- Et bien c’est fini ! Voilà ! Ce fut une erreur de nous mettre ensemble Helga.
- Non… Neeve… Je
- Je rien du tout ! Tu es insupportable, colérique, jalouse et surtout stupide !
- Mais je t’aime …
- Pas moi. Maintenant dégage si tu ne veux pas que j’en vienne aux mains.
La jeune fille le regarda un instant, ses yeux ondulaient de larmes puis elle fila à toute allure tout en pleurant. Helga n’était pas une méchante fille, mais elle n’était bon de l’avoir que comme amie.
La nuit était là depuis longtemps. Audaline rentrait juste de sa leçon de conduite. Exténuée, elle avait sommairement espéré trouver un bon repas mais elle ne trouva qu’une mère ronflant sur le canapé. Elle avait alors soupiré et s’était mis à la tâche.
Le repas se passait dans le calme. Comme tous les soirs, ils tentèrent de se restaurer en famille.
- Bien dormi ma chérie ? Demanda Servan lorsqu’il aperçut sa femme.
- Pas vraiment…
- Maman, tu crois que c’est raisonnable cette grossesse à ton âge ? Intervint Audaline.
Cela fit s’étouffer Servan. Sa fille venait d’exprimer tout haut ce que le reste de la famille pensait tout bas. Aèla avait vécu quatre grosses avant celle-ci, il était heureux d’avoir un autre enfant, mais lors du dernier accouchement, le médecin avait bien précisé que si elle réitérait l’expérience, elle serait complexe et dangereuse.
- Tu t’aventures dans une zone dangereuse. Dit simplement Neeve à l’adresse de sa sœur.
- Mais en quoi c’est dangereux de s’inquiéter pour sa mère. C’est vrai ça ?! Maman, reconnais le ! Tu n’es plus toute jeune.
- Je te prierais de bien vouloir me respecter Audaline.
- C’est pas ce que je voulu dire Maman.
- Je sais très bien, ma chérie. Mais il va te falloir travailler ton tact. Bref ! Je suis ta mère et si nous voulons d’un autre enfant avec ton père, c’est notre problème.
- Compris… Soupira l’adolescente. Mais ça ne m’empêche pas de penser que c’est de la folie.
Audaline avait prononcé ces mots le cœur lourd. Elle se leva de table et fila dans sa chambre sans demander son reste, laissant derrière elle un silence de mort. Aèla savait bien que sa fille n’était pas méchante et que ses propos étaient tenus par inquiétude, mais de là à la traiter de vieille…
- Est-ce que ça va ?
Plus tard, dans la soirée, les deux parents se retrouvèrent devant la télévision. Personne n’avait décroché de mot à la suite du repas, vaquant à leur occupation respective. Servan avait cherché sa femme dans toute la maison après avoir couché Magnus. Et il la trouva dans le salon, devant la télé.
Mais elle ne lui donna réponse. Ils restèrent un long moment dans le silence.
- Tu crois que je suis une mauvaise mère … ? Demanda Aèla d’une petite voix.
- Ma chérie ! Comment peux-tu penser ça de toi ?
- Audaline a raison… Cette dernière grossesse n’est pas raisonnable. Et je le ressens.
Il se leva et fit face à son épouse. La blonde avait les yeux brillants, à deux doigts de pleurer. Il posa une main sur son épaule et la fixa droit dans les yeux.
- Tu m’as offert quatre merveilleux enfants mon amour. Cet enfant ci sera encore plus merveilleux. Je t’interdis de dire que tu es une mauvaise mère. Est-ce que nos enfants sont malheureux ?
- Non… Je ne pense pas.
- Est-ce qu’ils sont dans le besoin. Elle fit signe que non. Alors tu es une mère merveilleuse, aimante et présente.
Elle lui sourit tout lui plaçant une main sur le visage de son époux. Elle amena son visage vers le sien et l’embrassa tendrement.
Servan était merveilleux. Il l’avait bien fait souffrir au début de leur relation, mais elle savait au fond d’elle-même qu’il serait le seul et l’unique. Sa moitié éternelle.
- Je t’aime tant mon amour. Lui dit-elle dans un souffle.
Il la fixa amoureusement puis l’embrassa de nouveau.
Servan alla se coucher, travaillant le lendemain. Aèla n’était pas réellement fatiguée. En fait si, mais elle savait que le sommeil ne viendrait pas. Elle resta alors un bon moment devant un film puis voyant Minuit sonner, elle éteignit l’écran et sortit de la pièce. C’est alors qu’elle entendit de la musique. En entrant dans l’entrée, elle découvrit sa fille qui jouait de la guitare. Elle n’était pas particulièrement douée, mais sa musique était douce.
- Dites-moi, Mademoiselle, il ne serait pas l’heure d’aller au lit ?
Audaline termina ses derniers accords puis accorda un regard à sa mère. Elle s’attendait à trouver un regard furieux, mais elle ne rencontra qu’un immense sourire chaleureux. Ce même sourire qui l’accueillit le jour de sa naissance, qui la réveille tous les matins et qui lui dit combien elle l’aime.
- Tu as raison. Mais ce qui vaut pour moi, vaut pour toi.
Mais la blonde n’était pas encline aux excuses. Elle se mordit l’intérieur de la joue lorsqu’elle dépassa sa mère. Elle se savait cruelle mais elle était comme ça. Sans un autre mot, elle franchit la porte de sa chambre laissant sa mère derrière elle. Etait-elle heureuse ou triste ? Elle n’osa regarder derrière elle.
Re: La Lignée des Vauganne
Episode 19 : Encore ?!
BONUS
BONUS
- Spoiler:
Bienvenue dans la nouvelle demeure Vauganne.
Les finances n’étant pas au beau fixe et la famille étant nombreuse, nous avons décidés de raser les murs et refaire une maison.
Plus petite, plus condensée mais surtout plus accessible. Ce qui est le reflet de notre famille.
Tout autour de la maison vous pourrez trouver une coursive. Nous avons choisi un revêtement en pierre dans les tons clairs afin de donner une certaine fraîcheur à la bâtisse.
Voici donc l’entrée, couverte par un toit légèrement en pente.
Continuons avec la visite de l’extérieur. En continuant la coursive, vous trouverez une modeste cour qui permet relaxation et jeu.
Cette même coursive permet l’accès au garage qui est lui-même lié à une pièce –vide pour le moment faute de moyen et d’idée.
Une autre vue de la cour, montrant l’étendue de la propriété.
Nous pouvons désormais pénétrer dans la maison. Voici donc l’entrée principale : un vestibule permettant l’accès aux pièces communes de la maison. A droite de l’image, le salon, derrière nous, la cuisine, et en face le coin lecture.
Ce coin lecture que voici menant à un couloir.
Couloir qui désert les chambres de la maison.
Le salon. On a préféré garder nos meubles car ils étaient en très bon état.
La salle à manger qui jouxte une salle de bain et la cuisine. Il y a même un accès pour la cour.
Et enfin la cuisine.
Voici la chambre d’enfant. Dans les tons jaune et vert car c’est très dynamique, que le vert apaise et le jaune stimule la créativité.
En face, se trouve la chambre parentale.
Ensuite, la chambre des filles, qui ont bien voulu partager une même chambre. Elle répond aux exigences des filles concernant le code couleur : Rose et jaune.
La dernière chambre, celle de notre aîné qui, malheureusement, est un peu négligé, faute de moyen.
Et la dernière pièce de la maison, une des deux salles de bain. Celle qui est le plus aboutie, tout du moins.
Une autre vue de cette même pièce.
- Spoiler:
Le temps a passé et le ventre d’Aèla grossissait à vue d’œil. La future mère n’en pouvait plus. Ses nuits se réduisaient à des heures et son dos la faisait affreusement souffrir.
Cependant, elle tirait du bonheur dans son malheur. Elle n’avait eu aucune complication jusque-là, alors que son médecin lui avait prédit le contraire.
Mais Aèla se reposait beaucoup, faisait peu de chose et pas longtemps. Ses enfants l’aidaient souvent dans les tâches quotidiennes. De bonne grâce la plupart du temps.
- Marre d’être le larbin.
- Dis Neeve ?
- Hum ?
- Tu sais où est passée Audaline ?
L’aînée regarda sa cadette. Non il ne savait pas où était passée benjamine. Audaline avait une tendance à ne pas rentrer directement après les cours. Il soupira. En fait, il savait très bien où elle se trouvait.
- Elle me manque un peu… On se retrouve rarement en famille.
Chose que Neeve approuva. Ses parents trop occupés à s’occuper de leurs enfants ne prévoyaient jamais de sortie en famille. Ils étaient toujours confinés chez eux. Lui il commençait à saturer, tout comme Audaline. Et elle avait pris son envol depuis longtemps. Pourquoi les avait il fait se rencontrer…
Plus loin dans la ville, Audaline badinait. La blonde ne pouvait s’empêcher de sourire bêtement devant lui. Ce garçon était son idéal : beau, drôle et gentil. Mais elle resta intimidée. Elle ne pensait qu’elle serait le genre amoureuse timide.
Et pourtant Nordine la rendait nerveuse et à la fois si heureuse. Ce garçon était le meilleur ami de Neeve, et l’adolescente avait insisté auprès de son frère pour qu’il lui présente le soir du bal. Le simple son de voix envoûta la belle, qui depuis ne jure que par lui.
Oui, la petite Audaline avait subi le coup de foudre.
- C’est quand qu’il arrive ?
- Qui ça mon grand ? Demanda Aèla.
- Ben mon petit frère ?!
- Tu sais Magnus, c’est pas forcément un garçon. Dit simplement Othilie.
- Mais moi je veux un petit frère ! Se plaignit Magnus.
- Si seulement… Y’en a marre des filles… Surenchérit Neeve.
- Comment ça ?! S’indigna Othilie. On est pas trop nombreuse !
- Doucement les enfants. Intervint Servan. Viendra ce qui viendra.
- Ouais, c’est ça… Je sais pas pourquoi mais j’ai l’impression de me faire enfler. Dit Neeve. P’pa je suis sûr que tu connais le sexe de l’enfant !
- Avec ta mère, on veut garder la surprise.
- Pff ! Je te crois pas.
Plus tard dans la soirée, les adultes profitaient d’un de leur rare moment à deux.
- Qu’est ce qui te fait sourire ainsi ? La question accentua le sourire de la dame.
- C’est Neeve, il me fait rire.
- Ah avec son idée qu’on lui cache des choses ?
- Tout à fait ! Il a du flair.
- Il a de qui tenir. Répliqua Servan.
Cette réponse fit sourire de nouveau Aèla.
- En tout cas, j’ai hâte que ce bébé arrive.
- Et moi donc… Ça pèse lourd.
- Plus que quelques jours mon amour.
- Je suis sûre que cette petite ravira tous les cœurs de cette famille.
- Même Neeve le récalcitrant ?
- Lui, le premier. Plaisanta Aèla.
Les adultes s’embrassèrent avant de se séparer. Ce qu’ils ne surent ce fut que Magnus était encore debout, malgré l’heure tardive, affairé à ses devoirs. Le petit n’avait perdu aucune miette de la conversation. Ainsi donc il allait avoir une petite sœur ? Pfff, c’était trop nul…
Peu de temps après, alors qu’Aèla s’occupait des poubelles, elle fut prise de douleur. Le travail commençait.
Les hurlements de sa mère attira Magnus, qui paniqué, hurlait également.
- Va prévenir ton père !
Ce qu’il fit sans attendre. Il courut jusqu’à la chambre tout en hurlant après Servan.
- Qu’est-ce qu’il se passe… ? Demanda Servan tout en se frottant les yeux. Tu as fait un cauchemar ? S’enquit il en voyant son fils.
- C’est maman ! Vite, dans la cuisine ?!
Cette simple phrase remit les idées en place à Servan qui sans attendre enfila un pantalon, pris le sac d’Aèla et fila vers sa femme.
Ils filèrent rapidement vers l’hôpital, laissant des consignes à leurs enfants.
Les oiseaux pépiaient, au petit matin. La nuit fut courte, pour les deux adultes. Servan s’éveilla et trouva sa femme en pleine contemplation.
- Comment va notre merveille ?
- Elle va bien. Répondit Aèla tout en se penchant sur le berceau.
- En tout cas, elle a de la voix…
- Elle fera peut-être une belle carrière de chanteuse ?
- Une artiste dans la famille, ça changerait de tous ces esprits scientifiques.
- N’est-elle pas magnifique notre petite Léonie ? Dit Aèla en offrant le biberon à sa fille.
- Elle l’est ma chérie.
Servan pris sa femme par la taille et caressa amoureusement le visage de sa fille. Ils étaient les heureux parents d’une petite fille en pleine santé.
Dernière édition par Sleio le Sam 12 Avr - 17:04, édité 1 fois
Re: La Lignée des Vauganne
Episode 20 : Premier Pas
- Spoiler:
Il pleuvait ce jour-là. Il pleuvait fort même, mais cela n’empêchait guère Aèla de prendre soin de leur unique pommier.
Tandis que ses aînés, ainsi que son époux, profitaient de la chaleur du foyer.
- Dis ?
- Quoi ? Répondit avec hargne la blonde.
- Tu aurais pas quelque chose de plus intelligent à regarder ?
- Je t’en pose des questions ? Répliqua sa sœur. C’est pas si mal.
- Attends ! Regardez des guignols s’insulter à longueur de journée avec des secrets tout foireux, qui jouent super mal et qui en plus parle comme des… Y’a même pas de mots pour définir ça tiens !
Sentant le ton monter, Servan se leva et quitta la pièce, laissant la surprise à son épouse de trouver les deux adolescents à couteau tirés.
- T’es nul Neeve ! Franchement, en quoi ça te gêne ?
- Ce qui me gêne c’est que ça abrutit les gens au plus haut point. La télé nous vend de la me**e en paquet de dix et personne ne voit rien.
- Allons mon chéri… Ne soit pas si catégorique. Tenta d’apaiser Aèla. C’est du divertissement.
- Maman, tu cautionnes ça ? Franchement… On peut se divertir intelligemment quand même !
Et un long débat s’instaura dans le salon.
Il y a certains matins où l’on aimerait rester auprès de Morphée afin de parfaire notre compétence du sommeil.
- Punaise ! Léviotha, t’exagères !
Mais la nature en décidait autrement, parfois. Trop souvent au goût de l’adolescent.
Alors afin d’oublier ses tracas matinaux, il profitait du beau temps de l’été, en compagnie de son unique petit frère. Au moins il était loin de ses agaçantes sœurs.
En parlant d’elles, en voici une qui profitait de l’été à sa manière.
Audaline avait un rendez-vous avec son cher Nordine. L’adolescent était légèrement en retard, mais amoureuse qu’elle était, la belle n’en prit pas ombrage.
Enfin, cela ne l’empêcha guère de jouer la fille peinée. Le jeu était son atout, après tout.
- Allons, ma belle, commença le brun en lui prenant la main, ne fais pas cette tête.
- Désolée, je sais que je ne devrais pas mais…
- … Tu m’as manqué, Nordine. Affreusement…
- Ah ouais ?! C’est cool ?!… Euh je veux dire : pardon.
Mais Audaline ne l’écoutait déjà plus. Son esprit était ailleurs, tout comme son cœur, elle ne voyait que les lèvres tentantes de ce jeune homme.
Sans lui laisser le temps d’aborder un autre sujet, elle posa ses lèvres sur les siennes, lui offrant un infime baiser, léger et délicat, timide comme l’aime souvent les hommes. Elle aguichait et elle le savait, bien que ce fusse son premier baiser. La belle Audaline s’était bien renseignée sur la chose auprès des copines du lycée.
-Je… Waouh… Dit simplement Nordine alors qu’Audaline le dévorait du regard.
- Laisses moi parler, s’il te plait. Nordine, ça va te paraître bien bête mais je t’aime et ce, depuis que je t’ai vu. Est-ce que je peux espérer la même chose de toi ?
Sans un mot, il l’embrassa à son tour. Délicatement, elle lui répondit de la même façon.
Dans la soirée, alors qu’Aèla revenait d’une fête organisée par son cousin Dilan, elle discutait avec son aîné. La conversation était légère. Mais l’heure tardive et la nuit commençait à échauffer les nerfs de la mère.
- Où es ta sœur… Franchement, elle exagère.
- Maman, ce sont les vacances et elle n’est pas toute seule.
- Comment ça « Pas toute seule » ?
- Oui, elle est en bonne compagnie, si tu préfères.
- Un garçon ?!! Cri t’elle, horrifiée.
- M’man, c’pas la peine d’en faire tout un plat, elle est assez grande pour sortir avec quelqu’un et pis, mon petit doigt me dit qu’elle a conclu aujourd’hui. Termina Neeve après avoir regardé son téléphone.
- Non mais tu t’entends ?! Le premier qui touche à mon bébé…
- Pas conclure dans ce sens-là, M’man ! … Mais en fait, t’es qu’une perverse ! Se moqua gentiment l’adolescent.
Sans attendre, la blonde commença par tapoter sans grande conviction son fils, ce dernier riposta avec un cousin. S’ensuivit une escarmouche de coup et de plume, arbitrait par un Servan désabusé.
Audaline rentra plus tard, sous la pluie et le cœur battant. Elle se savait en retard, mais elle s’en fichait, car elle était amoureuse. Cependant, même si elle s’attendait à un sermon de la part de ses parents, elle ne s’attendait pas à un pareil accueil. Sa mère lui reprocha son immaturité pour rentrer si tard dans la nuit. Et si, elle attendait plutôt ces propos par son père, elle trouva ce dernier renfrogné et lui, lui reprocha de sortir avec un garçon. L’adolescente soupira en se disant « Ah les parents… »
Mais ce soir-là, il y avait plus important : l’anniversaire de Léonie. Comme si elle avait attendu son aînée, la petite commença sa transformation.
Et devint une jolie petite bambine aussi blonde que son père, arborant les yeux verts de son arrière-grand-père Elven.
Les jours ont passés, la vie continuant son cour, comme une rivière bien trop tranquille. Aèla et Servan avait enfin digéré l’annonce d’Audaline concernant Nordine, même s’ils émettaient certaines réserves à son encontre.
La petite Léonie grandissait et s’épanouissait doucement.
Pouponner ainsi lui donnait envie d’avoir un dernier enfant. Mais les vieux jours approchant, elle tentait de se convaincre que c’était dangereux. Sa dernière grossesse l’avait exténué, et elle repensait à sa première grossesse, celle où elle attendait Neeve. Elle fut éprouvante mais pour d’autres raisons, mais elle fut de tout repos physiquement parlant, comparée à celle-ci.
Ce fut à regret qu’elle abandonna l’idée de d’autres enfants. Elle avait cinq, cinq merveilles qui remplissaient ses journées de joie et de sourire.
Qui était-elle pour défier le cour du temps et de mettre autant à l’épreuve ce corps que ses parents eurent l’obligeance de lui mettre à disposition ?
Re: La Lignée des Vauganne
Episode 21 : A l'aube d'un nouvel âge
- Spoiler:
Les arbres se teintaient d’orange et d’or annonçant avec fierté et bonheur l’arrivée de l’automne.
Et cette saison avait un drôle d’effet sur certain aïeuls.
Si Kahei déambulait dans la propriété, visitant chaque recoin, Aloyse, elle, profitait du panier de basket qui trônait dans la cour.
Après l’effort, le réconfort.
La vie reprenait son cour, laissant aux morts la joie de retourner dans leur tombe et aux vivants de jouïr de leur intérieur avec sérénité.
Enfin pas temps que cela. Pauvre Aèla, être mère au foyer signifiait également devoir affronter les tâches les plus ingrate.
Si certain entretenait l’intérieur, d’autre se reposait avec joie. Neeve n’avait pas cours ce jour-là.
- Neeve ! Va lever ta sœur s’il te plaît !
- M’man tu peux pas le faire ?
- Je suis au téléphone ! Tu peux aider de temps en temps non ?! Commençait à s’énerver Aèla.
L’adolescent referma son livre, tout en soupirant, leurs souffles soulant les cheveux noirs du garçon. A chaque fois c’était pareil, dès qu’il était à la maison, sa mère l’exploitait.
Il entra alors dans la chambre parentale, le pas lourd, signifiant bien à sa mère qu’il n’avait aucune envie de le faire. Mais lorsque la petite Léonie le vit, son sourire s’agrandit. Elle babilla tout en tendant les mains vers son grand-frère adoré.
- Alors petit Monstre on est sage ?
- ‘Eeve ! S’extasiait le monstre en question.
- Neeve… Répète après moi Léonie : Nee-veuuh.
- Ni euuh ? L’adolescent secoua la tête.
- C’est pas bien grave, un jour tu y arriveras. En attendant… Il respira profondément. Il va falloir changer ta couche ! Pouaah t’es vraiment pas un cadeau Léonie.
La petite riait alors que son frère bougonnait. Neeve était le premier à râler mais s’occuper de la petite ne l’embêtait pas plus que ça. Au contraire, elle était un ange qui riait et souriait tout le temps.
Il confia la petite à sa mère, changée et repue. Aèla le gratifia d’une bise sur la joue. Le jeune homme pesta, prétextant qu’il avait passé l’âge et alla se réfugier dans le jardin. Il avait entreprit de lui rendre de sa splendeur.
Et bien qu’il plut des cordes, il aimait être dehors sous les feuilles, à bichonner les plantes.
Un peu plus tard, à l’intérieur, Aèla s’occupait de l’apprentissage de sa dernière. A l’instar de ses aînés, la petite adorait apprendre, trouvant les exercices drôle et divertissant.
Servan rentra du travail au même moment et découvrit ce beau spectacle. Il sourit tout d’abord, légèrement appuyé au chambranle de la porte. Lorsque sa femme le remarqua enfin, elle lui sourit. Sourire qu’il s’empressa de lui rendre. Mais le regard aimant d’Aèla devint taquin. Cela lui fit hausser un sourcil.
- Bonjour Chéri. Ta journée s’est bien passée ?
- Assez bien… Répondit-il, un peu méfiant.
- Bien alors tu n’es pas fatigué ?
- Euh non, pas vraiment… Pourquoi ?
- Tu vas pouvoir vider le pot alors ! Il allait protester mais la blonde coupa court à ses arguments. Servan, je suis d’accord pour m’occuper de la maison et des enfants mais aides moi un peu s’il te plait. J’ai encore l’anniversaire de Neeve à préparer.
- C’est ce soir ?
Elle lui indiqua que oui. Son fils allait enfin être adulte, et plus responsable. Son aîné n’était pas un mauvais garçon mais il rechignait bien trop souvent à la tâche. Cela fit sourire Servan qui, malgré sa réticence, s’attaqua à la tâche que sa femme lui confia.
- Ça va Aèla ? Dit-il alors qu’il se relevait de pot. Tu n’as pas l’air bien…
- Si, si. Tout va bien, chéri. Juste un peu nostalgique… Mon bébé va grandir et j’ai l’impression qu’il est né hier.
L’homme ne put qu’acquiescer. Il n’avait pas assisté à la naissance de Neeve, arrivant trop tard du futur. C’était assez drôle, n’est-ce pas ? Ne pas connaître le passé alors qu’on est un habitant du futur… Cela fit sourire Servan qui reprit sa corvée, le sourire aux lèvres.
- Dis Papa… Je peux te parler ?
- Ça te dérange si je fais de l’exercice en même temps ? L’adolescent lui fit signe que non. Qu’est-ce qui te tracasse mon grand ?
Neeve se mit à sa hauteur, la mine un peu basse. Servan avait bien que son fils n’était pas au top de sa forme.
- Je sais pas trop…
- Tu t’interroges sur ton avenir ?
- Il y a de ça, bien sûr. Mais mon ambition de devenir scientifique n’a pas changé. Non c’est autre chose…
- Les filles ? Demanda Servan, un petit sourire aux lèvres.
- Peut-être… Papa… A quoi voit-on si l’on est amoureux ? Comment sait-on si l’on préfère les hommes aux femmes ?
La question parut estomaquer le pauvre Servan. Il s’attendait à une conversation entre père et fils classique sur les choses de l’amour et les filles. Il le prenait au dépourvu et Neeve le vit. Il baissa de nouveau le regard, silencieux. Servan soupira, arrêtant ses exercices. Il déposa une main bienveillante sur l’épaule de son aîné.
- Neeve, il n’y a aucune honte à aimer les hommes.
- Je sais Papa ! Je sais tout ça ! S’emporta-t-il. Mais j’aimerais savoir pourquoi je n’arrive à m’intéresser ni à l’un, ni à l’autre.
Cette réponse fit sourire Servan, un peu dépité.
- Ce genre de question est normal, tu sais ?
- Toi aussi ?
- Non… Moi ce fut différent… Je t’ai déjà raconté comment j’ai rencontré ta mère ?
Neeve lui indiqua que non ce qui étonna Servan, mais après tout, avec Aèla, ils avaient décidé de taire les origines de Servan.
Maintenant Neeve était assez grand pour les entendre. Servan entama alors le long récit qu’était l’amour qu’il portait à sa femme, sous le regard brillant de son fils.
La nuit arrivant bientôt, Neeve retrouva Audaline en pleine bataille contre la guerre Froide. Cela le fit sourire malgré lui, car d’ici quelques heures, il serait définitivement débarrassé de cette corvée.
- J’en peux plus… Se plaignit la blonde.
- Allons, c’est pas si terrible l’histoire !
- Tu dis ça, mais t’étais pas plus joyeux que moi lorsque tu devais le faire.
- C’est pas faux…
- Qu’est-ce que je donnerais pour être à ta place !
- On a pas tant d’écart. Bientôt tu seras majeure toi aussi… Au fait, Audaline ?
- Hum ? Fit-elle sans vraiment être attentive, plongée dans son manuel.
- Tu comptes te marier avec Nordine ?
Elle le regarda avec deux grands yeux. C’était la plus belle de l’année, celle-là !
- J’en sais rien !? Tu me poses de ces questions… Pourquoi… Nordine t’en a parlé ?
- A moi ? Noonn…
- Oh Allez ! C’est ton meilleur ami, et moi je suis ta sœur ! Tu peux me le dire.
Elle s’agrippa à son aîné et commença à le supplier tout en le secouant. Cela le fit rire un moment, puis la chamaillerie se transforma en dispute.
- Et les voilà encore en train de se disputer… Murmura Othilie. Ils n’arrêteront jamais ?!
Magnus et Othilie étaient ensemble dans la chambre du garçon. Ils appréciaient d’être ensemble, simplement sans pour autant discuter. Le petit chantonnait souvent, tandis qu’elle peignait, et cela lui mettait du baume au cœur.
- Othilie ?
- Oui ?
- Tu crois que Neeve va partir ? Cette question fit suspendre le geste de l’adolescente.
- Qu’est ce qui te fait dire ça Magnus ?
Le petit observait avec attention une de ses pièces de construction. Ce qu’il lui faisait dire ça ? Rien de spécial, mais son frère aller devenir majeur et généralement les grands s’en allaient.
- Ben… Neeve grandit, donc…
- Magnus, commença t’elle peinée, je ne peux vraiment te répondre. Neeve est libre et je pense que Maman et Papa ne s’opposeront pas à ce qu’il parte.
- Oh… Fit-il d’une petite voix. Il va me manquer. Cette réplique fit sourire l’adolescente qui posa son pinceau et rejoignit son cadet pour le prendre dans ses bras.
- Tu sais, même s’il part, il restera toujours dans ton cœur. Et puis, il ne quittera pas Appaloosa. Tu pourras aller le voir souvent.
Cette idée sembla séduire Magnus qui sourit puis reprit sa construction tout en chantant. Othilie, aussi souriante que lui, reprit son refrain.
- Bon anniversaire mon chéri !
- Merci M’man ! C’est un super cadeau !
- J’espère bien ! Vu le prix que ça nous a coûté !
Son cadeau ? Une voiture pour qu’il soit plus indépendant. La famille était loin de crouler sous l’or et Neeve le savait, alors le présent n’en était que plus beau.
- Promis ! J’en prendrais soin.
- Là ! C’est un bon garçon. Dit Aèla en lui tapotant le dos.
- M’maann !
- On ne peut plus plaisanter ? Bon anniversaire mon grand. Si tu savais comme je suis fière de toi.
- Merci Maman.
Le garçon commença à se sentir étrange, des picotements lui parcourant l’ensemble du corps, faisant battre le sang contre ses temps.
- Hiii !! Je suis jalouse !
- De quoi ?
- Joyeux anniversaire ! Chantonnait Magnus.
- Neeve ! J’y crois pas ! Tu es trop beau !
Le tout récent jeune adulte accueillit les compliments avec un immense sourire, tandis que sa mère pleurait à chaude larme.
- J’ajouterai même que tu ressembles à notre arrière-arrière-grand-père ?! Ajouta Othilie. C’est fou !
Kahei serait fier de voir qu’enfin un enfant de sa descendance lui ressemblait ?
Re: La Lignée des Vauganne
Episode 22 : Tant d'années...
- Spoiler:
Il y a des évènements qui font, que parfois, l’on perd pied. Ce genre d’évènement qui vous détruise de l’intérieur. Ce genre d’évènement, je ne le souhaite à personne. Ma vie était si belle avant cela. Qu’est ce qui a bien pu se passer pour que tout dégénère ainsi ? Nous… Nous qui étions une famille si soudée, si unie, si combative ? Que doivent penser nos aînés en nous voyant aujourd’hui ?
Qui suis-je ? Je réponds au nom de Léonie Vauganne, mais un simple nom ne fait pas de nous une personne, car les morts ont un nom. Je ne vous cacherais pas que je suis perdue, totalement ravagée mais que puis-je contre la mort ? Elle a eu sa revanche sur mon aïeule Aimée. Je l’aimais…
Cela fait des années désormais. Le temps passe vite, bien trop vite. Si j’avais su, j’aurais profité plus de lui. Mais le monde n’avance pas avec des « Si »… J’en fais la malheureuse expérience depuis mon adolescence, depuis ce jour où tu nous as quittés.
Entre les amours comblés et perdus, j’ai grandi et atteint l’âge de l’enfance. Sans trop de soucis, j’ai vécu avec insouciance cet âge d’or où les rares soucis que l’on a sont futiles et enfantins. Les soucis d’adultes sont différents, bien trop différents…
Neeve venait de passer à la majorité, sous les yeux ébahis de chaque membre de la famille, suivrait Audaline et Othilie, mais leur heure n’était pas encore arrivée. Je n’étais qu’une simple bambine à l’époque, ne voulant que jouer et réclamant sans cesse l’attention des plus grands. Ma famille avait immortalisé ce moment, sans moi… Je devais surement être en train de faire une sieste.
Quand je vois ces photos, leur visage radieux, les larmes me montent rapidement aux yeux. Mais mon absence sur les clichés ne fait que conforter mes ressentis.
Etais-je de trop ? La fille qu’ils ne souhaitèrent ne jamais avoir ? Une si grande différence d’âge avec son aîné ne m’avait jamais paru si étrange. Désormais, je trouve ça dérangeant, comme si j’étais exclue. Mon frère a vécu des choses sans que je puisse en être témoin.
Othilie vivait difficilement son adolescence, contrairement à Audaline qui filait le parfait amour avec Nordine. Une telle idylle n’était qu’un nid de convoitise. Ma pauvre sœur tentait sa chance avec le garçon qui lui plaisait depuis tant de temps.
Et ce dernier osa refuser son amour. Elle ne fut pas anéantie par son refus –non car il en avait le droit selon elle- mais ce fut la façon qu’il employa qui lui brisa le cœur.
Il évoqua une autre relation et que jamais, Ô grand jamais il ne la quitterait. Ce qui en soi étant louable, mais Othilie l’aperçut bien des jours après aux bras d’une autre fille. Ainsi se succédèrent les conquêtes du jeune Merlin. Othilie m’a confié qu’à l’époque, elle ne croyait plus en l’amour et qu’elle n’avait plus confiance en les hommes. Ce que je peux imaginer sans mal aujourd’hui…
Et Magnus dans tout cela ? Il profitait de l’âge d’or, silencieusement, suivant ses aînés avec amour sans pour autant être envahissant.
Il passa dans l’adolescence sans encombre, devenant un digne fils de mon père. Magnus n’avait aucune prétention, il était simple et toujours joyeux. Je l’adorais, comme j’adorais mes autres frères et sœur. Mais j’avais une plus grande affection pour lui. Sûrement dû à son plus jeune âge.
Notre famille s’épanouissait, répétant inlassablement le quotidien sans aucun accros. Puis vint l’instant de l’âge d’or. L’âge où la vie devenait plus intéressante sans pour autant être trop compliqué.
Je suivais, en vaine espérance, le même chemin que mes sœurs. Mais je fus rapidement déçue. J’avais dans l’espoir d’être aussi jolie que mes sœurs, mais je fus le vilain petit canard de la famille. Mais enfant je m’en fichais royalement. Je n’avais qu’une envie : découvrir.
Le temps fila à une vitesse, trop occupés que nous étions à gérer nos vies, et Audaline allait enfin franchir le pas.
La transformation nous subjugua, laissant pantoise ma mère et ma sœur un brin jalouse.
Si le monde avait un tant soit peu de justice, il m’aurait alors doté d’un petit pourcentage de sa beauté. Hélas, elle fut généreusement gâtée par la nature, en digne fille de ma mère. Audaline, en plus d’être belle, était une personne de cœur et généreuse. Un peu prétentieuse et étourdie mais cela faisait son charme.
Je commençai alors à lui vouer un culte. J’étais en totale admiration devant elle. Elle était ma sœur, mon idole, mon guide. C’était une chose qui avait probablement tendance à l’énerver, mais elle ne me fit aucune réflexion. A aucun moment… Et pourtant…
Comme pour Neeve, nous primes une photo pour immortaliser ce moment. Mes parents étaient si fiers. Elle fut la seule à obtenir les félicitations du jury et la note maximale. Elle n’avait pas réellement de projet d’avenir, notre Audaline, ne vivant que pour son Nordine.
Othilie se remit de sa peine de cœur, passant de Merlin à Rufus. C’était un jeune garçon, ami de Magnus, qu’elle rencontra lors d’une petite fête. Rufus ne lui avait pas tout de suite tapé dans l’œil.
Mais il avait su la charmer avec son humour, sa générosité et sa franchise. Elle avait vu en lui, dans un premier temps un confident, qui l’écoutait sans dire un mot, lui souriant à chaque fois. Il lui fallut de la patience, mais la belle tomba éperdument amoureuse de lui.
Si l’amour avait des limites, Othilie les dépassait largement. Et réciproquement. Rufus ne pouvait rien refuser à ma sœur. Son attente fut le plus beau des exemples.
Et Audaline ? Et son amour pour Nordine ? Toujours intacte, après tant d’années. Le beau Nordine avait quitté la ville, le temps de faire des études. Et leurs retrouvailles furent chaleureuses.
Elle avait, elle aussi attendu, son bel amant, fébrile à chacun de ses appels, à chacun de ses mots. En les voyant se retrouver, mon cœur s’émietta légèrement. Ma sœur ne m’appartenait plus. Elle ne m’avait jamais appartenu d’ailleurs, mais dans ma folle admiration, je ne l’avais jamais imaginé convoler.
Hors, dès son retour, Nordine l’a demandé en mariage, chose qu’Audaline ne refusa pas. Au contraire, elle était si heureuse, si enthousiaste et si amoureuse, qu’elle lui aurait fait l’amour dans le salon, oubliant le reste du monde.
Et Neeve dans tout cela ? Neeve n’avait pas changé. Son travail le comblait parfaitement, ramenant promotion sur promotion. La science était une amante prenante et mystérieuse, c’était la phrase qu’il aimait me répéter sans cesse.
Pourtant, un jour de pluie et le jour de l’amour, Neeve s’inquiéta pour moi. En polissonne que j’étais, et révoltée par la vie de couple de ma sœur, je m’étais enfuie au parc sans en parler à ma famille. Seul Magnus était dans la confidence – à mon insu entendait le bien, il m’avait surprise en train de faire la belle.
Il courut à travers le parc, sous des trombes d’eau, interrogeant chaque personne présente. Ce fut alors qu’il la rencontra enfin. Je n’étais pas présente, mais il était tellement heureux qu’il me raconta les faits dans les moindres détails.
Sans un mot, sans aucun sourcillement, il avait laissé son cœur guider son corps. Sa main, il ne put la contenir, elle avait envie de toucher la peau, qui semblait si douce, de cette femme.
Pour ensuite goûter ses lèvres. Dévorer chaque parcelle, goulûment. Il avait faim, soif de connaissance. Mais surtout envie d’elle. Jamais il n’avait ressenti cela pour une femme, ni pour qui ce soit. Il s’était longtemps imaginé sans cœur et incapable d’aimer. Lui qui était pourtant le genre d’homme qu’une femme rêvait d’avoir.
Il se permit d’arrêter l’échange, vérifiant ainsi si ce n’était un rêve, mais le regard de la rousse lui intima de continuer.
Lui non plus n’avait aucunement envie que ce moment ne s’arrête. Il la sentait fébrile aux creux de ses mains, les lèvres tremblantes. Ils étaient dans le même état et cela le rassura.
Et selon lui, ce fut à cet instant que je décidai de refaire surface, interrompant leur échange. J’avais surpris leur baiser, mais innocente, j’avais trouvé cela étrange et dégoûtant. Seuls mes parents pouvaient faire de telles choses. Ils se quittèrent sur un regard –que je ne manquai nullement, encore aujourd’hui je m’en souviens. Pouvait-on faire un regard plus amoureux que celui-ci ?- le tout ponctué par ma voix nasillarde qui réclamait de rentrer. Mon frère me prit alors la main, et le sourire ne quitta pas ses lèvres. Et l’enfant que j’étais le remarqua. Cela est gravé au plus prochain de mon cœur, car ce sourire ci, je ne le revis jamais et ne le reverrai jamais.
Les mois eurent passé. Mon frère ne connaissait toujours pas le prénom de la belle mais c’était devenu son nouveau combat et avec mon père, ils menèrent la bataille de front. Pendant ce temps, ma sœur, mon frère et moi-même grandissions. Après le bal du lycée, Othilie sentit qu’il était l’heure pour elle. Elle avait préféré le fêter avec Rufus qu’avec nous –chose que je ne compris que plus tard.
Et encore une fois, j’avais de quoi être jalouse. Othilie était une beauté également, mais d’un genre différent de notre sœur. Là où Audaline se trouvait être artificielle, Othilie était naturelle. Sans aucun artifice, elle était belle.
Les mois passèrent encore. Les filles obtinrent leur diplôme haut la main. Audaline, celui du commerce, et Othilie les sciences. Elles firent la fierté de nos parents. Là où Neeve se refusait de, je cite, « gravir les échelons en prenant un ascenseur. » Il préférait partir du bas de l’échelle et monter les marches une à une. A chacun sa vision des choses, mais personnellement, je ne sais toujours pas ce que je veux faire…
Revenons à Neeve. Mon frère retrouva sa belle, répondant au doux nom de Ségolène. Elle était nouvelle dans la ville, et lors de leur rencontre, de passage seulement. Elle faisait partie d’une association qui collectait des fonds pour en venir aux enfants malade. Le stand qu’elle tenait lors de cette fête du printemps était là pour cela.
Elle avait elle aussi remué ciel et terre pour retrouver mon frère. "Un amour comme celui-ci, un coup de foudre, on ne le fuit pas. On le pourchasse sans relâche jusqu’à la capture, même si cela prend des années."
Ses paroles m’ont beaucoup marqué. Surtout avec les évènements qui se produisirent plus tard. Jamais… Ô grand jamais, je n’aurais cru à la fin de leur histoire.
Le mariage d’Audaline et Nordine vint peu de temps après ces retrouvailles. Plus belle que jamais, ma sœur ne pouvait s’empêcher de sourire.
Elle resplendissait comme jamais. J’étais si heureuse pour elle. J’avais grandi, et j’espérais un tel mariage pour moi-même. Je n’aspirais qu’à son bonheur désormais.
Mon frère et Ségolène nous annoncèrent ce soir-là leur intention de se marier également. Je laissai quelques larmes s’échapper. Mon frère méritait amplement le bonheur.
Ma mère était du même avis, même si ses attentes étaient différentes. Bien entendu, elle aspirait à notre bonheur mais elle voulait également faire la connaissance de ses petits-enfants.
Le lendemain de la cérémonie, avant leur départ de la maison, nous avons participé à une séance photo. Le couple fut, bien entendu, à l’honneur.
Pour terminer sur une série en groupe. J’avais depuis grandi, devenue adolescente. Je tentai de mélanger les deux styles de mes aînées, un côté pomponnée et de l’autre plus naturelle. J’aime particulièrement cette photo, car nous étions encore à l’image d’une famille unie et aimante, comme le rêvait ma mère, et nos ancêtres.
Oui, j’ai la nostalgie de cette époque où tout était plus simple, plus joyeux, plus accessible. Où les rêves et l’espoir étaient encore de mise.
Mais voilà… Tout bascula… Et je n’étais pas là. Encore occupée à je ne sais quelle frivolité, accompagnée de Maman. Je crois bien que Maman m’en a voulu toute sa vie de lui avoir empêché de te faire ses adieux. Me pardonnera-t-elle un jour ? Même après sa mort ? J’en doute… Tu sais comme Maman est : si droite, si loyale. Elle qui ne supporte en rien la trahison.
On te trouva ce soir-là, étendu sur le sol, carbonisé. Tu reposais, serein, malgré la douleur fulgurante que fut ton électrocution. Papa était là ce jour-là. Il me le raconta bien plus tard, sentant ses dernières forces le quitter. Ce cri que tu poussas le hanta chaque jour qu’il lui resta.
Oh, Neeve… Si seulement tu étais encore parmi nous… Tu me sourirais encore, me montrant tes dents si blanches. Tu serais aux bras de Ségolène, sûrement père de deux ou trois enfants. Mais la mort eut sa revanche sur toi…
Mais tu laissas derrière toi un grand nombre de personne qui t’aime. Papa pleura toutes les larmes de son corps, se reprochant sans cesse que c’était de sa faute. Il m’a raconté l’histoire. Cette histoire qu’il eut avec Maman. Ainsi, j’ai pensé que c’était un coup du destin. Papa, en interférant dans le passé en sauvant Maman, priva d’une vie la Mort. Et la Mort accepta, mais pour le prix d’une vie, une autre vie devait être donnée ? Je ne sais pas Neeve... Qu’en penses-tu ?
Ségolène préféra nous quitter après ça. Ce que je comprends parfaitement. Toute la maison est une partie de toi, Neeve. Elle coupa également tout contact avec nous. Nous ne savons pas où elle se trouve… J’espère que tu ne nous en veux pas Neeve, car, j’ai tout fait pour la retenir, mais sans un mot elle secoua la tête et se retira.
Aujourd’hui, nous vivons loin d’Appaloosa. Voulant partir sur de nouvelles bases. Sans passé, sans histoire. La famille ? Quelle famille ? Après ta mort, le reste de la famille nous laissé derrière elle, nous prenant responsable de ta disparition. Tristan principalement refuse tout contact avec nous. Nous n’existons plus pour eux.
Je vis avec Magnus. Seuls contre tous. Othilie s’est marié entre temps, avec Rufus et file le parfait amour. Savais-tu qu’elle venait de mettre au monde de faux jumeaux ? Neeve, tu es tonton d’un petit Muiris et d’une petite Moïra. Comme Audaline, Othilie a abandonné le nom de Vauganne pour emprunter celui de son époux : Oiseau-Riffin.
Notre famille se meurt depuis ton départ… Maman et Papa… Et bien, ils n’ont jamais pu s’en remettre. C’est terrible de perdre un frère, mais quelle douleur ce doit être de perdre un enfant... Tu étais l’enfant chéri Neeve, le premier signe de leur amour. Tu étais spécial et avait enfin trouvé le bonheur…
Chaque jour, je me pose cette question, et je sais pertinemment que je n’aurais aucune réponse. Les morts ne reviennent jamais parmi les vivants. Jamais… Ô Neeve, si tu m’entends, enfreint cette loi…
- Ah ! Tu étais là, Léonie… La jeune femme ne lui répondit pas. Léonie, est-ce que ça va ? Elle baissa le regard et secoua la tête. Il faut être forte petite sœur.
Forte ? Comment le pouvait-elle ? Elle n’avait aucune force, aucune envie de se battre. Il était si facile de se laisser couler et partir… Si facile…
Il prit sa sœur par les épaules et lui offrit un peu de sa chaleur. Malgré l’immense soleil de Roaring Heights, la jeune femme était glacée. Il entreprit de lui frotter le dos, mais son geste sembla briser la carapace de la demoiselle qui s’effondra en larme. Elle n’avait pas encore pleuré, depuis la mort de leurs parents. Comme si elle n’avait jamais accepté leur disparition.
Cela affectait Magnus plus que de raison. Il aimait sa sœur, comme les deux autres, mais elle était particulière. Elle était la dernière et sur elle reposait le poids de toute une famille. Ses épaules qui se devaient être fortes étaient si fragiles. Et cette fragilité s’intensifiait à chaque sanglot. Il était le dernier homme de la maison, il avait pleuré les disparus, porté le deuil de chacun d’eux. Désormais, il devait le pilier de la famille. De ce reste familale que sa mère avait construit à la suite de sa grand-mère, de son arrière-grand-mère et encore de son arrière-arrière-grand-mère…
Oui, il devait être fort pour elle. Jamais, il ne la quitterait, même si pour cela, il devait revêtir « l’habit du moine » et jurer fidélité à sa sœur. Cette sœur si spéciale qui lui transporte le cœur à chaque pleurs, à chaque rire, à chaque sourire…
Re: La Lignée des Vauganne
Léonie est partie d'Appalossa Plain avec son frère Magnus et ses deux sœurs, mariées. Leurs vies étaient paisibles, malgré les évènements qui on détruit l'adolescence de notre héritière. Saura t'elle remonter la pente ? Gagnera t'elle confiance en elle ?
~Terminée~
Episode 1 : La roue tourne
Episode 2 : Très cher ami
Episode 3: Dans la peau de Magnus
Episode 4 : Le secret d'Audaline
Episode 5 : Cœur charnel
Episode 6 : Eaux troubles
Episode 7 : Faux espoirs
Episode 8 : Une fête si particulière
Episode 9 : Cet avenir qui progresse
Episode 10 : Là, où tout s'enchaîne
Episode 11 : Promesses éternelles
Episode 12 : Double surprise
Episode 13 : Que l'on ouvre la cage aux oiseaux...
Episode 14 : Cotillons à gogo !
Episode 15 : Ces jours tranquilles
Episode 16 : Les enfants ca a du cœur...
Episode 17 : Le temps s'éclaire
Episode 18 : Adolescence et responsabilité
Episode 19 : Au diable les secrets !
Episode 20 : Quand les chats dorment...
Episode 21 : Cette mauvaise amie qu'est l'adolescence
Episode 22 : Le culot paye parfois
Episode 23 : Ce que la peine nous pousse à faire
Episode 24 : Ce semblant de paix
Dernière édition par Sleio le Ven 9 Mai - 9:13, édité 1 fois
Re: La Lignée des Vauganne
Episode 1 : La roue tourne
Bonus
- Spoiler:
Il y a certain matin où Léonie se demandait ce que la vie lui réservait. Après tout, elle était la dernière-née d’une grande fratrie qui s’étiolait avec le temps. Elle n’avait aucune réelles passions, ni de but dans la vie.
Parfois même l’idée de s’arracher la vie lui effleuré l’esprit, mais jamais elle n’avait osé franchir le pas. Peur ou courage ? Faiblesse ou espoir ? Elle ne saurait le dire. Peut-être tout simplement, elle espérait encore plein de chose de la vie, du monde…
Magnus lui ? Et bien, il restait le soutien principal de sa cadette. Il espérait trouver un bon emploi afin qu’ils puissent vivre sans difficulté. Mais tout ce qu’il put trouver fut un poste de chanteur. Particulier n’est-ce pas ? Il devait simplement chanter des messages qu’on lui commandait.
Et c’était loin de l’emballer, mais il ne pouvait faire son difficile. Ils avaient besoin d’argent, et l’état de Léonie ne lui permettait pas de travailler. Elle avait bien tenté un emploi à mi-temps, mais elle ne tint pas. Tout reposait sur lui, mais la demande était plus forte que l’offre, et Magnus devait se contenter de petite chose.
Si les vivants s’inquiétaient, les morts eux se distrayaient. Ils furent les premiers à inaugurer le tir à l’arc en la personne d’Aèlys.
Servan, lui, appréciait enfin les moyens de transports de son époque initiale : le futur.
Mais un beau jour, alors que Magnus offrait un message d’amour à une habitante de Roaring Height, Magnus sentit une fragrance lui chatouiller le nez. Elle était subtile, enivrante et fruitée.
Subjugué, Magnus ne fit attention et planta le bouquet de rose dans le nez de sa cliente qui hurla. Mais il n’y prêta guère attention, sa vision enchanteresse commençait à s’éloigner.
Sans prêter attention aux hurlements et reproches de la cliente, le jeune homme se releva et rejoignit la demoiselle.
Il ne savait quoi faire, ni quoi dire. Alors qu’il l’avait retenu, elle le fixait, curieuse de son interpellation. Trouvant le silence pesant, elle décida d’agir.
- On se connait ?
- Euh… Je … Non… Dit Magnus en bégayant.
- Est-ce que tout va bien ?
La sincérité teintait la voix de la demoiselle. Magnus ne pouvait s’empêcher de sourire bêtement. Il était gêné, à la limite tremblant.
- Monsieur ? Vous tremblez ?! Vous êtes souffrant ?
- Non ! Hurla-t-il en se reprenant.
Cela a eu pour effet de stopper toutes conversations de la salle, attirant les regards sur lui. La plupart étaient perplexe, mais d’autre étaient outrés. Le rouge lui monta aux joues.
Alors qu’il s’excusait auprès des clients, la demoiselle se mit à rire. Et son rire était tel qu’il l’imaginait : cristallin et doux.
- Pardon…
- Il n’y a rien à pardonner. Votre gêne est amusante.
- Ah… Vraiment ?
- Hum hum ! Affirma-t-elle d’un hochement de tête.
- Non, vraiment… Je suis désolée. Il faut que vous sachiez que je suis quelqu’un de très posé habituellement.
- Habituellement ? Cela veut dire que je vous perturbe ? Dit-elle, à moitié provocante.
Le rouge revint habiter les joues de Magnus qui baissa le regard. Elle rit de nouveau et s’excusa.
- Je vous taquine ! Monsieur… ?
- Magnus.
- Magnus ? C’est original. Je m’appelle Ninan Kanker. Enchantée ! Fit-elle joyeuse en tendant une main.
Magnus se surprit à sourire lui aussi avant de prendre la main de la demoiselle dans la sienne.
Pendant de ce temps, Léonie profitait de la soirée chez Audaline, en compagnie de son beau-frère Nordine. Ce dernier l’avait convié à une petite fête, où ils se sont finalement retrouvés qu’à deux. Audaline travaillait et n’allait pas tarder à rentrer.
- Franchement Léonie… Quand est-ce que tu vas te trouver un job ?
- Je t’en pose des questions ?!
- Tu pourrais être un peu plus aimable.
- Pardon… mais tout le monde m’ennui avec ça depuis quelque temps.
- Si on te prend la tête… avec ça… C’est parce qu’on s’inquiète.
- Pas la peine ! J’m’en sors très bien toute seule.
- Non, tu n’es pas toute seule. Magnus endosse toutes les responsabilités.
Léonie soupira et foudroya du regard son beau-frère. Bien sûr qu’elle savait tout cela ! Comment pouvait-elle l’ignorer ?! Elle vivait avec lui. Elle voyait bien son état de fatigue et son habilité à le masquer. Mais elle n’était pas prête. Pas encore…
Elle choisit le silence comme seule arme et se concentra sur leur partie. Son dernier lancé était décisif. Si elle marquait, elle remportait la partie. Elle ferma un œil, et se concentra à nouveau. Puis lança. La balle fendit l’air, allant droit dans le gobelet du centre.
- C’est qui qui la meilleure ?! C’est moi ?!!! Chantait Léonie tout en exécutant une danse ridicule qui avait une tendance à exaspérer Nordine.
- Oui, bon ! Ça va ! On a compris !
- Ahaha ! Ne le prends pas comme ça, voyons. Allez, rentrons, il commence à faire froid.
Elle s’exécuta sans attendre Nordine qui pestait dans son coin tout en ramassant les balles perdues. Léonie n’était pas compétitrice dans l’âme, mais c’était gratifiant de gagner de temps à autres.
A l’intérieur, elle trouva sa sœur aux fourneaux. Habillée de son habituel tailleur de professeur Principale, Audaline chantonnait tout en mélangeant la nourriture.
- Oh ? Tu es rentrée ?
- Comme tu peux le voir. Alors cette journée ?
- Ça allait. Dit Léonie. Et toi ?
- La routine… je commence à être rodée, niveau rentrée des classes.
La cadette observa son aînée qui avait repris sa chanson. Elle qui fut son modèle, enfant, avait tout pour être heureuse : un bel emploi à responsabilité, un mari aimant et un cadre de vie sain et équilibré. Au fond d’elle Léonie se sentait encore trahis par le destin. Audaline avait tout, vraiment tout et elle, qu’avait-elle ?
- Allez, viens Léonie. C’est l’heure de passer à table.
Elle soupira puis rejoignit sa sœur dans la salle à manger afin de prendre un petit repas en famille.
Bonus
- Spoiler:
Et si on faisait un petit tour de la nouvelle propriété Vauganne ? Afin de bien débuter la nouvelle génération.
Comme vous pouvez le voir, c’est une petite demeure aux allures modernes, mêlant malgré tout une allure campagnarde et fleurie.
Très attachés à leurs défunts, comme l’auteur, ils ont aménagé un cimetière dans un coin de la propriété.
En face se trouve un petit espace « tir à l’arc » pour se détendre.
Une vue de l’entrée, qui fait également terrasse pour les beaux jours.
L’entrée elle-même.
A l’intérieur, le « sas » d’entrée dessert la cuisine, et à droite la salle de bain.
Sur la droite, la salle à manger, qui permet également l’accès aux chambres de Léonie et Magnus.
A l’opposé, le salon et le coin étude réunissant le bureau, le piano et le jeu d’échec.
La cuisine, dans les tons jaune et vert amande, afin d’offrir un peu de tonus et de gaité aux habitants au petit matin.
La chambre de Magnus, voulue moderne, dans les tons vert que le jeune homme apprécie tant.
A côté se trouve la chambre de Léonie, dans les tons jaune. La jeune femme a besoin de couleur pour rester "vivante".
Dernière édition par Sleio le Jeu 17 Avr - 16:08, édité 1 fois
Re: La Lignée des Vauganne
Episode 2 : Très cher ami
- Spoiler:
Avec le temps, la dernière des Vauganne avait appris à faire de petite nuit, non pas par envie, mais les insomnies, bien que désagréables, on s’y habituait.
Ce qui était nouveau désormais, c’était les fringales nocturnes de la belle. Si elle ne mangeait pas la journée, la nuit elle était prise de pulsion qu’elle n’arrivait à assouvir grâce à la nourriture.
Puis, une fois l’estomac callé et l’esprit un peu plus vif, Léonie s’appropriait l’ordinateur et écrivait. Elle écrivait sans jamais s’arrêter, sans prêter attention au monde extérieur, comme l’approche de son frère et de sa présence. La plupart du temps Magnus, lorsqu’il rentrait du travail, la trouvait affairée et totalement prise dans son monde. Inquiet et ne voulant passer la nuit seul, il restait sur le canapé et s’y endormait.
Et ce, jusqu’au petit matin. Il s’éveillait et trouvait sa sœur au même endroit, toujours occupée à frapper les touches du clavier. Ce qu’elle écrivait ? Il n’en avait aucune idée. Elle refusait de lui en parler, se fermant totalement au dialogue. A force, Magnus abandonna et se fit juste "présence".
Après avoir embrassé sa cadette, Magnus se retira dans la salle de bain en baillant. Elle scruta par-dessus son épaule pis surveilla le bruit de la porte de la salle d’eau, s’assurant ainsi que son frère ne surgirait pas derrière elle. Elle enregistra son récit et ferma la page puis ouvrit une fenêtre du bureau qui n’arrêtait pas de clignoter.
- Quoi encore ?! s’exclama-t-elle par écrit.
- Ouhla ! Toi t’as encore pas dormi de la nuit.
- Comme d’hab…
Si elle pouvait changer cette habitude, elle le ferait sans hésiter. Car le manque de sommeil la détruisait et ne l’aidait en aucun cas à remonter la pente. Pendant ses longues heures de solitude, l’esprit était plus à même à réfléchir, à ruminer les problèmes, les soucis. Et là aussi cela jouer sur la capacité du sommeil. Rêver… Elle espérait pouvoir de nouveau y arriver. Cela faisait combien d’année qu’elle n’avait rêvée ?
Elle frappa fortement sur la touche « Entrée » de son clavier et attendit la réponse de son correspondant. Elle ne le connaissait pas vraiment, mais elle entretenait avec lui de longues conversations la nuit. Elle entendit la petite sonnerie attestant la réponse. Elle sourit légèrement en voyant les mots sur l’écran. Sans attendre, elle quitta le bureau et alla en cuisine afin de manger un morceau.
Magnus était parti depuis longtemps, comme chaque jour, il partait tôt le matin et revenait tard le soir, pour gagner une misère. Léonie en profitait souvent pour inviter Wyatt. Elle ne se cachait pas. Enfin pas tout à fait… Bon, carrément, mais la demoiselle se sentait encore comme une enfant que l’on pourrait gronder pour avoir ramené un garçon chez elle. Surtout que Wyatt était un étrange homme mais qui avait tant en commun avec elle.
- Merci d’être venu, Wyatt.
- Allons, pour toi, je ferais n’importe quoi, ma belle.
- Tu parles, ça te permet de manger gratos.
- Ouch ! Dit-il faussement blessé en portant une main à son cœur. Touché…
Cela fit sourire malgré elle la blonde. L’homme se redressa et partagea son sourire. Wyatt ne connaissait pas le passé de Léonie, et il s’en fichait un peu d’ailleurs. Il ne recherchait auprès d’elle de la compagnie et une amie. Une belle amie à l’âme charitable qui faisait de merveilleux repas.
Il savait également qu’elle le cachait au reste du monde. Il ne comprenait pas pourquoi et ne voulait aucunement le savoir. Il était du genre à profiter de l’instant présent sans trop se préoccuper du futur.
Profitant du beau temps de l’été, ils entamèrent une partie de ping-pong. Ils n’étaient pas doués, mais parfois de simple passe pouvait être bénéfique. En tout cas, ils jouaient sans prise de tête. Simplement et amicalement.
- Le premier qui marque un point doit un diner à l’autre ! Je sens que je vais bien manger ! La provoqua l’homme au chapeau.
- Dans tes rêves, Wyatt ! Si quelqu’un doit gagner, ça sera moi !
Les échanges fusèrent, ne se laissant aucun répit. Ils n’arrêtaient d’égaliser, ne permettant aucun départage. Les deux amis durent abandonner les armes. Cela fit soupirer Léonie car, même si il y avait eu un vainqueur, jamais Wyatt ne lui aurait payé un repas. Ils posèrent les raquettes, et la blonde l’invita à l’intérieur. Un repas les attendait, cela fit briller les yeux de Wyatt, qui sans un mot et sans aucune prière, s’empressa d’entrer.
Magnus quitta le travail et se précipita chez sa nouvelle amie. Ninon Kraker était une jeune femme qui s’avéra posée et calme. Sérieuse et collègue d’Othilie, voulant faire une carrière dans le corps médical. Ils se lièrent rapidement d’amitié, même si pour Magnus, ses sentiments étaient plus forts. Mais il timide, Magnus, et jamais il ne se verrait les lui avouer. De toute façon, il s’était fait une promesse.
Leur repas se passa dans les rires et la bonne humeur. Ninon n’était pas un cordon bleu mais sa nourriture demeurait correcte et tout à fait mangeable. Elle refusa l’aide de Magnus et l’invita à se rendre sur la terrasse le temps qu’elle fait la vaisselle. Le jeune homme sourit légèrement et sortit pour s’installer sur la chaise longue. Ninon avait son petit caractère, un peu comme celui de ses sœurs. Etait-ce cela qui l’avait attiré chez elle ? Sûrement, elle n’était pas une femme qui se laissait dicter et son indépendance plaisait à Magnus.
Il observait le ciel. Le quartier était calme, paisible. Les couleurs chatoyaient et dansaient sous le léger vent. Magnus était un peu perdu ces derniers temps. Ses sentiments pour Ninon grandissaient au fils des heures passées auprès d’elle.
Il bailla fortement, s’étonnant lui-même. Il avait enchainé les missions et sa courte nuit se faisait ressentir. Il ferma les yeux, un instant, souhaitant simplement les reposer.
- Magnus ?
Ninon venait de refermer sa baie vitrée dans l’espoir de rejoindre le jeune homme, mais ce qu’elle trouva la fit sourire. Magnus s’était assoupi. Elle en profita pour caresser son visage et ses cheveux. Il était si invulnérable.
Elle était amoureuse de lui, bien qu’elle ignore si un jour elle le lui dirait. Magnus était un homme bon, affectueux et très présent, mais terriblement secret et de ce fait, parfois, très distant. Mais on avait tous son passé et elle le savait très attachée à sa cadette. Ninon s’étonnait elle-même d’être aussi tolérante, laissant l’homme qu’elle aime primer sur sa sœur mais cela faisait partit de son charme et le voir si prévoyant et protecteur la confortait dans ses idées.
Voyant qu’il ne se réveillait pas, elle lui baisa le front avant de lui ramener une couverture et de l’en couvrir. L’été était certes là, mais les nuits étaient fraîches. Elle s’installa à ses côtés et posa sa tête contre son cœur, écoutant et se laissant bercer par le rythme de son cœur.
Si certains profitaient de ceux qu’ils aiment, d’autre subissaient les déboires des autres. Léonie srtait d’un diner « galant » avec un homme lourd et pas drôle pour deux sous. Elle l’avait « rencontré » grâce à un site de rencontre, mais elle n’avait pas de réelles envies de le voir. Hors, il insista tellement qu’elle craqua et lui donna rendez-vous dans un restaurant de la ville. Tenue chic exigée. Certes il avait une bonne situation, un physique plaisant, mais ces propos étaient sexistes et ne parlait que de lui-même. Le repas lui sembla interminable et sans saveur, pourtant ce restaurant était réputé pour être le meilleur de la ville.
Ils se quittèrent courtoisement, lui filant dans son cabriolet, elle attendant sur le parvis qu’un taxi arrive. Elle soupira et croisa les bras.
Elle se maudissait pour sa faiblesse. Elle s’était pourtant juré de ne pas accepter l’invitation d’une personne qui la désintéressée. Mais en même temps, comment pouvait-elle savoir s’il lui convenait si elle ne lui laissait aucune chance ? Même si elle devait le regretter par la suite…
Elle ferma les yeux et soupira de nouveau. Elle traversa la route et rejoignit la place qui se trouvait en face du restaurant. C’était une belle place, aux reflets de la ville de Roaring Heigths. Elle se rendit compte qu’elle n’avait pas encore pris la peine de visiter la ville, et pourtant ils étaient ici depuis des mois.
Alors qu’elle était en pleine exploration, Léonie se fit interpeller. En premier lieu, elle regarda autour d’elle, croyant entendre des voix. Puis, elle vit enfin son nouvel interlocuteur. Ce n’était autre que Rufus, son beau-frère et mari d’Othilie.
- Rufus ? Que fais-tu ici ?
- Je me promène. Moïra est un peu perturbée la nuit…
Léonie remarqua alors la présence de sa nièce. La petite était très calme, blottie contre son père, fixant sa tante de ses grands yeux gris.
- Au fait Léonie ? Intervint Rufus alors que la blonde jouait avec sa nièce.
- Hum ?
- Tu en es où ?
- Où j’en suis ?
- Oui… Othilie s’inquiète. Tu as du travail ?
Et voilà ! Encore un sermon… Voilà pourquoi elle rendait rarement visite à ses sœurs, car à chaque fois, elle héritait d’une tirade moralisatrice qu’elle ne pouvait plus supporter.
- C’est gentil Rufus, mais elle n’a pas à s’inquiéter. Je vais très bien !
Mensonge ! Et ils le savaient tous les deux, mais elle ne voulait pas voir la vérité en face. Elle avait peur de s’écrouler totalement si elle admettait qu’elle était au bord du gouffre. Elle salua d’un signe de main son beau-frère et s’éloigna sans un autre mot, laissant derrière elle un Rufus désabusé et peiné.
Le lendemain, en soirée, alors que Léonie pratiquait son jogging hebdomadaire, elle se rendit chez son ami, son unique ami même. Elle était fatiguée et plus bas que terre. Sa rencontre avec Rufus l’avait achevé.
Arrivant à la porte de Wyatt, elle frappa et attendit qu’on lui ouvre. Le jeune homme fut étonné de la trouver là, car elle venait rarement chez lui. Il la fit entrer sans un mot, voyant qu’elle n’était pas dans son état normal.
- Léonie, que viens-tu faire ici ?
- J’ai besoin d’une raison valable pour venir te voir Wyatt ? Répliqua t’elle, peinée et mordante.
- Non, bien sûr que non ! Mais j’ai bien le droit de m’étonner. Et si je n’étais pas là ?
- Alors j’aurais passé mon chemin…
- Aussi simplement que ça ?
- Aussi simplement que ça.
Mais Wyatt n’était pas dupe. La demoiselle aurait tambouriné la porte, jusqu’à déranger les voisins. Elle l’aurait appelé jusqu’à ce qu’il décroche son téléphone. Léonie pouvait être une personne tranquille et calme, en apparence, mais au fond d’elle elle bouillonnait, et elle avait un degré d’impatience assez fort pour les absences. Cela fit sourire le jeune homme malgré lui. Il trouvait charmant ce défaut chez cette femme.
- Quoi ?! Tu ne me crois pas ? Dit-elle, piquée à vif par ce soudain sourire.
- Bien sûr que si ! Ajouta-t-il de façon taquine et moqueuse. Bon sérieusement, reprit-il alors que Léonie commençait à bouder, donnes-moi ta raison.
Elle le fixa. Le regard de Wyatt était déterminé et elle le connaissait bien assez pour savoir qu’il ne lâcherait tant qu’elle ne le lui aurait pas dit. Elle soupira et entama son récit.
- Il n’y a rien de grave. Juste des petites choses qui me minent.
- Comme ? Le sérieux et l’inquiétude dans la voix de son ami la surprit, car il l’employait pour la première fois avec elle.
- Ce n’est rien, je te dis ! Tenta-t-elle.
Et comme pour corroborer ses dires, elle sourit. De façon forcée et crispée, certes, mais elle souriait quand même. Mais Wyatt n’était pas dupe. Loin de là… A bien y réfléchir, il n’avait jamais vu Léonie réellement sourire. Il y avait dans son regard une trace permanente de chagrin qui entachait sa beauté.
Il croisa les bras, lui signifiant bien qu’il n’y croyait toujours pas. Cela fit soupirer de nouveau la blonde, qui sans s’en apercevoir, laisser ses épaules s’affaisser, ses lèvres retomber.
Oui… Elle avait beau sourire, elle n’arrêtait pas de mentir. A lui, à son frère, à ses sœurs, ses beaux-frères… Tout le monde ! Et surtout à elle-même. Elle était loin d’aller bien mais que pouvait-elle y faire ? Ce n’était pas de sa faute si tout son monde s’étiolait au fil des années. Neeve, ses parents, sa famille… Elle déglutit de façon visible et attira l’attention du jeune homme qui posa une main pleine de chaleur sur son épaule.
- Allez, racontes moi, Léonie. A tout garder en toi, tu vas finir par exploser. Sa tentative d’humour fonctionna car il réussit à arracher un petit sourire à la belle.
- C’est juste que… Je sature des reproches que l’on me fait.
- Qui te reproche quoi ?
- Tout le monde ?! Mes sœurs, leurs maris !? Ils pensent tous que je ne fournis aucun effort, que je ne tente rien pour me sortir de cette impasse.
Elle avait les lèvres qui tremblaient et ses yeux qui s’humidifiaient. Wyatt n’était pas aveugle et vit son désarroi. Mais il la savait trop fière pour pleurer devant lui. Il lui proposa alors de prendre une douche, avec son mordant habituel.
- Parce que tu crois que courir ne fait pas transpirer ?! Protesta Léonie.
- Justement ! Va te laver, pendant que je prépare le repas.
- Mais je reste p…
- Si, tu restes ! Au moins pour un repas. Surtout que ton frère travaille de nuit.
Elle capitula puis traîna ses pieds lourds jusqu’à la salle de bain de Wyatt tandis que le jeune homme l’observait monter laborieusement les marches de son escaliers en colimaçon.
Douche terminée, séchée et habillée, Léonie avait les idées un peu plus claires, et était même légèrement honteuse. Elle descendit les marches doucement, sur la pointe des pieds, n’osant pas se faire remarquer. Elle put apercevoir Wyatt affairé à la gazinière. Il goûtait avec plaisir à sa cuisine. Léonie se permit d’humer l’air et trouva l’odeur alléchante. Arrivée à sa hauteur, elle resta un petit moment cloîtré dans le silence, à l’observer.
Wyatt était un bel homme, insouciant, qui vivait le jour présent, blagueur, taquin, mais aussi très mature sous ses airs de dragueur du dimanche. Léonie se sentait toujours en proie de divers sentiments et humeurs en sa présence. Entre l’envie de le toucher, de l’embrasser, parfois même de le gifler tellement il l’insupportait. Mais il l’apaisait la plupart du temps, par un simple regard ou encore sourire. Un peu comme Magnus aujourd’hui. Il était son soutien, son ami, son confident…
Son confident… Ce mot lui était étrange. Elle qui ne se confiait jamais, ou que très rarement lorsqu’on le lui obligeait… Elle se sentait coupable, car lui était toujours présent, il lui avait raconté sa vie, sans aucune retenue. Arrivé à Roaring Heights quelques années auparavant, il avait tout quitté. Foyer, famille, amis… Afin de repartir sur de bonne base. Une vie saine et équilibrée. Il avait un passé assez chaotique, entre les jeux d’argent et les dettes, les fêtes à répétition et la drogue. Un jour, il en eut assez, eut fait ses bagages, fit également ses adieux à ce qui lui restait d’entourage, prit le premier vol, qu’importait la destination.
Il sut tourner la page, oublier son passé pour voir l’avenir. Il n’avait sûrement pas dû beaucoup changer. Son comportement frivole était intact. Il faisait cet effet à Léonie. Elle savait qu’il enchaînait les conquêtes, ce côté « homme à femme », il avait dû mal à s’en défaire. C’était son image qui produisait cela. Elle lui avait un jour demandé s’il comptait se poser, s’établir avec quelqu’un un jour. Il l’avait alors fixé un long moment, dans un silence pesant, la faisant même rougir puis lui répondit par un simple sourire, un de ses sourires qui en disait énormément et qui forçait au silence.
Elle n’eut, à proprement parlé, aucune réponse, mais elle comprit qu’il n’arrêterait pas cette « débauche » sans bonne raison. Au fond d’elle, elle le lui souhaita, car il était un homme bon.
Elle sortit de ses pensées en sentant le regard de son ami sur elle. Wyatt l’observait comme elle le faisait peu de temps avant. Elle sourit du coin des lèvres, se demandant ce qu’il lui voulait.
- Tu comptes me regarder comme ça encore longtemps ? Finit-elle par dire.
- C’est toi qui à commencer. Suis-je si beau que ça ?
Elle poussa un hoquet offusqué, chose qui fit rire le jeune homme, qui retourna son attention sur ses pâtes.
- Ça te va, des pâtes ? Je suis pas très riche.
- Avec la vie que tu mènes, ça ne m’étonne pas !
Elle ne put s’empêcher d’être mordante. Elle sentit qu’elle alla trop loin. Elle se mordit l’intérieur de la joue, en guise de punition. Mais Wyatt garda son sourire et se délecta de l’odeur de la nourriture.
- Ça m’a l’air prêt. Tu peux sortir les assiettes ?
Léonie se garda de sourire, puis de bonne grâce s’exécuta, ouvrant différents placard et tiroirs avant de se diriger vers la salle à manger, suivit de Wyatt, casserole en main.
Les heures avaient défilé à vitesse grand V, surtout si l’on boit plus que soif cette boisson appelé bière. Léonie s’effondra sans demander son reste sur le canapé de son hôte. Wyatt se vit dans l’obligation de la monter dans sa chambre et de l’installer sur le lit. Il prit également l’initiative de la changer, son corset étant être l’habit le moins confortable pour dormir.
La jeune femme était tellement saoule qu’elle ne fit aucune protestation. Elle se contentait de gémir, murmurer, de s’agiter. Mais le jeune homme surprit des larmes suinté de ses yeux clos alors qu’elle prononçait le mot "Neeve".
Neeve… Qui pouvait-il être ? Un ancien amour ? Celui qui la força quitter tout ? Un homme qui l’obligea à se détruire petit à petit ?
- Qui que ce soit ce fumier, je lui ferai payer… Murmura doucement Wyatt tout en observant Léonie, qui de nouveau sanglotait.
Il tendit alors la main vers elle, voulant la plonger dans ses bras, l’étreindre jusqu’à la fin de ses sanglots, mais sa main resta un long moment suspendue dans les airs, à quelques centimètres de la tête de Léonie. Il la retira, se ravisant, puis plongea le visage dans son oreiller. Il se savait en proie de divers sentiments et envie. Une belle fille à ses côtés, dormant sereinement, sans défense, et lui… Lui… N’y touchait pas. Il soupira puis s’éloigna du lit, tout en se grattant le haut du crâne. Il prit une couverture puis descendit dans le salon, après avoir jeté un dernier regard sur la blonde. Un sourire contrit parcourut les lèvres de Wyatt, qui disparut, le cœur plein de regret.
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Episode 3 : Dans la peau de Magnus
- Spoiler:
- Si Maman voyez-ca !
Cette puanteur, cette odeur avait le don d’agacer Magnus de bon matin. Sa sœur ne l’aidait guère. Il devait bien l’avouer. Elle était certes triste, et lui alors ?
Oui, lui aussi était triste. Mais il s’était fait la promesse de ne plus jamais pleurer. Il devait être fort, pour elle, pour lui… Oui, son obstination à protéger sa cadette n’était en fait qu’une façade. Au fond de lui, il le savait. Léonie était forte, très forte, même si pour le moment elle se complaisait dans sa détresse. Et c’était en partie de sa faute. Magnus aimait se sentir protecteur, et inconsciemment, il surprotégeait sa sœur. Sa douce et si fragile Léonie.
Il était perdu, le Magnus. Aussi égaré qu’un aveugle dans une foule. Il n’avait pas de grande ambition. Devenir PDG, Chef cuisinier ou encore Rockstar… Non, ce n’était pas son rêve. Il n’avait pas rêve. Il se débrouillait bien avec divers instruments de musique, comme la guitare, le piano ou la contrebasse, mais faire carrière dans le monde du spectacle ne l’attirait.
Il fixa l’eau de l’évier se vider, progressivement.
- Si seulement mes problèmes s’en allaient si facilement.
Léonie entra dans la cuisine, la main dissimulant une bouche grande ouverte. La nuit dût être courte, de nouveau. Cela inquiétait Magnus tous les jours, mais qu’y pouvait-il réellement ? Elle devait sortir de sa torpeur elle-même, sinon elle ne sera jamais sauvée de sa noyade. Ses autres sœurs la bousculaient, et il voyait que cela n’avait aucun effet, si ce n’était de la faire se retrancher encore plus derrière sa carapace de tourment.
- Dis Magnus ?
- Hum ? Fit-il en se séchant les mains.
- C’est bien ce soir le concert ?
Il l’a fixa un petit moment avant de comprendre ce qu’elle racontait. Le concert, son concert. Son premier concert en tant que chanteur.
- Oui, c’est ce soir. Au parc, derrière la maison.
- Bien ! Je viendrais !
- Toi ? S’étonna-t-il.
- Oui, pourquoi ? Répliqua Léonie, une main sur la hanche, l’autre tenant son assiette, le tout en fixant son frère, sous l’embrasure de la porte.
- Je ne veux pas que tu gâches la représentation.
La blonde sourit devant cette tentative de boutade, elle lui tira la langue puis passa la porte.
- N’oublie pas que je suis ta fan numéro 1 !
Sa fan numéro 1 ? Oui et hélas non à la fois… Celle qui décrochait ce titre n’était autre que Ninon. Il n’avait parlé à personne de leur relation, bien qu’elle ait commencé des mois auparavant. Pour lui, c’était encore trop jeune, trop immature. Ils ne faisaient que de simple sortie ensemble. Pas de baiser, pas de promenade main dans la main. De simple échange autour d’un bon repas. Ninon était une femme géniale, selon lui, la femme que tout homme rêverait. Toujours souriante, la voix charmante, les traits agréables, et surtout compréhensive.
Elle ne lui avait jamais posé de question sur son passé, se contentant de la mince histoire que Magnus lui racontait. Elle était au courant de la mort de leurs parents et de leur « fuite » d’Appaloosa. De la situation de Léonie. En fait, Ninon n’était qu’une simple confidente, une grande amie que Magnus aimait du plus profond de son cœur.
- Papa, Maman… Que dois-je faire… Léonie a besoin de moi. J’ai besoin d’elle, tout comme j’ai besoin de Ninon…
Il soupira, refusant que les larmes viennent. Ses parents, il leurs avait déjà dit adieu, leur tenant la main à leur dernier souffle. Aèla n’avait pas réellement supporté la mort de Neeve. Elle refusa de s’alimenter des semaines entières. Elle termina son existence sur un lit d’hôpital, sous perfusion. Son père lui, dû rester fort pendant que sa femme mourrait. Jamais il ne s’était plaint, jamais il n’avait craqué devant ses enfants. Pourtant Magnus, l’aperçut un jour en larme, alors qu’il tenait la main de sa femme. Aèla venait de rendre son dernier souffle, le sourire aux lèvres. Magnus n’était pas censé être là. Mais il n’avait aucune envie de suivre l’école et avait filé tout droit à l’hôpital pour tenter de raisonner sa mère. Ecoutant à la porte, il put entendre les sanglots de son père. Ses épaules fragiles tressautaient à chaque sanglot. Il avait alors serrait l’épaule de Servan, se rendant compte de la fragilité d’une vie. Son père qui fut si fort tant d’années, lui paraissait si frêle, tel un nouveau-né qu’il fallait protéger.
Mais sa protection fut inutile, ou trop tardive, car peu de temps après, Servan rejoignit Aèla dans la terre, faisait jurer son dernier fils de les enterrer auprès de Neeve. Magnus promit et n’oublia aucunement les derniers mots de son père.
" Vis, Magnus. Vis pour toi. N’oublie jamais tes racines. L’amour qu’on vous porte est éternel, même si être séparé de vous nous tue, ta mère et moi ne seront pas seul. Nous rejoignons notre grande famille, et Neeve ne sera plus seul."
Mais pour vivre, Magnus n’avait-il pas besoin d’amour ? Il savait ses sentiments réciproques, car la belle le lui avait déjà déclaré sa flamme. Le problème venait de lui… Il avait repoussé Ninon, prétextant un manque de maturité. La belle n’était pas dupe, avait souri et lui fit signe qu’elle comprenait, et qu’elle attendrait, avant de lui baiser les lèvres.
Depuis, ce moment le hantait. Il n’arrivait pas à exprimer sa joie, sa tristesse, sauf en chantant. Alors qu’il chantonnait dans un parc, dans l’espoir de gagner quelques pièces, un homme l’aborda et lui proposa de se produire sur scène. Septique et méfiant, Magnus avait tout bonnement décliné l’offre, mais l’homme sut le manipuler et voilà…
Il ne pouvait pas dire que les applaudissements, les regards des spectateurs n’étaient pas gratifiant. Lui de là… Bien que la plus belle récompense était le sourire et la joie de sa sœur.
Léonie rayonnait et dansait comme une enfant. En la voyant ainsi, il repensa aux années de bonheur, lorsqu’ils étaient encore ensemble. De simples enfants chéris par leurs parents aimant sous le regard protecteur de leurs aînés.
"Au temps du bonheur,
Un jour, je me suis pris à rêver.
Nos sourires étaient spontanés.
Désormais, ils ne sont que des leurres.
La tristesse de ton cœur
Se reflète dans mes yeux.
Si, un jour, il y eut rancœur,
Aujourd’hui, nous ne sommes plus que deux.
Un peu de toi,
Un peu de moi.
Voilà ce qui fait Nous."
Ces paroles, il les avait griffonnées sur un bout de cahier, en cours. Il n’avait jamais pensé les utiliser, et surtout pas en chanson. Mais elles étaient profondes et reflétaient ses plus sincères sentiments. C’était un message nostalgique, certes, mais aussi plein d’espoir, car même si nos proches disparaissent, ils restent toujours du monde autour de soi.
Il espérait au plus profond de lui que sa sœur les compris.
Frère et sœur se retrouvèrent chez eux pour mieux se retrouver. Il ignorait toujours si Léonie avait saisi ce qu’il ressentait, mais il s’en fichait. Elle avait tout son temps pour le comprendre. Ils s’amusaient simplement, tout enfant qu’ils furent. Magnus apprécia le moment comme un rayon de soleil qui vient vous caresser le visage après des mois d’attente.
Même si la morsure de l’oreiller n’était pas aussi douce que celle du soleil, cela ne brisa en rien le bonheur du jeune homme.
- Touché ! S’exclama Léonie, un large sourire aux lèvres.
- Hey ! Tu pourrais être plus douce.
- Douce ? Moi, je ne suis pas douce ?
- Pour une femme, c’est pas génial.
- Je vais te montrer si je suis pas douce !
Elle lui donna un coup violent de coussin sur le haut du crâne. Magnus sentit sa mâchoire se décoller légèrement. Il poussa un soupir de stupeur puis répliqua sans laisser de temps à sa sœur de répliquer.
- Pouce ! Hurla Léonie tout en riant. Ils relâchèrent leur bras puis tentèrent de reprendre leur souffle. Tu n’es qu’un barbare, Magnus. Tu pourrais y aller en douceur avec ta fragile petite sœur.
- Fragile ?! Tu viens de me décrocher la mâchoire.
- Je ne te savais pas si douillet, très cher frère.
Et sans laisser le temps à Magnus de répondre, elle lui donna à nouveau un coup de coussin. Celui-ci était plus doux que les précédents. Il n’avait pour effet, qu’une simple caresse affectueuse et joueuse.
Leur petite bagarre dura un long moment. Sentant leurs oreillers rendre l’âme –l’absence de plume ne laissait place qu’à un sac de tissu- ils stoppèrent leur escarmouche sur un dernier sourire et ils rejoignirent leur pénates, fourbu mais heureux.
Leur vie était loin d’être idyllique, mais ils vivaient bien, trouvant par moment de tendre moment d’affection et de jeu.
Re: La Lignée des Vauganne
Episode 4 : Le secret d'Audaline
- Spoiler:
Il faisait beau en cette fin de journée. Roaring Heights brillait sous les derniers rayons de soleil. Magnus avait bien progressé au sein de sa profession et commençait à avoir sa petite renommée. Léonie était toujours au même point : sans travail, sans ambition. Cependant, elle profitait un peu plus de la vie. Magnus l’avait remarqué. Elle lui avait même présenté un jeune homme répondant au prénom de Wyatt. Aux premiers abords, le blond fut méfiant, voire impoli. Mais l’excentrique Wyatt sur conquérir son cœur et Magnus dû admettre qu’il était un garçon sympathique et jovial.
En ce jour, il s’était rendu chez sa sœur Othilie. Celle-ci avait prévu une petite réunion de famille. Ce fut avec plaisir que Magnus retrouva ses sœurs. Othilie lui demanda d’accueillir leur aînée qui n’allait pas tarder.
Alors que le temps commençait à se rafraîchir, Magnus vit sa sœur arriver, sortant d’une berline flambant neuf. Il siffla alors d’admiration.
- Pas mal ta voiture Audaline.
- On ne vit qu’une fois.
- Je veux bien te croire, mais elle a dû te coûter un bras.
- On voulait se faire plaisir avec Nordine. On en a bien le droit non ?! Commença à s’énerver Audaline.
- J’ai pas dit le contraire. T’es pas obligé de m’hurler dessus.
Magnus fit la moue, mais l’humeur d’Audaline ne s’adoucit pas pour autant. Enfant, cela fonctionnait pourtant. Il faut dire qu’avec son métier d’enseignante, Audaline avait de l’expérience. Elle relâcha la pression en soufflant.
- Pardonne-moi Magnus… C’est juste que …
- Tu me racontes ?
Oui, il ne fallait pas être sorcier pour comprendre que sa sœur en avait gros sur le cœur. Elle qui était la bonté incarnée, avec ses petites sautes d’humeur, elle s’en n’était jamais pris à lui.
- Je… je ne sais pas si je suis prête…
- Audaline. Je suis ton frère, je ne te jugerai pas. Mais j’attendrais que tu sois prête à me l’annoncer.
Il la serra contre son cœur. Audaline lui avait toujours paru très forte, solide. En y songeant, Magnus se rendit compte qu’il ne l’avait jamais prise dans ses bras. Son aînée avait déjà des bras dans lesquels pleurer lorsqu’elle en avait besoin.
- Merci… lui souffla-t-elle au creux de l’oreille.
Son ton était reconnaissant et chagriné. Mais lorsqu’elle se détache de lui, elle avait retrouvé son sourire habituel. Puis d’une tape dans le dos, elle l’invita à entrer.
A l’intérieur, se trouvait Othilie et Léonie, en pleine conversation.
- …Et là ! L’oiseau a pris son envol, comme un aigle qui déploie ses ailes avant de décoller. Puissant, majestueux, royal !
- Rassures moi Léonie… Tu parles toujours de Magnus ?
- Ben oui. Pourquoi ?
Othilie soupira, sa cadette avait une imagination fertile et grouillante de délire. Mais elle était drôle, à son insu. Elle aimait faire des métaphores, imager chaque évènement, comme l’exemple qu’elle venait de lui conter : le départ de Magnus en voiture, le matin même.
- En tout cas, tes petits sont calmes.
- Ouhla ! Ne dis surtout pas ça ! Ça ne va pas dur… Les pleurs de Moïra se firent présents. Son frère venait de lui prendre sa peluche. Qu’est ce que je disais… Othilie se baissa et pris sa fille dans ses bras. Là, là… Ma chérie...
- Ca n’a pas l’air de tout repos… Déglutit Léonie.
- Non. Avoir des enfants, c’est un métier. Je ne comprends pas comme Audaline peut faire pour avoir une classe entière.
- Elle est maso ! Conclut Léonie.
Dans la pièce d’à côté, Audaline la masochiste et son cadet profitait d’un moment de calme. La blonde tentait de se recentrer sur elle-même, aidait par les quelques massages de Magnus. Aussi maladroit qu’ils étaient.
- Non, mais écoutes les…Cette réplique fit sourire le jeune homme. Toi aussi, tu penses que je suis folle d’aimer les enfants ? S’enquit Audaline.
- Bien sûr que non. Sauf s’ils sont comme nos neveux : de vrais terreurs. Cela arracha un petit rire à Audaline.
- Je t’ai entendu ! Répliqua Othilie à travers la cloison.
- D’ailleurs…
- Hum ? Fit Audaline entre deux pressions.
- Pourquoi tu n’en as pas, Audaline ?
- De ?
- D’enfant ! Toi qui crie sur tous les toits que tu les adores, ça m’étonne que tu n’en aies toujours pas. C’est Nordine, c’est ça ? Il n’en veut pas ?
Elle conserva le silence, tourna le visage vers le mur, se fermant comme une huitre. Magnus soupira, puis reprit son massage. Il venait de mettre un pied sur un terrain miné. Et tout homme prudent savait quand il fallait prendre la fuite.
Les petits allaient bientôt se coucher, et Léonie préféra retourner chez elle. Mais avant cela, elle voulut saluer ses neveux et nièce. Malgré les dires d’Othilie et les crises de larmes, Léonie les savait mignon et adorable.
- A bientôt les crevettes !
- ‘nie ?
- Hum ?
- Bisou ! Supplia la petite Moïra.
Cela fit sourire Léonie qui lui baisa le front avec affection. Elle n’avait pas la fibre maternelle, loin de là, mais ces petits, elle les aimait.
Pendant ce temps, Audaline était elle aussi entrée dans la pièce. Le petit Muiris réclama un câlin qu’elle s’empressa d’accomplir.
- Sais-tu pourquoi on aime les enfants Léonie ? Demanda l’aînée sans préambule.
- Non…
- Car ils savent charmer les adultes, hors de leurs parents. C’est comme un instinct de survie. Ils savent qu’ils sont dépendants des plus âgés et que seuls, ils ne peuvent pas survivre.
- C’est glauque ce que tu dis.
- Aha ! Sûrement, et pourtant c’est vrai. Si un adulte n’aime pas les enfants, en général, l’enfant le sentira et fera tout pour gagner l’affection de l’adulte.
- Et toi Audaline… Pourquoi aimes-tu autant les enfants ?
- Car ils représentent l’avenir.
- Ouais mais bon… Vu l’avenir qu’on leur laisse.
- C’est pourquoi je m’évertue à leur inculquer les bons gestes et une capacité à réfléchir.
- Mouais… Je suis sceptique. Je pense plutôt que c’est aux parents d’apprendre ça à leur enfant.
- Tu comprendras lorsque tu auras ton propre enfant, Léonie.
- On est sur un pied d’égalité alors. Parce que des enfants… J’en vois pas qui soient à toi.
Un long silence s’insinua entre elles, tandis que les enfants babillaient avec plaisir. Audaline entreprit de faire marcher Muiris, qui s’exerça avec joie et envie.
- Je suis stérile, Léonie…
- Stérile ?!
- Avec Nordine, ça fait des années qu’on essaye de concevoir. Depuis notre mariage à vrai dire. Et pas un enfant n’est venu. Aucune grossesse annoncée. On a alors fait des examens et il s’avère que le problème vient de moi…
Léonie ne trouva rien à dire. Elle se sentait stupide et ne pouvait regarder sa sœur, qui malgré les circonstance, tentait de garder le sourire.
Des jours sont passés, laissant un goût amer à Léonie. Elle avait blessé sa sœur en la forçant à lui raconter son plus lourd secret. Afin de se faire pardonner, elle décida d’inviter la tribu chez elle, incluant même Wyatt dans ce rassemblement familiale. Le jeune homme avait l’habitude de venir chez les Vauganne régulièrement, mais rencontrer le reste de la famille, c’était une première.
Muiris et Moïra avait grandi et étaient devenus de magnifiques enfants à l’image de Rufus, leur père.
- Ohlalala ! Mesdemoiselles ! Si j’avais su que Léonie avait de si belles sœurs, je serais venu aux dernières réunions de famille !
- Tu entends ça Audaline ?
- Oui, j’entends et j’entreprends ! Répondit l’aînée.
- Pardon ? S’étonna Wyatt.
- Les dragueurs du dimanche, c’est loin d’être pour nous.
- Mais je ne vous…
- Tût, tût, tût ! Nous avons beau être blonde, nous ne sommes pas stupide pour autant.
Wyatt se gratta le haut du crâne, faisant légèrement chuter son chapeau. Il venait de se ridiculiser et en beauté. Léonie arriva derrière lui et le fit entrer en lui tirant l’oreille, sous les rires de ses sœurs.
- Si tu pouvais éviter de répandre tes bêtises entre mes murs, Wyatt, j’en serais très heureuse. Surtout devant mon neveu. Et puis… tu n’es pas très malin, mes beaux-frères sont là.
Wyatt rit jaune en voyant Nordine faire craquer ses doigts, avec un Rufus méfiant derrière lui.
Magnus profitait du beau temps pour passer un moment avec Muiris. Il préférait ce stade de l’enfance que le côté bambin. Le petit Muiris était un jeune garçon éveillé et plaisantin.
Mais niveau plaisanterie, il était loin d’égaler son oncle Magnus, qui, comme un gamin s’amusa à lui lancer une bombe d’eau. S’ensuivit alors une féroce bataille aspergeant la pelouse d’eau fraîche.
La pluie coupa rapidement court à l’escarmouche et Magnus décida de faire une petite représentation privée. Sur son clavier, parcourait les touches avec délicatesse et fragilité, tant qu’il arriva à émouvoir son auditoire. Afin d’égayer les cœurs, Wyatt se joignit à lui sur un blues tonique aux allures jazz et moderne. L’improvisation était de mise et cela ravit les plus petits comme les grands.
Grands qui partageaient un moment au jeu de fléchette. Léonie venait de terminer sa série, sous le regard de Nordine. La jeune femme n’excellait pas mais son score, bien que modeste, surplombait le reste de sa famille.
Elle fut applaudit par Othilie. Léonie venait de remporter la partie. Ce qu’elle en retirait ? De la satisfaction personnelle et un moment agréable.
La nuit ne tarda pas à arriver, chassant les convives. Othilie et Rufus durent rentrer car les enfants avaient école le lendemain. Leur premier jour d’école, d’ailleurs. Audaline ne leur avait pas dit, mais elle serait leur professeur principale et elle prenait un malin plaisir à planifier des questions pièges à ses neveux. En son for intérieur, Léonie plaignit les petits.
Et Wyatt ? Lui, resta à la maison. N’ayant pas de chambre d’ami, il était décidé qu’il utiliserait le canapé. Mais comme à leur habitude, les deux amis burent plus que de raison et se retrouvèrent à partager le même lit. Léonie ne tenait pas bien l’alcool, contrairement au jeune homme qui se retrouvait toujours à la coucher. Il aurait bien laissé Magnus s’en occuper, pour les convenances, mais le blond était au lit depuis bien longtemps. Alors, cette fois encore, il la changea et s’installa à ses côtés sur le lit.
Il resta un long moment à l’observer dormir. Elle paraissait sereine, mais parfois –souvent- elle était rongée par des rêves qui l’agitaient. Doucement, le jeune homme la rassurait en la prenant contre lui et lui caressant les cheveux. Il s’était rendu compte que ce simple geste arrivait à l’apaiser. Les heures s’égrainant, Wyatt trouva le sommeil à son tour. Un sommeil profond et doux, embaumé d’un magnifique parfum et de chaleur.
Re: La Lignée des Vauganne
Episode 5 : Cœur charnel
- Spoiler:
La population de Roaring Heights sommeillait encore en ce début d’automne. L’heure était encore à la balade quotidienne des esprits Vauganne. Et que donne alors une rencontre entre la première et un de ses descendants ?
Neeve n’était pas totalement parti. Il revenait parfois afin de veiller sur le reste de sa famille. Mais il n’aimait guère être en compagnie de ses aïeuls comme Aimée.
Alors que tout le monde dormait, deux protagonistes se retrouvaient en tête dans une chambre plongée dans la pénombre. Magnus fut réveillé quelques minutes plus tôt par un sms de Ninon qui le suppliait de lui ouvrir la porte. D’abord intrigué, il était resté un long moment à regarder son écran. Encore ensommeillé, il enfila quelques vêtements et avait ouvert à la belle. Sans un mot, elle fila dans sa chambre, entraînant le blond derrière, perplexe.
- Magnus. Il faut qu’on parle. Avait-elle dit, en croisant les bras.
- De quoi ? Répondit-il.
- De nous…
Sa voix était fébrile. Magnus savait qu’il leur fallait aborder le sujet. Mais il redoutait ce moment, trop incertain de ses sentiments.
- Je ne vois pas de quoi tu parles. Dit-il, en balayant les propos d’un geste de la main, avant de se tourner vers l’unique fenêtre de la chambre.
Le soleil commençait à poindre, derrière les collines au loin. Magnus n’avait jamais eu le temps de les observer, trop occupé à travailler. Cela le fit réfléchir. Il se tuait à la tâche, par devoir et par envie. Mais quelles étaient ses priorités, finalement ?
La main de Ninon sur son épaule coupa court à ses interrogations.
- Je t’en prie, Magnus…
Et le sourire qu’elle lui offrit alors balaya tous ses doutes, toutes ses peurs.
Il glissa une main dans le dos dans la jeune femme pour l’amener à lui, voulant goûter ses lèvres. Ce fruit depuis si longtemps défendu. Cet interdit qu’il s’était lui-même imposé. Il comprit alors sa bêtise lorsqu’il sentit l’envie grandissante au fond de tout son être. Ninon était pour lui. Elle devait être à lui. Rien qu’à lui.
Tel un animal voulant démontrer sa supériorité, il devait la faire sienne. Il la plaqua alors contre le mur, dévorant goulûment la bouche de la belle rousse, qui sans hésitation répondait à ses attentes. Elle était tout aussi demandeuse que lui. Tout aussi affamée.
- Magnus…Tenta-t-elle.
- Chut… Ninon… je t’en prie, ne brise pas cet instant.
Elle le fixa un court instant avant de l’embrasser de nouveau et d’une main, guider Magnus sous son maillot. Le blond sentit son appétit s’aiguiser et son cœur s’affoler.
Mais le prédateur devint proie. Ninon pris les devants en le poussant vers le lit. Elle le força –sans aucune difficulté- à s’assoir. Ils restèrent un moment, les yeux dans les yeux. Promesse d’un moment magique et sauvage. Puis elle défit son haut, dévoilant une poitrine voluptueuse et douce. Magnus se sentit fondre. Elle était ce qu’il recherchait depuis toujours, ce pilier, ce soutien dont il avait besoin.
Il s’avança alors vers lui, grimpa sur ses genoux, approcha son visage du sien, passa un bras dans son dos et de son autre main lui caressa les cheveux.
- Je t’aime…
Puis sans laisser le temps au jeune homme de répondre, elle s’empara de ses lèvres, lui donnant une preuve physique de ses sentiments.
Le soleil était totalement levé, et bien haut dans le ciel. Les oiseaux chantaient enfin sa venue, pépiant avec agacement. Mais Magnus ne prêtait aucune attention, trop absorbé par ses propres soucis. Que venait-il de faire ? Lui qui s’était juré de ne jamais reléguer Léonie au second plan. Sa priorité principale était sa sœur. Sa si petite sœur…
Alors pourquoi avait-il conclu ce pacte ? Pourquoi avait-il franchi ce cap ?
Ninon… Elle n’était qu’une victime dans cette histoire. Il aurait dû mettre les voiles depuis le début. Ne jamais aller à sa rencontre. L’oublier avant de la rencontrer. Mais son parfum, sa voix, son sourire, sa patience… Tout obsédait Magnus. Le jeune homme ne se sentait pas de vivre sans elle. Elle était devenue son oxygène.
Ninon était endormie, et un gémissement de sa part attira l’attention de Magnus qui se leva pour la rejoindre sur le lit. Il resta un long moment à la regarder dormir. Il avait aimé ce moment passé avec elle. Ce moment fut si magique, si profond, si doux également. Il l’avait fait sienne, marquant son odeur sur elle, comme un animal. Embrassant chaque partie de son corps, explorant chaque courbe.
D’un doigt, il retraça son parcours. Du haut de la tête, pour caresser ses épaules, les lignes de son visage, puis la plénitude de ses lèvres. Il sentit son envie revenir lorsque leurs regards se croisèrent de nouveau. Et le sourire qu’elle arbora l’acheva. Il lui répondit, mais alors qu’elle avançait ses bras pour le serrer contre lui, Magnus se déroba. Il se leva du lit, chose qu’elle fit également, dévoilant son corps nu aux rayons du soleil. Magnus sentit ses résolutions se briser, mais tint bon.
- Ninon… Habilles-toi. Il faut que l’on parle. Je t’attends dans le salon.
Puis sans un autre mot, il prit ses propres vêtements et sortit de la pièce, laissant la belle seule, les draps à ses pieds, la peur dans les yeux.
- Mais tu te fiches de moi ?!! Hurlait-elle.
- Je t’en prie, Ninon. Ne rends pas les choses plus difficiles. Tentait de s’imposer le blond.
- Difficile ? Hoqueta Ninon.
Il pouvait lire la peine dans sa voix, et sur son visage. Elle retenait ses larmes, voulant être forte et brave.
- Tu couches avec moi et tu me jettes ?! Comme un simple mouchoir ?! Et tu me demandes de ne pas rendre les choses "plus difficiles" ?! Tu te fous de moi ?
- Je t’en prie… Il sentait son courage s’émietter.
- Non, Magnus. Non !! Ce que tu fais est … Il n’y a pas de mot ! Tu joues avec mes sentiments, avec mon corps. Je me suis donnée à toi parce que je t’aime, et toi tu foules mon cœur en me disant « C’était sympa, mais on doit s’arrêter là ».
- Je n’ai pas dit ça…
- Pas au mot près, mais ça revient au même !
Les larmes commençaient à perler de ses yeux verts. Elle serrait fermement les lèvres, mais le blond pouvait voir qu’elles tremblaient. Elle détourna le regard, fixant le sol. Ses poings étaient tout aussi serrés que ses lèvres.
- Je suis désolé…
Là ce fut le mot de trop. Sa main partit pour aller meurtrir la joue de Magnus. Elle pouvait encore sentir le sang affluer dans ses doigts. Magnus ne bougeait pas. Acceptant ce geste, tout simplement. Le regard impassible qu’il employait était la goutte qui fit déborder le vase. La jeune femme fila dans la chambre. Récupéra ses vêtements, s’habilla en vitesse.
Elle se dirigea vers la sortie. « Adieu » fut le dernier mot qu’elle lui offrit. Pas un regard, une caresse.
Magnus se laissa retomber sur le sol, complétement perdu. Que venait-il de faire… Il venait de gâcher son unique avenir. Sa joie de vivre venait d’être brisée, et par sa faute.
Il passa une main dans ses cheveux, en soupirant. Luttant contre les larmes. Ses lèvres tressautaient. Il les mordit alors, sentant le goût du sang arriver peu à peu dans sa bouche.
- Ça va ? Cette voix n’était autre que celle de Wyatt. Magnus lui lança un regard aphasique. J’imagine que non. Conclut le nouvel arrivant en s’installant sur un des fauteuils. Tu veux en parler ?
- Il n’y a rien à dire… Fit faiblement Magnus après un long moment.
- Peut-être que oui, peut être que non…
- Ce qui veut dire ? Répliqua sèchement le blond devant la tentative de Wyatt.
- Que tu es bien stupide, Magnus. Pourquoi as-tu fait ça ?
- Fait quoi ?
- Je ne sais pas… Détruire une relation qui aurait pu être une belle histoire ? Te mentir ? Te faire souffrir… Faire de la peine à ta sœur ? Proposa Wyatt.
Magnus releva les yeux vers cet étrange garçon. Il découvrit un jeune homme au visage sérieux qui le regardait sans aucun préjugé.
- Ce que je fais de ma vie ne regarde que moi.
- Possible. Mais ta sœur me dit souvent qu’elle aimerait te voir heureux.
- Heureux ? Mais je le suis déjà. Dit-il faussement joyeux.
- Vraiment ? Alors pourquoi tu es ici, assis et prostré dans ton coin ? Pourquoi j’ai vu une demoiselle en pleur sortir de chez vous ?
- Je…Je ne sais pas…
- Si, tu le sais Magnus. Tu es amoureux, mais ton sens du devoir est aussi fort que cet amour.
- Mon sens du devoir ? Répéta le blond, mal à l’aise.
- Tu veux faire passer Léonie avant tout. Mais Magnus… Tu vas te détruire. L’être humain est fait pour être égoïste et pour penser à son propre bonheur.
- C’est ça ton problème, mec. Il faut que tu sois plus égoïste. Penses à toi, et tu verras que Léonie ira mieux.
- Que connais-tu de notre vie, Wyatt ! Commença à s’emporter Magnus. Rien ! Tu ne sais pas ce que nous avons traversés, ce qui nous reste !
- Oui. C’est vrai. Concéda calmement l’homme au chapeau. Je ne connais pas votre passé, mais j’ai appris à vous connaître, vous. Vous êtes une étrange famille, tu sais ? Vous êtes si tristes, si perdu. Vous vous dites « seuls » et pourtant vous êtes soudés. Le visage de Wyatt se fit soudain grave. Vous avez vos propres épreuves. Je ne les jugerais pas, mais vous ne savez pas ce qu’est la réelle solitude.
- Wyatt… Tenta Magnus, mais il fut interrompu par un claquement de main provenant de Wyatt.
- C’est l’heure d’une partie de ping-pong ! Allez Magnus, viens que je te mette la pâtée !
Wyatt se leva et disparu dehors, laissant derrière lui un Magnus perplexe et mitigé. Cet étrange garçon venait de lui parler sans porter de jugement, exposant de simple fait. Il soupira et se sentit bien stupide d’avoir gâchée ses chances avec Ninon. La belle ne lui pardonnera jamais cette trahison.
La tête de Wyatt réapparut par l’embrasure de la porte d’entrée, un large sourire aux lèvres.
- Grouilles-toi Magnus le minus !
Le soir même, alors que Léonie venait de rentrer de chez sa sœur, Wyatt la pris à part, voulant lui parler de son frère. La journée avait été assez éprouvante pour la belle, car les jumeaux lui avaient mené la vie dure. Elle le suivit en soupirant, n’aspirant qu’à une longue douche et un bon film.
- Qu’est-ce qu’il y a Wyatt…
- Léonie… Que souhaites-tu pour ton frère ? Elle le regarda, arquant un sourcil.
- Je ne comprends pas…
Wyatt se passa une main sur le visage. Comment pouvait-il lui faire comprendre que son propre frère était plus bas que terre, et ce, par sa faute.
- Wyatt… Tu m’inquiète. Paniqua-t-elle. Où est Magnus !?
- Il va bien… Enfin, il pourrait aller mieux.
- Comment ça ? La peut était lisible dans les yeux de Léonie. Il est à l’hôpital ?! Il est blessé ! Vite, je dois y aller.
Le jeune homme la retint par le bras, il serra surement un peu fort, car la blonde lui lança un regard apeuré.
- Il est au travail, ma belle. Pas de quoi se faire des cheveux.
- C’est mon frère Wyatt ! S’il est mourant, je dois le savoir !! Hurla-t-elle.
- Ecoute-moi ! Hurla-t-il à son tour. Cela étonna la blonde qui recula d’un pas. Ecoute-moi…s’il te plaît. Ton frère vient de subir une épreuve difficile, Léonie. Et par ta faute.
- Ma faute… ? Souffla-t-elle.
- Oui, même si c’est pas intentionnel.
- Wyatt ! Je ne comprends rien à ce que tu racontes ?! En quoi ça serait de ma faute ? Qu’est-ce que j’ai fait ?!
- Calme-toi, ma belle. Ton frère est en plein chagrin d’amour.
- Et en quoi ça serait de ma faute ?
- Tu le retiens prisonnier. Il vient de quitter celle qu’il aime.
- Prisonnier ? Franchement, Wyatt… Tu n’exagères pas ? Je n’ai jamais empêché Magnus d’aimer ou de vivre une histoire d’amour.
- Et pourtant, si. Elle le fixa, perdue.
Jamais elle n’avait interdit son frère de fréquenter. Au contraire, elle serait heureuse de le voir heureux, en couple. Amoureux, comme ses sœurs le sont.
- En n’étant pas heureuse, il ne s’autorisera jamais de l’être. Il tient trop à toi pour te trahir, Léonie.
- Je ne suis pas malheu…
- Si ! Si tu l’es Léonie. Tu pleures sans cesse. Tes sourires pleurent, tes yeux pleurent, chacun de tes soupirs sont des larmes. Je ne sais pas ce qui te ronge ainsi, mais ça me fait mal de te voir comme ça.
Elle déglutit, avec difficulté. Les yeux de Wyatt étaient perçants, bien trop perçants. Il arrivait à lire en elle comme dans un livre ouvert. Pourtant, elle se croyait « discrète », bonne actrice.
- Wyatt… Tu te trompes…
- Ah oui ? Dit-il à moitié amusé.
- Oui. Je suis parfaitement heureuse.
- Être "parfaitement" heureux… Ça n’existe pas Léonie. On l’est ou on ne l’est pas. La perfection n’entre pas en compte dans le bonheur.
Elle sentit ses barrières se briser, au contact de Wyatt. Ce dernier venait de lui prendre le menton entre ses doigts. Ils étaient brûlants, ces doigts. Bien vivant, si doux et si fort à la fois.
- Je… Que… Balbutia-t-elle.
- Léonie, regarde-moi. Elle s’exécuta. Ce qu’il te faut, c’est remplir ce vide que tu as dans le cœur.
Il était si près, elle pouvait sentir son haleine caresser ses lèvres. Les yeux marron la fixaient. Si puissant, si dominateur, si… si… Si Wyatt… Léonie ne comprenait pas ce qui lui serrait autant le cœur, mais cela n’était pas si désagréable. Ce rythme soutenu de ces battements, ce martèlement était plaisant et rassurant, même si les pulsions de son corps devenaient incontrôlables, et effrayantes.
- Ne veux-tu pas que je comble, ce vide ?
Les yeux du jeune homme avaient perdu de leur puissance, laissant place à une étrange douceur et détermination, qui ravit le cœur de la belle. Sans un mot, elle approcha sa bouche de celle de Wyatt et lui caressa les lèvres des siennes. Une douce caresse, simple, légèrement appuyée, suave.
Les lèvres de Wyatt s’étirèrent en un sourire à la fin de leur échange.
- J’espérais quelque chose de bien plus fougueux pour un premier baiser. Dit-il avec malice.
Léonie baissa le regard, les joues écarlates. Pour elle, c’était son tout premier baiser. Pas uniquement avec Wyatt, mais de sa vie. La petite Léonie ne s’était jamais intéressée à l’amour, trop occupée à se détruire elle-même. De nouveau Wyatt lui prit le menton et la força à le regarder.
- C’est ton premier … ? Le rouge des joues de la jeune femme s’intensifièrent. C’est mignon. Ne put s’empêcher de rire Wyatt.
- Mignon ?! S’offusqua-t-elle. Tu te fous de moi ?! Elle commença à se dégager de son emprise, mais il la força de nouveau à lui faire face.
- Léonie… Regarde-moi…
- Non… Souffla-t-elle.
- Si tu ne le fais pas, je t’embrasse de nouveau, dit Wyatt pour la taquiner.
Mais elle ne s’exécuta pas, cela arracha un sourire au jeune homme qui l’embrassa de nouveau. Ce baiser était doux, comme le précédent, mais Wyatt avait plus d’expérience et savait quand il fallait approfondir l’échange.
Cela étonna Léonie qui voulut se dégager de son étreinte, mais Wyatt lui fit comprendre qu’elle ne devait pas fuir. Elle devait enfin assumer ses sentiments, ses envies, comme lui il assumait les siennes. Elle se laissa alors couler entre ses bras, le laissant parcourir son corps de ses mains si chaudes, si douces, si agiles. Elle sentait son cœur se réchauffer, ses sens l’abandonner. Elle avait envie de lui. Chose qu’elle n’avait jamais ressenti auparavant. Elle avait toujours pensé que sa première fois l’effraierait. Mais elle était sereine, pleine d’envie, de fantasme. Elle rêvait de parcourir de ses doigts la peau du jeune homme. De caresser ses cheveux, de goûter pleinement sa bouche.
Wyatt dû ressentir la même chose, car, d’une main experte, il défie les vêtements de la blonde, qui honteuse malgré tout, se laissa guider jusqu’au sol, où ils firent connaissance de leurs corps et de leur cœur.
Re: La Lignée des Vauganne
Episode 6 : Eaux troubles
- Spoiler:
Le temps passa à une vitesse folle, laissant l’automne s’installer définitivement.
Tout le monde dormait, sauf Magnus, qui entretenait avec passion le petit potager familial.
Oui, tout le monde dormait encore. Qui était ce « tout le monde » ?
Un couple nouveau qui apprenait à se connaître plus intimement chaque soir. Ils étaient tous les deux libres de s’aimer et s’ébattre de tout leur saoul. Léonie apprenait peu à peu le langage charnel aux côtés de Wyatt, qui sous ses airs folâtre, était un amant doux et patient, trouvant charmant l’inexpérience de sa compagne.
Wyatt ouvrit enfin les yeux et croisa le regard bleuté de Léonie. Il lui prit la main, main qu’il baisa délicatement, alors qu’elle gloussait.
- Bonjour, la plus belle.
- Bonjour, le plus beau.
C’était devenu leur salutation quotidienne. Si l’un d’entre eux dormait encore, l’autre restait à ses côtés à l’observer, tout simplement.
- Bien dormi ? S’enquit Wyatt, la voix encore un peu enraillée par le sommeil.
- Comme un chat. J’adore être dans tes bras pour dormir. Tu le sais…
Léonie esquissa un sourire lorsque Wyatt caressa le dos de sa main de son pouce. Ce simple geste avait le don de la rassurer. Même si elle était en proie de tourment, la demoiselle Vauganne se savait en sécurité car Wyatt ne dormait pas tant qu’elle n’était pas profondément endormie. Si elle s’agitait, il lui caressait les cheveux ou la prenait dans ses bras. Jamais elle ne s’était sentie autant aimée. L’amour de la famille est différent. Réconfortant et agréable, mais si différent.
Elle se redressa, voulant quitter l’étreinte de son homme, à contrecœur. Lentement, elle dénoua ses muscles en étirant les bras vers le plafond, ses cheveux glissant dans son dos. Wyatt joua délicatement avec eux, faisant glousser la belle.
- Arrêtes ça. Tu me chatouilles !
Cela attisa l’appétit du jeune homme qui passa un bras autour des épaules de sa petite amie, qui en premier lieu surprise, se tournant vers lui. Ce fut ainsi qu’il lui arracha un baiser. Léonie aimait ses baisers, mais lorsqu’elle n’était pas lavée, elle se sentait impure. Elle ne voulait pas paraître sale et négligée devant lui.
Alors elle se couvrit la bouche et fit en sorte de ne pas parler face au nez de Wyatt.
- Y’a un truc qui va pas ? Demanda le jeune homme.
- C’… C’est rien. Tenta-t-elle en bégayant.
- Léonie… Tu t’inquiètes encore pour ça ?
- Mais c’est important !
- On est tous pareil, ma belle. Ça prouve que tu es vivante !
- Vivante… Vu l’odeur… Je me le demande.
Il approcha de nouveau son visage du sien. « Trop près ! » pensa Léonie, qui tenta de le repousser avec force. Mais il maintint la pression sur son épaule, la forçant à la regarder. Elle était rouge. De honte, de gêne, de mal être. Mais le regard de son amant apaisa ses craintes, et gagna même un sourire lorsqu’il huma l’air qui flottait autour d’elle.
- Léonie… Tu sens bon…
- Arrête… J’ai transpiré.
- Vu notre nuit… j’espère bien ! La taquina t’il.
Elle voulut lui donner un coup de coussin, mais il anticipa son geste en l’embrassant. La blonde se laissa faire, appréciant le moment. Elle aimait Wyatt, et cela s’intensifiait de jour en jour. Il savait y faire avec elle. Passant parfois ses caprices ou en les tournant en dérision. Les lubies de Léonie devenaient farce, et la belle se rendait compte du ridicule de ses propos –la plupart du temps.
Plus tard, l’on vint sonner à la porte de la maison. Cette étrange silhouette annonçait à un heureux événement. La femme à qui appartenait ce ventre était furieuse. On pouvait le ressentir à la pression continue qu’elle exerçait sur le bouton. Par-dessus le boucan, la voix de Léonie s’éleva.
- Qui est-ce ?
Lorsque Léonie apparut, elle put voir Audaline qui refermait la porte derrière elle. La colère sur son visage ne présageait rien de bon. Léonie se souvenait des terribles crises de son aînée. Petite, elle allait toujours se réfugier dans la chambre de ses parents, par peur.
- Toi ! Commença la femme en robe.
- Audaline, qu’est-ce que tu fais ici ?
- Ce que je fais ? Et bien, ce que tu ne fais pas ! Je viens vous rendre visite.
- Et tu as besoin de d’être en colère pour ça ? Dit Léonie d’une petite voix, aussi effrayé que lorsqu’elle était enfant.
- Je suis en colère car jamais vous ne venez ! C’est toujours à nous de nous déplacer ! Mais mer*e ! Léonie, tu n’es plus une enfant ! Grandis un peu !
La puînée était désorientée, perdue, bouleversée. Certes, transie d’amour, et vivant dans sa bulle, elle avait laissé les mois filés et avait négligé ses sœurs… Mais de là le lui reprocher ? Après tout, n’était-ce pas elles qui souhaitaient la voir heureuse, la voir avancer dans la vie ?
- Je ne comprends pas, Audaline ! Ce n’est pas toi qui me dis tout le temps : « trouves toi un boulot, fais ta vie ? »
- Oui, mais pas en nous négligeant ?!
- Je ne vous ai pas négligé !
- Ah oui ? Alors sais-tu que je suis enceinte ?
- Qu ?!... Enceinte ? Mais c’est imp…
- Impossible ?
- Tu nous avais dit que tu étais stérile… Elle fixa le ventre de sa sœur. Je suis désolée, avoua t’elle d’une petite voix.
- Stop ! Je ne veux pas de tes excuses.
- Que veux-tu alors ? Dit Léonie, sentant sa peine grandir. Tu rentres chez moi, tu m’agresses, tu m’accuses de beaucoup de chose, tu m’apprends ta grossesse, et tu ne souhaites rien de moi ?!
- Oui. Répondit avec hargne l’aînée.
- Tu sais quoi ? Tu me déçois… Tu me déçois grandement, Audaline. Fit Léonie, en retenant ses larmes.
Audaline observa sa puînée et ses yeux luisant de larme. L’enseignante se sentit bien stupide d’un coup. Elle venait d’hurler comme une poissonnière sur sa petite sœur. Elle n’avait jamais haussé le ton contre elle, jamais ! Cela faisait partit de son éthique d’enseignante. Elle se gratta derrière le crâne, un peu gênée de s’être ainsi comporter.
Elle invita alors sa petite sœur à toucher son ventre. Léonie esquissa un léger sourire en voyant sa sœur s’adoucir. Aucune d’elle ne s’excusera, trop fière pour cela. Et puis, au fond d’elles, elles se savent pardonnées. Les mots furent prononcés, les sentiments ont surgi. Fin, l’affaire était close. Et puis, voir Léonie aussi émue ne pouvait qu’amadouer Audaline.
- Vous savez quel sera le sexe ?
- On veut la surprise avec Nordine.
- Oh… Donc on ne saura pas non plus le prénom ?
- Et non ! Les couples d’aujourd’hui ne gardent plus le secret. On veut jouer avec vos nerfs. Plaisanta l’enseignante. Et puis, honnêtement, on n’est pas encore fixé. C’est un sujet qui alimente nos disputes.
Léonie fixa sa sœur qui avait le visage un peu déconfit. Peinée, elle prit son aînée par les épaules et la força à la regarder.
- Tout va bien ?
- Oui, ne t’en fais pas.
- Mais… Non, Audaline, j’ai beau être ta cadette, je vous bien qu’il y a quelque chose qui te tracasse. Cela fit doucement sourire Audaline, qui soupira avant de répondre.
- C’est juste que… Othilie… ses enfants sont déjà adolescents. Et moi, je suis l’aî… la deuxième de la famille, la plus vieille, et mon premier enfant n’est pas encore né.
- Et alors ? Chacun son rythme pour procréer.
- Ce n’est pas ce que je veux dire. Aah ! Je m’exprime mal… Léonie… Je suis trop vieille pour avoir un enfant.
- Tu n’es pas vieille, Audaline !
- Si ! Bien sûr que si ! Mes rides le prouvent !
- Ca ne veut rien dire, ça ! La jeunesse c’est qu’une question d’esprit.
- C’est parce que tu es jeune que tu peux encore te permettre de dire cela, Léonie. Mais franchement, mon corps ne répond plus aussi bien qu’à mes vingt ans. J’ai peur de ne pas savoir m’occuper de mon enfant.
Léonie sourit. Sa sœur était si attendrissante en se dévoilant. Ses craintes étaient réelles, mais Léonie les savait vaine et stérile.
- Audaline, si toi tu es incapable d’élever un enfant, alors autant que je n’en fasse pas. Tu as ça dans le sang !
- Tu crois ?
- Oui ! N’est –ce pas toi qui s’occupais de moi lorsque Maman ne le pouvait pas ?
Cela fit sourire l’aînée. Oui, Léonie avait raison. Si leur propre mère avait confiance en elle, alors pourquoi elle n’aurait aucune confiance en elle-même. Elle gratifia Léonie d’une étreinte tendre et solide. Puis sans un mot rejoignit Magnus dans le salon qui discutait tranquillement avec Wyatt. Les deux hommes avaient entendu les éclats, mais n’étaient pas intervenus –lâcheté ou bon sens ? Eux seuls le savent.
Audaline embrassa son frère puis remarqua le jeune homme aux cheveux bleu. Il était souvent chez sa sœur, bien trop souvent pour qu’elle ne le remarque pas. Et surtout, il était bien trop proche d’elle. Avec un sourcil arqué, elle intima sa cadette à lui expliquer la situation.
Les joues un peu rouges, elle prit Wyatt par le bras et le mena devant Audaline qui attendait en silence.
- Je…
- Vas-y ! L’encouragea Wyatt à voix basse.
- Et bien… Voici Wyatt et c’est… mon petit ami…
La timidité de Léonie rendait si mignonne la jeune femme que Wyatt ne pouvait s’empêcher de la regarder affectueusement.
- Je vois. Dit simplement l’aînée. C’est donc pour cela qu’on ne te voyait plus.
- Tu ne vas pas recommencer, Audaline. Elle a compris. Toi aussi, tu étais sur ton nuage et toujours après Nordine à vos débuts. Cette réplique fit réfléchir un instant la femme enceinte.
- Tu as raison… Mais j’étais bien plus jeune qu’elle à ce moment-là.
- Peut-être mais tu étais amoureuse. Cela fit sourire de plus belle la future mère, qui frappa dans ses mains.
- Bien ! La discussion est close ! Messieurs, si vous me montriez vos performances musicales ?
Cette demande fit sourire Wyatt encore plus qui lâcha si facilement la main de Léonie. La blonde, un peu déçue, déclara qu’elle préférait aller s’entraîner sur le mannequin à l’extérieur.
Le temps passa agréablement. Léonie essayait de rassembler ses idées, tout en exécutant quelques mouvements de Sim-Fu. Sa sœur était enceinte, alors qu’on lui avait certifié que cela était impossible. Sa stérilité s’était-elle envolée ? Les médecins se seraient trompés ? Les erreurs médicales –ou les mystères de la nature- étaient si rare que Léonie avait du mal à le croire, pourtant, le ventre bien rond et les coups qu’elle put sentir lorsqu’elle le toucha n’était pas un mirage. C’était bien réel.
Alors qu’elle allait exécuter un nouveau mouvement, un cri atroce résonna dans la demeure. Léonie loupa son coup, donnant une tape dans le bâton, qui vint meurtrir sa joue. Elle jura tout en le fixant furieusement puis fila à l’intérieur.
Elle trouva alors sa sœur qui se tordait de douleur dans le salon, trempée et hurlant, accompagnée des deux hommes qui hurlaient tout autant qu’elle.
- Léonie ?! Qu’est-ce qu’on doit faire ? S’écria Magnus.
- Mais bon sang ! Réagissez ! Aidez là à monter dans la voiture, le temps que je me chausse et je trouve les clés !
S’assoir dans la voiture fut une terrible épreuve. Audaline hurlait si fort qu’elle abima les tympans de Wyatt qui s’éloigna fissa. Magnus, lui écopa d’un bel œil au beurre-noir. Ce fut, tous les deux meurtris, qu’ils regardèrent la voiture filer rapidement vers l’hôpital.
Mais la vie continuait, et Magnus avait une représentation ce soir-là. Impatient, il était plus qu’enthousiasme avant de monter sur scène. Le public ne fut pas nombreux mais il fut plaisant et participatif. Magnus prit le temps de discuter avec eux après le concert, et ces derniers lui promirent de lui faire de la publicité, le tout en achetant son disque.
Au même moment, Léonie félicitait le jeune Papa en la personne de Nordine. Il arrivait d’un entraînement, dans un lieu tenu secret. Il quitta son travail dans la précipitation, mais il était si loin qu’il loupa la naissance de son enfant.
- Merci d’être restée près d’elle, Léonie.
- Pas de merci ! C’est tout à fait normal. J’allais pas laisser ma sœur toute seule.
Cette réponse arracha un sourire au militaire qui s’éloigna d’elle afin d’embrasser sa femme sur la joue et filer se changer.
Audaline venait de mettre un monde un petit garçon qu’ils prénommèrent Maverick. Léonie se sentait si fière qu’elle ne pouvait quitter sa sœur. La blonde lui proposa alors de rester dormir cette nuit-là dans l’une des chambres. Léonie accepta, un grand sourire aux lèvres puis embrassa son nouveau neveu.
Re: La Lignée des Vauganne
Episode 7 : Faux espoirs
- Spoiler:
Revenant de son jogging, Léonie s’attela aux corvées. Les factures !? Lorsqu’elle était jeune, elle ne se pouvait se douter de la difficulté de payer ses traites en temps et en heure. Ses parents vivaient sur les économies de ses grands-parents, même si Servan travaillait. En partant d’Appaloossa, ils avaient laissé derrière eux bien plus qu’une famille.
Elle signa un dernier chèque, avant de le mettre sous enveloppe et de le poster. Elle devait rapidement trouver un emploi. Premièrement pour une raison financière, et deuxièmement, pour Magnus. Il n’avait jamais discuté de sa rupture avec Ninon. Elle n’était pas sensée le savoir, Wyatt étant le seul dans la confidence. Mais ce que son frère ignorait, c’était que Wyatt se confiait beaucoup à la belle. Ce dernier espérait sûrement qu’elle se confiât à son tour ?
Mais Léonie n’était pas prête. Loin de là… Parler de Neeve lui serrait la gorge. Les larmes n’étaient pas encore taries. Pourtant les années étaient passées.
La sonnerie de son téléphone coupa court à ses réminiscences. Un peu embrumée, elle fixa un petit moment l’écran. Elle ne connaissait pas ce numéro. Elle n’avait pas pour habitude de répondre lorsqu’elle ne connaissait le numéro. Mais son instinct lui dicta le contraire.
Elle posa son doigt et glissa la réglette et permit la communication. Elle colla l’appareil contre son oreille et attendit une réponse.
- Allo ? Finit-elle par dire.
- Léonie ? Léonie Vauganne ? Demanda la voix.
- Oui… Vous êtes ?
- Ah oui, pardon ! Je m’appelle Ninon Kranker. Je suis… Enfin j’étais une amie de votre frère.
Ninon ? Alors qu’elle pensait à cette femme qui avait bouleversé son frère. Léonie pouvait enfin mettre une voix sur un nom. Il ne manquait plus que le visage, et cette Ninon vivrait pour de bon dans la tête de la blonde.
Léonie resta un petit moment silencieuse. D’une, car elle ne savait quoi dire, de deux, elle sentait son interlocutrice fragile et timide.
- Je peux vous aider ? Demanda-t-elle, un peu mal à l’aise.
- Je suis désolée ! Je n’aurais jamais dû appeler…
- Mais non, voyons ! Si vous saviez combien Magnus est profondément touché de votre départ.
- … Vraiment ? Demanda Ninon d’une petite voix, mêlant surprise, joie et sarcasme.
- Je ne connais pas les détails de votre histoire. Pour tout vous dire : Je ne suis même pas censée connaître votre existence.
- Je sais… Magnus a toujours voulu vous épargner la moindre peine.
- Ecoutez Ninon… J’ai le sentiment que vous avez besoin de me dire quelque chose. Ça ne serait-il pas plus facile de vive voix ? Je suis disponible.
- Ça ne vous dérange pas ? Léonie put sentir le soulagement dans sa voix.
- Pas le moins du monde.
- Par contre… Vous serez-t-il possible de venir ? Vous comprenez… Avec Magnus chez vous…
- Oui, oui ! Bien sûr ! Pas de soucis. Le temps de prendre mes clés et je suis chez vous.
- Merci…
Léonie prit les coordonnées de la jeune femme, se précipita à l’intérieur, se saisit de ses clés de voiture et fila à tout allure chez Ninon.
Arrivée sur place, Léonie découvrit une bien étroite demeure mais assez jolie. A peine eut elle garée la voiture et défait sa ceinture qu’elle aperçut Ninon à sa fenêtre. Enfin, elle devina que c’était elle. Sans attendre, la blonde descendit du véhicule et rejoignit l’autre femme qui eut le temps d’enfiler un manteau. Ninon vint à sa rencontre, le sourire un peu pâle.
- Léonie ?
- Et vous êtes Ninon, je présume ?
- Vous présumez bien.
Elles se serrèrent la main. Léonie était un peu intimidée, car la jeune femme était pleine d’assurance. Elle la détailla du regard : yeux verts, cheveux légèrement teintés de roux, des tâches de rousseurs mais un visage tendre et souriant. Elle comprenait pourquoi Magnus s’était épris d’elle.
- Je dois dire que vous êtes conforme à l’image que je m’étais faite de vous.
- Pardon ? S’étonna Léonie.
- Et bien, votre frère m’avait fait un portrait parlé de vous.
- Oh… Désolée…
- Pourquoi être désolée ? Léonie, vous êtes ce que vous êtes : une jeune femme splendide qui a besoin d’apprendre à sourire.
- C’est que Magnus vous a dit ?
Ninon lui offrit un sourire. Son seul sourire suffit à Léonie pour comprendre à quel point la pauvre Ninon avait enduré à cause d’elle, et de l’attachement de Magnus à son encontre.
Léonie se mordit la lèvre et se tortilla les doigts. Elle était si transparente que cela ? Une étrangère, une femme qu’elle n’avait jamais vue venait de la percer à jour.
- Je tiens à m’excuser. Finit par dire Léonie.
- De quoi ?
- A cause de moi, Magnus ne s’autorise pas à être heureux. Et par conséquent, je vous retire ce bonheur également…
- Léonie… Commença Ninon.
- Non ! Laissez-moi parler, s’il vous plait… Je sais que je suis loin d’être parfaite. En même temps, j’en ai pas envie, mais chaque jour, mon passé m’empêche d’avancer.
- Vous voulez parler de votre autre frère ?
Ainsi, elle était au courant pour Neeve ? Magnus devait avoir une grande confiance en elle pour parler des défunts. Chose qu’elle n’eut encore courage d’aborder avec Wyatt.
- Léonie, votre frère avait besoin d’oreille attentive, d’une épaule sur laquelle pleurer. Mais vous n’étiez pas celle qui lui fallait. J’étais là, et j’en étais heureuse. La mort de votre frère est terrible. Et votre départ pour ce renouveau est courageux. Malgré votre déchirure familiale, vous êtes restés soudés avec vos sœurs. Je trouve cela si beau, si … exemplaire !
Léonie resta muette. Il avait vraiment parlé de tout ! Même de ce qui faisait le plus honte à la blonde.
- Ne lui en veuillez pas, je vous en prie ! Ninon avait surpris la colère qui commençait à poindre sur le visage de Léonie. J’ai dû lui tirer les vers du nez. Vous savez… Quand vous trouvez l’homme que vous aimé en larme, vous ne pouvez rester impassible. Vous devez savoir ! Je devais savoir…
Léonie croisa les bras et se permit de réfléchir. Si Wyatt ne lui avait pas raconté ses déboires au début, peu de temps après leur rencontre, elle aurait aimé savoir elle aussi. Connaître le passé de ce qu’on aime est naturel. Même si un souvenir est sans importance, il le devient aux yeux de l’autre.
- Et puis… J’aimerais que mon enfant sache d’où il vient. Même si Magnus m’a répudié… je… Je tiens à ce que notre enfant connaisse son père.
- Son enfant ?
Léonie remarqua enfant le gros ventre de Ninon, bien au chaud sous son épais manteau. La blonde, un peu fébrile, demanda l’autorisation de toucher, autorisation que la future mère lui donna. Léonie se sentait fébrile. Elle pouvait sentir la vie battre dans ce cocon de chair. Un petit bout de Magnus grandissait, hors du cercle familial.
- Ninon… Il faut que Magnus le sache !
- Non ! Je ne veux pas détruire sa vie.
- Je ne pense pas qu’un enfant la détruise ! Au contraire ! Au fond de lui, il n’attend que ça : faire sa vie.
Ninon repoussa gentiment les mains de Léonie de son ventre.
- Il est beaucoup trop tôt… Je ne suis pas prête à le revoir.
- Mais…
- Non… Vraiment… Magnus est l’homme que j’aime, le père de mon enfant, mais la méthode qu’il a employé pour rompre me reste proprement amère et impardonnable.
- Je veux bien le croire, mais il vous…
- Aime ? Termina Ninon à la place de la blonde. Je sais… C’est ça qui est le plus terrible dans l’histoire, n’est-ce pas ? Deux personnes qui s’aiment mais qui ne peuvent être ensemble, car l’un d’eux s’y refuse…
Ninon vu la tristesse dans le regard de Léonie. Et cette tristesse la toucha à son tour. Elle laissa les larmes s’échapper de ses yeux verts. Léonie voulut la prendre dans ses bras, afin de la réconforter mais Ninon refusa violement.
- Je ne veux pas de ta pitié ! … Je suis désolée. Je me suis emportée… Léonie je… C’était une mauvaise idée. Je n’aurais jamais dû t’appeler. Restons en la, et s’il te plaît : n’en parle pas à ton frère.
- Mais…
- Non… Je t’en prie… Ne détruis pas plus encore sa vie. Tu le brises assez comme ça…
Et sur ces paroles, Ninon regagna sa demeure, laissant une Léonie désappointée et perdue. Comment pourrait-elle oublier tout ce qu’elle venait de voir ? D’entendre ? D’apprendre ?
Sans attendre, elle fila à toute allure. Elle ne pouvait rester ici plus longtemps. Elle allait exploser. Ninon venait de lui reprocher l’état et la vie de son dernier frère. Léonie était plus que touchée. Elle n’avait pas tort, la demoiselle Kranker avait vu juste. Qui avait détruit la vie de Magnus si ce n’était-elle en restant cloîtrée, prostrée et perpétuellement malheureuse.
Elle grimpa en hâte dans sa voiture, et une fois la portière refermée, elle laissa sa peine et son chagrin ressortir. Elle pleura toutes les larmes de son corps, frappant parfois le volant de son véhicule. Il fallait que ça cesse ! Il fallait qu’elle change ! Il lui fallait enfin vivre !
Quelques jours étaient passés depuis sa rencontre avec Ninon. Et Léonie était encore engourdie par les reproches –justes et réalistes-de la belle. Elle avait passé son temps à se morfondre, à ne plus voir l’avenir avec ses œillères. Pourtant, lorsqu’elle regardait devant elle, elle pouvait voir son unique frère et son petit ami. Un avenir radieux à leur côté.
Mais garder sous clé le terrible secret qu’était la grossesse de Ninon était difficile pour Léonie. Elle se sentait coupable, surtout en présence de Magnus. Lui ne se doutait de rien, continuant à travailler sans relâche et à protéger sa petite sœur.
Mais Léonie tentait malgré tout de passer outre ses sentiments et de feindre l’ignorance. D’être naturelle.
Mais la comédie et le mensonge n’étaient pas dans le tempérament de la demoiselle. Même si Magnus, trop éreinté et occupé pour s’en apercevoir, Wyatt n’était pas né de la dernière pluie.
Il pouvait sentir que sa petite amie était en proie de doute. La nuit, elle avait la fâcheuse tendance à parler dans son sommeil. Et ses cauchemars, qui s’étaient calmés, étaient de retour.
- Vous avez faim ?
- Et comment ! S’exclama Wyatt.
- Et toi Magnus ? Tu as des envies particulières ?
- Ben… T’embêtes pas trop Léonie. Un truc simple ça m’ira.
- Des croque-monsieur ?
Le sourire de Magnus fut approbateur. Il adorait cela, surtout ceux de sa sœur. Léonie embrassa furtivement Wyatt sur la joue puis disparu dans la cuisine en chantonnant légèrement. Wyatt l’observa du coin de l’œil, troublé par sa présence d’esprit. Léonie adorait cuisiner, mais elle se souciait rarement des envies des deux hommes. Magnus remarqua l’air inquiet de l’homme au chapeau et lui fit signe qu’il pouvait y aller.
Léonie récitait en marmonnant les différents ingrédients dont elle avait besoin, le nez dans le frigo, elle ne vit pas Wyatt arriver dans la pièce. Ce fut en refermant la porte qu’elle l’aperçut enfin, retenant un petit hoquet de surprise, et manquant de lâcher quelques-uns de ses ingrédients.
- Wyatt ?!!
- Et bien… Toujours aussi maladroite. Dit-il en rattrapant de justesse le pain.
- Tu n’as qu’à pas me surprendre ! Dit-elle faussement énervée, avant de rejoindre le plan de travail.
Wyatt l’observa de nouveau. Elle avait des gestes saccadés et nerveux. Répétant chaque mouvement plusieurs fois, cherchant par où commencer. Pourtant elle connaissait la recette par cœur. Son petit ami se colla à elle et prit ses mains entre les siennes. Elle tremblait. Il soupira.
- Qu’est-ce qu’il se passe ma belle ? Dit-il au creux de son cou.
- Mais rien…
- Léonie, je commence à te connaître. Et tu n’es pas dans ton état normal.
- Ce ne sont pas tes affaires Wyatt !
Elle dit cela avec tant de véhémence, que le jeune homme sursauta et recula doucement. Elle soupira à son tour, tentant d’expulser son mal être.
- Excuse-moi… Je suis un peu tendue…
- Un peu seulement ? La taquina t’il.
- Bon… Beaucoup…
- Cela concerne ta récente escapade ?
Elle sourit malgré elle en repensant à cela. Elle était restée des heures dans la voiture et Wyatt l’attendait devant la porte d’entrée. Il ne lui avait pas posé de question, mais elle avait vu dans son regard qu’il s’était rendu compte de ses larmes. Elle lui avait alors offert qu’un triste sourire et s’était laissé couler dans ses bras, heureuse de la chaleur qu’il lui offrait. Il n’avait posé aucune question. Il était comme cela Wyatt : patient et attentif.
- Léonie… Il faut que tu parles… Sinon tu n’en sortiras jamais indemne.
- Il est trop tard…
- Non, ma belle. Je suis là, moi. Je ne partirai pas.
Et elle savait ces paroles sincères. Elle souffrait encore de l’abandon de sa famille, de Neeve et de ses parents. Au fond d’elle, même si elle savait que la mort était naturelle et capricieuse, elle n’arrivait pas à leur pardonner leur départ. Elle avait encore besoin d’eux. Et à cause d’eux, elle se reposait que trop sur Magnus, qui, à cause d’elle, détruisait sa vie.
Une larme perla sur une des mains de Wyatt qui s’étonna. Il regarda alors Léonie qui pleurait en silence, fixant droit devant elle, loin. Il essuya alors le coin de l’œil de sa petite amie qui se reprit à son contact.
- Je… Ce sont les oignons ! Tenta de se défendre la blonde, alors qu’elle frottait frénétiquement ses yeux.
- Ne te mens pas Léonie… Dit Wyatt au creux de son cou. Pleure si tu en as besoin.
Elle lui baisa la joue tendrement, arrachant un petit sourire au jeune musicien.
- Merci Wyatt, mais ça ira. Je suis seulement un peu perdue.
- Hum… Je t’écoute. Fit-il tout en lui couvrant le cou de baiser.
- J’ai rencontré Ninon.
- Ninon ? La petite amie de ton frère ?
- Oui… Et… Elle est enceinte.
- De Magnus ?
- Je n’ai pas posé la question… Ça m’a semblé logique vu qu’elle crève d’amour pour lui.
- Et quel est le problème alors ?
- Elle refuse qu’il soit au courant.
Resta un petit moment silencieux, le menton reposant sur l’épaule de sa petite amie, qui avait repris sa préparation. Si Magnus était compliqué, la Ninon n’était pas mieux. Ou alors il était un peu simple d’esprit en écoutant son cœur plus que sa raison. Lui, il aurait volé jusqu’au nid de son amant en lui apprenant sa grossesse et aurait conclu l’affaire par un Happy-End. Mais la vie était différente et si diversifiée. Si ce n’était pas le cas, il s’ennuierait sûrement.
- Va lui dire !
- Quoi ?!
- Léonie, c’est en train de te ronger ma belle !
- Oui, mais j’ai promis. On ne rompt pas une promesse. S’entêta-t-elle.
- Non… Mais parfois il est nécessaire de briser une confiance pour la regagner par ensuite.
Elle comprenait ce qu’il voulait dire mais elle n’était pas sûre. Quand bien même, elle l’annonçait à Magnus, qu’elle serait la meilleure façon ? Le ton de la plaisanterie ? Le sérieux ? Entre deux sujets comme on parle de linge sale ?
- Je ne suis pas sûre…
- Si tu proteste encore une fois, je t’embrasse ! Dit-il faussement menaçant.
Cela arracha un léger sourire à la demoiselle qui ferma les yeux. Il fit de même et alla toucher de ses lèvres celle de son amante.
Léonie était heureuse. La présence de Wyatt, sa chaleur, sa candeur, lui permettait de remonter la pente. Elle n’aurait jamais espéré vivre tant de bonheur. Il avait toujours le mot pour la faire sourire, ou encore la calmer, l’apaiser. Il savait la guider et la manier.
Après avoir mangé, Léonie était assise sur l’un des meubles de la salle à manger. Elle attendait son frère qui était partit travailler. La porte claqua, signifiant son retour.
- Léonie ?
Elle avait alors le menton sur la main. Elle releva la tête et regarda son frère. Il pouvait lire dans son regard un triste mélange entre la joie et la peine. Elle était tiraillée.
- Magnus… Tu es rentré.
- Léonie, est-ce que ça va ?
- Oui, oui…
- Tu es sûre ? Demanda-t-il en la prenant par les épaules.
- Mais oui ! Répondit-il avec hargne en le repoussant. Magnus, il faut que je te parle. Finit-elle par dire après un moment de silence.
Ils s’installèrent alors dans le salon, chacun sur un coin du canapé. Léonie avait gardé le silence depuis plus de cinq minutes, laissant son frère dubitatif. Puis elle finit par lui avouer avoir rencontré Ninon.
- Comment allait-elle ? S’enquit-il.
- Bien…Enfin je crois.
- Tu crois ? Répéta t’il inquiet.
- Je la connais pas Magnus ! J’ai pas de point de comparaison.
- Même sans ça, tu peux voir si quelqu’un est bien ou pas, Léonie !
- Et être enceinte, c’est être malade pour toi ? Demanda-t-elle d’une petite voix, détournant même le regard.
- En…Quoi ?! S’estomaqua Magnus.
- Enceinte, en cloque… Attendre un enfant.
- Oui, j’ai compris ! Merci ! La coupa t’il.
- Excuses moi Magnus… Je ne savais pas comment te l’annoncer. Tenta t’elle afin d’apaiser la colère de son frère.
- … Ce n’est pas ta faute. J’imagine qu’elle t’a demandé de ne pas en parler.
- Oui… Mais ça me rongeait. Alors…
Il se frotta les yeux en soupirant. C’était déroutant. La femme qu’il aime était enceinte et loin de lui. Et ne voulait en aucun cas qu’il soit mis dans la confidence. Alors que sa sœur, oui ? Elle l’étrangère à toute cette histoire…
- Est-ce que ça va ?
Non, ça n’allait pas. Il avait envie d’exploser. D’hurler, de briser des choses, même frapper quelqu’un. Sa frustration avait grandi d’un coup avec cette nouvelle. Une énorme boule s’était formée au fond de sa gorge.
- Franchement… Est-ce que tu irais bien si on t’annonçait que tu allais être père ?
- Je peux pas te dire… Je ne serais jamais Père, Magnus.
- Ne joue pas sur les mots Léonie. C’est pas le moment…
- Désolée… Wyatt doit déteindre sur moi. Dit-elle en se grattant la tête. Que vas-tu faire Magnus ?
Ce qu’il allait faire ? En voilà, une bonne question ! Il n’avait qu’une envie, courir jusque chez elle et l’embrasser à pleine bouche. Lui dire combien il était stupide, qu’il l’aimait à en crever et qu’il la voulait pour lui tout seul. Que l’enfant qu’elle porte, qu’il soit de lui ou non, il l’élèverait avec amour…
Qu’il soit de lui ou non… Non… S’il n’était pas de lui, cela changerait tout.
- Léonie…
- Hum ?
- Est-il de moi… ?
- Je… Elle soupira. Je ne sais pas Magnus. Je n’ai pas posé la question, mais je peux te dire une chose : elle t’aime.
Il quitta sa sœur sans un mot et alla s’isoler dans sa chambre. Il observa la pièce avec nostalgie. C’était là qu’il avait consommé leur amour, leur unique nuit fut sur ce lit. Il avait tout fait pendant ces derniers mois pour mettre ce moment dans un coin de sa tête, à tenter d’oublier. Trop y penser le tuer.
Mais cette nouvelle venait de balayer tous ses efforts. Il pouvait se souvenir de son odeur, de son souffle, de sa propre envie. De l’amour qu’ils se portaient l’un à l’autre. Le moindre geste, la moindre caresse.
Il soupira puis laissa place à ses émotions. Les larmes vinrent sans aucune honte, devenant rapidement sanglot. Il frappa le sol de son poing. Maudite était sa raison. Vivre en se sachant père et ne jamais avoir voix au chapitre, à l’histoire de son enfant.
- Quel c*n…
Re: La Lignée des Vauganne
Episode 8 :Une fête si particulière
- Spoiler:
- Tout va bien, Magnus ?
Plusieurs matins eurent passé, laissant un goût amère dans la bouche de Magnus. Léonie voyait bien que son frère n’était pas dans son assiette, elle en connaissait même la cause mais elle ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter.
Le musicien lui fit signe que oui, sans un mot, puis quitta la pièce, laissant derrière lui une Léonie désabusée. Elle commençait à regretter de lui avoir tout raconter. Mais Wyatt avait raison : il faut parfois perdre la confiance des gens pour les aider. Elle espérait au fond d’elle que son frère resoudrait bientôt cette histoire. Qu’ils puissent enfin aller de l’avant, tous autant qu’ils étaient.
Mais connaissant Magnus, et son entêtement familale, la blonde décida d’agir et appella Audaline pour quérir de l’aide.
- Tu crois que c’est une bonne idée ?
- Bien sur ma chérie ! Il faut le pousser ! Notre frère est trop centré sur toi…
- Je sais… Je m’en rend compte.
- Alors suis mon conseil !
- D’accord, d’accord… Rendez-vous dans deux jours alors ?
- Oui, bien sur !
Léonie raccrocha, un peu septique. L’idée n’était pas mauvaise en soi, mais elle avait peur des répercussions qu’il pourrait y avoir. C’était quitte ou double.
Magnus travaillait et sa commanditaire n’était autre qu’Othilie. Elle et sa famille fêtaient l’anniversaire des jumeaux, devenus adolescents depuis peu.
Mais Magnus n’était pas à ce qu’il faisait. Ce lieu était son lieu de rencontre avec Ninon. Jamais il n’aurait pensé être nostalgique. Mais les faits étaient là. Il pouvait encore la voir dans la pièce, sentir son parfum ou encore entendre sa voix.
- Mais Magnus !! Hurlait Othilie.
Le blond regarda autour de lui et vit sa machine commençait à faire des étincelles et à fumer. Il n’eut le temps de rien faire. La machine émit un léger « Boum » qui fit sursauter le blond et sa sœur.
Chose qui n’échappa pas aux adolescents qui rièrent. Othilie pestait comme un putois tandis que Magnus tentait de comprendre ce qu’il venait de se passer. La machine semblait en bon état de marche, mais un tas de confetis était resté coincé dans le tube. Il soupira sentant que sa journée n’allait pas être de tout repos.
Deux jours plus tard, la neige était au rendez-vous en cette journée d’hiver. Léonie sifflotait tandis que Wyatt chantait sur le même air.
Le couple profitait des joies naturelles que leur offrait la nature.
- Tu crois que c’est une bonne idée ? Demanda la blonde pour la centième fois depuis ces deux derniers jours.
- Mais oui ! Répondit Wyatt pour la centième fois. Ta sœur a raison. Il faut le mettre au pied du mur. L’obliger à agir !
- Oui, mais je suis pas sûre que ce soit le meilleur moyen…
- Tu as peur de lui faire mal ?
- Pas seulement… J’ai surtout pas envie qu’il se met à me détester…
Wyatt l’a regardé avec affection. Léonie était une personne têtue et bornée, mais elle savait se rendre si mignonne avec ses peurs digne d’une enfant. Il la laissa poser son bloc de neige puis vint la prendre dans ses bras.
- Wyatt ?
- J’ai juste envie d’un câlin.
La blonde sourit à son tour puis se retourner au creux des bras de son homme pour l’embrasser tendrement.
Les invités n’allaient pas tarder à arriver, et ce fut en explorant le jardin que Wyatt put découvrir un vestige de la nuit. Les fantômes de la famille avaient un certain sens de l’humour pour décorer leur dernière demeure ainsi. Cela fit sourire le jeune homme, qui prit d’un frisson, frissonna. Il se précipita alors à l’intérieur.
L’entrée était au goût du jour. Les cadeaux mis en place. Léonie n’avait pas chômé, pour une fois. Même si la raison de cette réunion de famille était Magnus, le fait de recevoir ses sœurs et leur famille emplissait son cœur de joie. Wyatt adorait la voir ainsi : pleine d’entrain, rayonnante et à chanter tout le temps. Wyatt appréciait l’entendre chanter. Etant musicien et chanteur populaire, il trouvait dommage qu’elle ne prenne pas conscience de son propre talent.
Il arriva à sa hauteur, alors qu’elle était affairée sur l’ordinateur, à rédiger de quelconque lignes. Il s’installa derrière elle, tout en posant, une main sur son épaule. La blonde regarda légèrement derrière elle et lui sourit avant de reprendre son travail.
- Qu’est ce que tu fais ?
- Rien de bien beau… Tu sais que je joue aux Sims, non ?
- Ce jeu où tu gères des personnages et leur fait vivre leur vie. Elle fit signe que oui. Et bien ?
- Et bien, j’ai décidé de me lancer dans un défi populaire sur le net.
- Un défi ?
- Oui… Comment t’expliquer…
- Fais simple. L’encouragea t’il avec une pointe d’amusement.
- Et bien, j’ai crée un couple que je vais installer dans un quartier et raconter leur vie sur plusieurs générations.
- Je vois…
- C’est amusant, tu sais ? Ca n’a pas l’air comme ça, mais super compliqué. Je veux que mon récit sorte un peu de l’ordinaire. Je ne veux pas du métro-boulot-dodo… Tu comprends ?
Il lui caressa les cheveux et lui prit le menton, la forçant à le regarder. Les yeux de la belle étaient pétillants d’excitation et de surprise. Il sourit de nouveau et la regarda au fond des yeux.
- Fais les choses avec ton cœur, ma belle. L’important c’est que tu t’amuses non ?
- Oui… Tu as raison. Et puis, un peu de classiscisme vaut mieux qu’une grande épopée, non ?
- Tout à fait. Confirma Wyatt.
- Wyatt… Je sens que quelque chose te travaille.
Il la regarda avec sérieux. Elle l’était tout autant que lui. Désormais, elle était capable de lire en lui comme dans un livre ouvert. Cela arracha un sourire un peu amère. Elle devenait trop maligne.
- Je ne suis pas sur que tu sois prête à entendre ça.
- Et pourquoi ?
- Je le sens, c’est tout. Conclut il en l’embrassant.
Elle se laissa faire, puis voulut relancer le débat, mais une voix venant de l’entrée l’en empêcha.
Léonie se leva de son siège et vit qu’Audaline lui faisait de grands signes, accompagnée d’Othilie et de Nordine. Ses invités étaient là. Léonie put voir Wyatt filer, non trop heureux vers eux pour les saluer. Léonie gonfla une de ses joues, vexée.
- Tout est en place ? Chuchota l’ainée à sa cadette quand elle l’eut rejoint.
- Oui, oui… Elle ne va pas tarder à arriver.
- Magnus n’en sait rien ?
- Tu me crois stupide, Audaline ?
- Dites les filles, c’est quoi toutes ces messes basses ? Demanda Magnus qui venait d’arriver.
Les deux blondes se firent muettes et empruntèrent un sourire de circonstance qui fit arquer le sourcil de Magnus. Mais il n’eut guère le temps de s’exprimer qu’Othilie le traina jusqu’au piano, réclamant un morceau. Il n’eut guère le choix que d’accepter, sous les rires des convives présents.
La fête était conviviale et chaleureuse, à l’image du reste de la famille, qui discutait avec douceur dans le salon tandis que Magnus jouait du piano. On parlait de tout et de rien. Des frasques des adolescents. Des amours infantiles de Moïra qui pestait contre sa mère et sa langue bien pendue. Du travail de chacun et des avancées des autres.
Lorsque la sonnette retentit. Léonie fit signe à sa famille de continuer, se levant pour ouvrir. Elle accueillit la nouvelle arrivée avec un grand sourire qui lui répondit par un sourire bien timide et s’excusant du retard.
- Ne t’en fais pas. Nous n’en sommes qu’à l’apéritif. Entre, je t’en prie.
La retardataire entra, regardant les murs autour d’elle, comme si elle les voyait pour la première fois. Elle se laissa conduire par la blonde qui récupéra ses effets personnel.
- Va dans le salon, j’arrive tout de suite.
Elle s’exécuta mais elle stoppa son avancée lorsqu’elle aperçut le pianiste, très empreint de sa musique.
Ninon ne trouva pas cette surprise charmante, car Léonie lui avait assuré que Magnus devait travailler et qu’elles seraient en petit comité. Mais voir toute la famille présente et Magnus… Elle ne put réprimer une grimace, et fit rapidement volte-face. Mais Léonie attendait cette réaction et la poussa vers son frère, avec un petit sourire d’encouragement. Ninon ne savait où se mettre. Elle était déchirée entre l’envie d’hurler, de gifler quiconque lui adresserait la parole et de pleurer. Mais elle put apercevoir une Audaline très souriante qui l’encouragea. La rousse soupira puis regarda enfin Magnus qui avait assisté à l’échange sans trop comprendre.
- Ninon ?
- …
- Qu’est ce que tu fais ici ?
- Et bien… ta sœur m’a invité.
- Je vois… Fit Magnus, soupçonneux, en regardant dans la direction de Léonie qui feignait l’ignorance. Je suis désolé…
- De ?
- Du comportement de ma sœur. Elle voulait aider… Je suppose.
- Et bien…
- Ecoutes, Ninon…
- Oui ? Dit elle pleine d’espoir.
- Tu me crois insensible, n’est ce pas ?
- Pourquoi dis-tu ca ? Au contraire, tu es trop sensible, Magnus.
- Non… Si je l’étais, je ne t’aurais jamais quitté…
Ces mots balaya la timidité et la gêne de la rousse. Elle se sentit revigorer et à la fois vexée.
- Quitté ? Magnus, tu m’as carrément jeté !! Il manquait plus que de l’argent… Franchement, je me suis sentie sale –encore maintenant. Être considérée comme une prostituée alors que tu crèves d’amour… C’est plus qu’humiliant.
- Pardon… Vraiment, pardonne-moi, Ninon… Je ne voulais pas te faire souffrir.
- Et pourtant tu l’as fait. Dit elle en croissant les bras.
Elle venait de se positionner de façon à couper court à tout dialogue. Mais Magnus ne l’entendait pas de cette oreille.
Il lui sauta dessus, capturant ses lèvres si longtemps lointaine. Cela avait un goût nouveau et de nostalgie à la fois. Il avait tant espéré goûter de nouveau à leur saveur. Il en avait oublié le goût. Ninon se débattit un moment, puis s’abandonna dans les bras de Magnus.
Leur baiser lui rapella combien il lui avait manqué. Combien elle l’aimait. Combien elle le détestait aussi…
- Marrions-nous, Ninon ! Souffla Magnus dès la fin de leur échange.
Cette demande interloqua l’assemblée, mais plus encore Ninon qui resta longtemps sans voix, les yeux plongés dans ceux de Magnus. Elle pouvait y lire le sérieux, l’envie et la peur. Il était dans le même état qu’elle : fébrile, pleine d’envie, d’amour et appeuré. Tout dépendait d’elle désormais, mais que pouvait elle répondre à cette farouche demande ?
Elle ferma les yeux, soupira, puis saisit les mains du blond, les amena à son visage et simplement, hocha la tête, acceptant les sentiments de cet homme si cher à son cœur.
Léonie acclama le couple, appelant tout le monde à se réunir afin de débuter l’ouverture des cadeaux. Elle était si heureuse pour son frère qu’elle en aurait pleurer.
Ainsi débuta la fête aux cadeaux. La suite resta classique, chacun ouvrant une boite au hasard tour à tour. Muiris obtint une planche de skate. Il crâna un long moment avec, faisant pesta sa jumelle qui le remplaça rapidement près du tas de boite. Elle eut un bel assortiment d’accessoire pour cheveux. Elle sourit remerciant sa tante Audaline pour ce cadeau. Audaline chouchoutait ses neveux comme elle chouchoutait son fils. Maverick était encore trop petit pour assister à ce genre de fête, elle l’avait alors laissé au bon soin d’une voisine.
Wyatt, Léonie et Ninon étaient installées plus loin afin de discuter plus tranquillement. Enfin Wyatt discutait tout seul en fait, car la belle Ninon était trop absorbé par le récent évènement que ce qui l’entouré était un rêve. Léonie elle ne pouvait détacher ses yeux du spectacle qui s’offrait à elle.
C’était une sorte de confrontation entre un enfant et un homme. L’un n’osant pas s’approcher de l’autre, l’autre intrigué par ce nouvel environnement. Ninon avait amené son fils, le confiant au bon soin d’Audaline lors de son arrivée, car le petit dormait. Le temps avait filé à une telle vitesse depuis son annonce de grossesse. Le petit était né depuis longtemps et avait bien grandit. C’était l’une des raisons qui avait poussé Léonie à forcer les choses.
Le petit Fabien rencontrait pour la première fois son père. Il n’avait aucune idée sur l’identité de l’homme qui le faisait depuis plus de quinze minutes. Pour le dire, il s’en fichait un peu pour le moment, trop curieux des nouveaux jouets qu’offrait la demeure.
Les enfants passant en premier, les adultes se répartirent le reste. Rufus écoppa d’un échiquier et Nordine d’un appareil de musculation. Les deux hommes étaient satisfaits de leur cadeaux, correspondant à leurs attentes.
En bonne hôtesse, Léonie fut la dernière a découvrir son cadeau. Elle reçut un livre d’un auteur qu’elle adorait. Elle remercia tout le monde pour ce cadeau et ce merveilleux moment. Wyatta la rejoignit et déposa un autre paquet sur le sol. Elle le remercia et appela Ninon. La rousse se pointa du doigt, étonnée d’avoir un cadeau elle aussi.
Léonie rejoignit son frère près de la fenêtre, toute souriante.
- Alors ? Demanda t’elle, fière d’elle-même.
- Oui, bon… Tu avais raison… J’aurais dû agir plus tôt.
- Magnus, tu avais besoin d’un déclencheur… Et pour t’avouer, c’est Audaline qui a eu l’idée.
- Je la retiens celle-là !
Cela fit rire Léonie qui regarda sur sa droite.
- Te voilà fiancé et père de famille…
- Apparemment…
- Est-ce que ça va ? S’enquit la blonde.
- Bien sur ! Tu sais, j’avais une espèce de voile devant les yeux depuis des mois. Depuis ma rupture avec elle… Et là, tout est si claire, si lumineux.
Elle lui sourit et prit sa main dans la sienne.
- Je suis si heureuse pour toi… Sincèrement.
- Merci Léonie. Je n’y serais jamais arrivé sans toi.
Elle ne put que sourire de nouveau. Mais ce sourire là était blessé. Bien sur qu’il y serait arrivé sans elle. Il n’aurait pas souffert, Ninon n’aurait pas souffert non plus. Si elle n’avait existé, rien de tout cela ne serait arrivé. Magnus vivrait une vie bien meilleure depuis des années.
La soirée se terminait tranquillement, ne laissant que Magnus, Ninon, Rufus et Audaline.
- Où est Léonie ? S’enquit cette dernière.
- Wyatt avait un concert, elle l’a rejoint, en bonne fan qu’elle est. Répondit Magnus.
- Je vois…
- Allons Audaline ! Intervint Rufus. Il faut bien qu’il paye leurs impôts.
- Oui. Et si Wyatt a emménagé avec nous, ce n’est pas seulement pour Léonie. Enfin si, mais il voulait aider.
- D’accord ! D’accord ! Pesta la blonde. Mais quand même, un jour de famille, ils auraient pu rester.
- Les artistes n’ont pas de dimanche et de vacance. Dit Ninon.
- Et donc aucune vie de famille… conclut tristement Audaline.
Le silence retomba. Magnus ne pouvait contredire sa sœur, car étant lui aussi dans ce corps de métier, il savait qu’il était difficile de concillier les deux. Ils apréhendaient ces prochaines années. Sera-t-il capable d’élever son enfant, et de combler Ninon ?
Cet enfant qu’il devra apprendre à connaître, à apprivoiser. Car pour le moment, le petit Fabien refusait tout contact avec lui.
- Ma’…
- Oui, mon cœur, j’arrive. Dit Ninon en enfilant son manteau. Alors mon bébé, on ne veut pas être avec Papa ?
Le bambin secoua la tête et se mit à pleurer. Ninon fit une grimace contrite vers Magnus qui lui fit signe que ce n’était pas grave. Elle prit l’enfant avec elle, embrassa Magnus une dernière fois puis rentra chez elle.
- Beau travail, Wyatt !
- Merci ma belle ! Tu étais déchainée ce soir ?!
- C’est de ta faute ! Tu n’as pas à être aussi sexy !
Le concert était terminé, et Léonie avait attendu Wyatt, le temps qu’il range le matériel et qu’il touche sa paye. Le reste du public qui attendait également Wyatt ne voyait pas d’un bon œil la familiarité que Léonie employait envers le Grand Wyatt, comme son public aimait l’appeler.
Voyant cela, Wyatt prit sa petite amie dans ses bras et la renversa. Sous l’étonnement, Léonie laissa un cri s’échapper, tandis que les fans poussaient des « Ooohh ! » de surprise et de mécontentement.
Wyatt se fichait de l’avis des autres. Léonie n’était pas au goût de tous ? Soit ! Au contraire, cela l’arrangeait, elle resterait rien qu’à lui, ainsi. Exposer sa vie à la presse ? Qu’ils racontent ce qu’ils veulent, il s’en fichait tout autant. Car dans sa vie, il avait deux passions, deux raisons de vivre : la musique et Léonie.
Leur regard se recontrèrent. Léonie avait bien compris la volonté de son petit ami de provoquer, et elle y entra dans le jeu, en embrassant l’homme qu’elle aimait à pleine bouche s’attirant des commentaires négatifs et des réactions plus positive de femme envieuse.
Au contact de cet homme, elle avait appris à devenir plus expansive. Elle était ouverte à tout et surtout au monde, tant qu’il gravitait autour de Wyatt.
Re: La Lignée des Vauganne
Episode 9 : Cet avenir qui progresse
- Spoiler:
L’hiver était toujours présent sur Roaring Height, les palmiers souffraient de la poudre blanche et les automobilistes se voyaient forcés à redoubler de prudence. Mais l’hiver allait bientôt tirer sa révérence et faire place au printemps. Bien des cœurs s’échauffaient déjà à cette aproche printanière.
Bien des cœurs, certes, mais pas tous… Hélas, certains étaient dans l’obligations d’écouter les soucis des autres qui, sans trop savoir pourquoi, racontaient leur vie à de parfait étrangers.
- Je vois pas ce qui ne va pas dans cette histoire, mon gars. Dit la barmaid.
- Mais tout ne va pas ?!
- Vraiment ?
- Bien sur ?! Qui irait faire sa demande de cette façon ?
Magnus parlait de cette dernière fête à cadeaux qui, sur le moment lui paraissait magique, était un fiasco pour lui. Il avait fait sa demande à Ninon, sur le coup de l’émotion. Des mois sans la revoir et là, elle était là, devant lui. Aussi belle qu’au premier jour, lui amenant un fils.
]
- Tout le monde ne conçoit pas le romantisme de la même façon.
- Ce n’est pas ça… J’ai l’impression de foirer ma vie. Fit Magnus en se prenant la tête.
- On fait tous des erreurs, mon gars. Tous… Mais c’est comme ça que l’on grandit, tu sais ?
Magnus resta silencieux alors que la jeune femme lui servait sa boisson. Des erreurs, il en avait déjà commises. Et elles étaient nombreuses. Mais il se sentait encore tiraillé entre l’amour pour Ninon et celui pour sa sœur.
La construction de la nouvelle annexe de la demeure Vauganne était enfin achevée. En réalité, elle fut rapidement convertie en atelier. Léonie, après une visite d’un musée, était tombée en amour pour le travail du verre et avait décidé de se lancer dans cet artisanat.
Elle installa alors rapidement un four et acheta un millier de petite pièce de verre teintée resplendissantes pour ses futurs créations. Elle n’avait pas encore réellement trouvé sa voie, mais les jours passant, le brouillard qui obscurissit ses yeux s’éclaircissait enfin.
Une nouvelle nuit allait bientôt s’achever, et la neige ne semblait pas presser à quitter le paysage urbain de la ville, le sublimant avec merveille de sa blancheur naturelle, rehaussée par les néons de la ville.
De nouveau, Léonie était prise d’insomnie. Elles n’avaient pas totalement disparu, Wyatt n’était pas un magicien, ni un dieu. Parfois, son effet apaisant ne fonctionnait pas et Léonie avait besoin de prendre le large. Alors elle entamait un long jogging à travers les rues glacées de la ville.
Elle réfléchissait, la plupart du temps, s’arrêtant souvent sur la côté, afin d’observer le lever du soleil. Elle aimait se croire unique spectatrice de ce spectacle naturel. Les rayons du soleil caressant intiment les flots. Le vent marin balayant son visage et chassant ses soucis… Elle aimait être ici, seule.
Elle pourrait y rester des heures, mais elle avait d’autre priorité. Elle resta malgré tout encore un long moment sur le transat, transie de froid. Elle maudissait ce froid plus que tout, même si cela ajoutait une touche de beauté et de réalité à cet évènement.
Une fois rentrée, douchée et nourrie, la belle Léonie fila chez son aînée Audaline. Cela faisait longtemps qu’elle ne l’avait vu, et elle voulait prendre des nouvelles de son neveu. Elle entra alors dans la maison et découvrit le petit Maverick, tout aussi blond que sa mère en train de trotter vers elle. Ce fut avec bonheur qu’elle accueillit l’enfant contre son sein.
En se relevant, elle put voir un portrait de sa mère, Aèla. Léonie eut un pincement au cœur, car il y avait longtemps qu’elle n’avait pensé à elle.
- Dans le fond, se dit-elle, je ne suis qu’une égoïste qui se morfond dans mes propres délires.
- Je ne crois pas…
Léonie sursauta en entendant cette voix. Elle se croyait seule dans la pièce, mais sa sœur l’avait vite rejoint. Le petit saluait sa mère en tendant les mains vers elle. Audaline lui sourit et lui baisa le front.
- Qu’est-ce que tu en sais, Audaline ?
- Je sais que tu souffres réellement Léonie. Ne pas penser aux morts ne fait pas de nous des êtres égoïstes. Ça prouve seulement que l’on va de l’avant.
- Maman me manque…
- Comme à nous tous. Répliqua Audaline avec douceur, tout en s’installant devant l’ordinateur. Mais tu sais, je crois qu’elle te préfère souriante et amoureuse que déprimée et défaitiste.
- Je pense qu’elle est plutôt fière de toi et de ce petit bout.
- Aha ! C’est vrai. Maverick est un véritable ange. Il ressemble à Papa à bien des points.
Cela fit sourire Léonie qui commença à jouer avec son neveu. Oui…Audaline avait raison. Ce petit avait le tempérament de leur père : calme et souriant.
Pendant ce temps, Magnus profitait des derniers instants de l’hiver en compagnie de Ninon, petite amie et fiancée. Ils jouaient comme de vrais enfants avec la neige.
- Bouh ! T’es mauvais !! Se moquait Ninon.
- Ah oui ?! Tu vas voir. Répondit Magnus tout en récoltant de la neige.
- Qu’est-ce que tu espères faire, là ? Demanda Ninon, méfiante.
- Rien, rien… Fit faussement le jeune homme.
- Si tu crois que je…
Trop tard ! La boule de neige partit rapidement pour s’écraser contre Ninon qui, surprise, se laissa tomber, fesses en premières, dans la neige. Elle eut le souffle coupé.
Magnus ne pouvait s’empêcher de rire. Tellement qu’il s’en tenait les côtés. Remettant une mèche de cheveux en place, Ninon pouvait voir l’hilarité du blond. Elle commença par sourire, mais apercevant Magnus qui l’observait, elle rangea son sourire et emprunta une fausse mine boudeuse.
Il s’approcha alors d’elle, toujours assise dans la neige. Il lui tendit une main qu’elle saisit après avoir marqué un temps.
- Tu ne vas pas bouder, j’espère ?
- Peut-être… J’aurais besoin d’un bon motif pour t’excuser.
- Ah oui ? Fit Magnus enjôleur.
- Et oui ! Et ne n’espères pas t’en sortir avec ce sourire. Ça ne prend pas avec moi !
- Oh ? En es-tu réellement sûre ? Dit-il de plus en plus proche d’elle.
Elle se mit à sourire, et alors qu’il frôlait ses lèvres, elle le repoussa d’une main pleine de neige. Magnus laissa échapper un cri très aigu au contact de la neige dans son cou. Il en lâcha même Ninon qui se rétablit tant bien que mal sur ses pieds.
- Toi !
- Vengeance ! Dit fièrement Ninon.
Elle tenta de s’échapper de son emprise, mais Magnus la retint contre lui puis lui offrit un baiser passionné qu’elle partagea avec bonheur.
La nuit arriva rapidement, et ce fut épuisé que Wyatt rentra enfin chez lui. Il venait de donner un immense concert. Le public était au rendez-vous et passionné. Il était encore excité par ce moment. Alors qu’il franchit le seuil de la chambre, il trouva Léonie en train de s’habiller pour la nuit. Il sourit en la voyant se hâter à enfiler son t-shirt. Même après de nombreuses nuits à parcourir son corps de fond en comble, la blonde avait gardé une certaine pudeur qui la rendait irrésistible.
- Alors ce concert ? S’enquit la demoiselle.
- Du tonnerre ! Tu aurais dû voir ! Ce public de malade !
L’enthousiasme de Wyatt la fit sourire. Elle aimait le voir en concert mais ces derniers jours, elle avait besoin de repos.
- Et toi ma belle ? Demanda Wyatt tout en la prenant contre lui.
-Hum ? Oh… Bien, j’ai terminé un collier la nuit dernière.
- Et… ?
- Et bien, je suis allée le vendre dans un dépôt.
- Tu as pu en tirer un bon prix ?
- Assez. J’ai même une commande de la part d’une cliente qui se trouvait dans le magasin.
- Mais c’est super !
- J’ai bien mérité une récompense ?
A ses mots, Wyatt lui déposa un léger baiser sur les lèvres. Mais Léonie lui fit comprendre qu’il lui fallait plus. Bien plus… Sans attendre, et sans un mot, le jeune homme commença à défaire les vêtements de la belle qui gloussait de plaisir.
SI les nuits étaient parfois agitées et heureuse, d’autre étaient longue et interminable. Magnus goutait aux joies de la paternité et de ses affres. Le petit Fabien eut du mal à trouver le sommeil, gâtant celui de ses parents. Le jour se levait et Magnus pouvait enfin souffler.
Appuyé contre le berceau, le père exténué observait, las, l’enfant qui sommeillait comme un bien heureux.
Fabien était un enfant calme, très calme selon les dires de Ninon. Mais il avait apparemment du mal à se faire à son nouvel environnement. L’enfant venait à peine d’arriver chez les Vauganne, en compagnie de sa mère. Le début de printemps signifiait beaucoup de chose pour cette petite famille aux airs tranquilles.
Magnus caressa une dernière fois le visage du bambin puis s’en alla vaquer à de quelconques activités, comme manger et se doucher.
Magnus eut juste le temps de terminé de s’habiller, que Fabien donnait déjà de la voix. L’homme soupira en refermant son armoire. Il aurait tant aimé pouvoir dormir un peu avant le réveil de l’enfant. Il admira au fond de lui Ninon qui, sans avoir dormi, allait enchaîner une garde de douze heures à l’hôpital.
- Dis donc… Tu n’en as pas assez de chanter ?
- Na ! Répondit avec effronterie Fabien.
- A faim !
- Tu as faim ? Et bien moi j’ai sommeil ?! On échange ?
Le petit le scruta sans le comprendre. Magnus soupira puis l’amena avec lui dans la cuisine afin qu’il puisse manger. Être père était loin d’être de tout repos. Comment avait pu faire Ninon pour l’élever seule jusque-là, tout en travaillant. Il avait été bien insouciant, se croyant malheureux.
Alors que Magnus vaquait à des occupations peu familières, Léonie s’aventurait sur un tout autre terrain en explorant l’artisanat du verre. Elle tentait de répondre à la demande de sa nouvelle clientèle. Sous les conseils de Wyatt, elle avait ouvert un site internet où elle proposait ses produits et des créations sur mesure.
Elle s’épanouissait, tout comme une jeune fleur qui s’ouvrait à ce début de printemps. Elle n’aurait jamais pensé trouver son bonheur dans un métier tel que celui-ci, autant bercé dans les arts. Mais elle devait bien se l’avouer, elle était une touche à tout et cet artisanat réunissait différentes compétences.
C’était un fascinant métier qui ouvrait diverses et nombreuses portes. La voilà désormais créatrice de bijou, souffleuse de verre, parfumeuse et créatrice de vitraux ! Elle n’aurait jamais pensé s’ouvrir tant de porte en allant simplement au musée.
C’était un métier facile, de tout repos, où les heures s’égrainaient avec facilité. Bon, parfois il y avait quelques aléas techniques. Comme un chalumeau qui se bloque et les retours de flamme.
Mais aujourd’hui, la belle était un peu faible et nauséeuse. Elle n’aimait pas se savoir malade et affaiblie.
Alors elle ignorait son mal être et continuait son travail avec plein d’ardeur.
Maniant…
Soufflant…
Et examinant.
Pour ensuite traverser la cour en courant.
Pour atterrir à quatre pattes au-dessus de la cuvette des toilettes.
Re: La Lignée des Vauganne
Episode 10 : Là, où tout s'enchaîne
- Spoiler:
Magnus se faisait de plus en plus à son rôle de père. Fabien lui faisait d’avantage confiance également. Et cela aidait franchement. Certes les débuts furent difficiles, mais il était normal que la situation soit étrange. Ils étaient deux étrangers partageant le même sang, ayant pour lien Ninon, qui disparaissait de long moment la journée pour travailler.
Magnus avait bien tenté de manifester son mécontentement. Si il l’avait faite aménager chez lui c’était pour qu’ils puissent rester ensemble. Mais le travail de la demoiselle était si prenant qu’il se mettait en travers du chemin du couple tout fraîchement réuni. Ninon avait répondu à ses protestations
"Alors que tu te la coulais douce, j’ai dû trimer pour élever Fabien ! Alors maintenant à toi de t’en occuper que je puisse obtenir ces foutues promotions, car c’est pas avec vos métiers d’artistes qu’on va pouvoir se nourrir. Autant toi que Wyatt. Et je ne parle même pas de Léonie"
Magnus s’était de prime abord senti blessé Elle accusait sa petite sœur chérie de ne rien faire pour arranger la chose. Mais la belle Ninon avait vu son désarroi. Elle le rassura en lui baisant la joue puis fila au travail.
Bien que Magnus fût de garde, Fabien était le centre d’attention de toute la maison. Wyatt le surveillait la plupart du temps, lorsque Léonie travaillait dans son atelier et que Magnus était en mission. Le chanteur se laissait souvent à imaginer ses propres enfants gambader dans une telle maison. Mais aurait-il des enfants un jour ?
- Et ce fut à ce moment-là qu’arriva le terrifiant dragon, crachant feu et flamme !
- ‘gon !
- Oui ! Le dragon était le gardien de la tour, qui dans sa plus haute tour, retenait prisonnier la belle princesse endormie.
La porte claqua, tandis que Léonie faisait la lecture à Fabien. Le petit aimait cette histoire et la connaissait par cœur. Léonie aussi d’ailleurs. Elle avait retrouvé ce livre coincé dans une de leur bibliothèque et était signé Aèlys Vauganne. Il était de la main de son aïeule. Elle ignorait qu’une femme de sa famille fut écrivain.
Ninon venait de rentrer, et resta un moment en retrait afin d’observer son fils et sa belle-sœur, profitant de cet instant de joie. Ninon était une enfant unique née sur le tard. Elle a toujours souhaité des frères et sœurs, mais la nature le lui avait toujours refusé, la privant de ses parents vers l’âge de dix ans. Elle fut ballotée de famille d’accueil en famille d’accueil, lui interdisant un quelconque amour parental.
Elle avait toujours vécu seule parmi d’autre. Sans attache, sans famille. Le jour où elle apprit sa grossesse, elle avait tout bonnement paniqué. Maudissant Magnus dans un premier temps, elle vit cette venue comme un signe du destin. Si elle n’avait pas eu le droit à une famille, elle pourrait se la créer elle-même. Telle fut la raison pour avoir gardé son bébé. Et elle ne regrettait nullement ce choix, car Fabien était un bon petit garçon curieux de tout, ouvert et taquin. Elle y voyait la véritable personnalité de Magnus. Fabien avait la même tendance à la surprotection. L’enfant savait quand sa mère était triste, et même dans les premiers mois, l’enfant faisait tout pour la faire sourire.
Il était son rayon de soleil, et le savoir là, aujourd’hui, auprès d’une famille si soudée lui remplissait le cœur de joie.
- M’man !!
Ninon décroisa les bras et s’accroupit afin de les tendre vers son fils qui se relevait difficilement sur ses jambes encore faible de bambin. Léonie se poussa légèrement, afin de le laisser passer. Fabien avança doucement vers sa mère, qui pleurait de joie. Son fils venait de faire ses premiers pas, seul.
Le soir même, alors que tout le monde dormait, Magnus regagna la demeure Vauganne, éreinté. Il se massa les reins puis soupira. Il se devait de réfléchir à sa vie. Avait-il fait le bon choix pour son métier ? Devait-il s’engager avec Ninon ? Le temps défilait à une telle vitesse, qu’il en avait perdu le compte.
Car, oui, cette nuit-là, Magnus devenait un adulte accompli. Père de famille, fiancé et chanteur à moindre influence.
Il dirigea son regard vers la table où reposait un petit papier blanc. Un petit paquet retenait le papier afin de l’empêcher de s’envoler. Intrigué, il s’avança et s’en saisit. Il ouvrit la boite et découvrit un autre mot qui lui indiquait de regarder derrière. Ce fut à cet instant qu’il la vit : une photographie immense d’une voiture de sport. Au pied de cette photo « Voici ton cadeau, en espérant que ta prochaine visite chez le concessionnaire de fera plaisir. – Signé Ninon et Léonie »
Magnus jura en son for intérieur qu’elles étaient folles ! Une telle voiture coutait extrêmement cher et que leur finance était plus que bancale. Mais ce geste lui fit plaisir malgré tout.
La nuit était paisible. Le ciel était légèrement voilé, et les palmiers chantaient doucement sous la pression du vent frais du printemps. La voûte céleste s’était teintée de violet et de rose, offrant un cadre magnifique aux travailleurs de nuit.
Mais certaine personne passait outre cette merveille de la nature pour s’extasier sur une toute autre merveille qu’offrait la vie et l’amour.
Léonie venait de comprendre pourquoi elle avait tant de nausée, qu’elle se sentait si fatiguée et que son ventre grossissait avec le temps. Elle était enceinte et allait devenir Maman. Elle ne pouvait s’empêcher de sourire à cette perspective. Il n’était pourtant pas dans ses projets de procréer, trop perturbée et concentrée sur elle-même. Mais cette chose… Ce bébé était là, et venait de lui faire prendre conscience d’une chose. Elle allait enfin de l’avant. Neeve était un élément du passé. Sa mort tout du moins. Et qu’elle n’en était nullement responsable.
Elle s’assit sur le rebord du lit, le faisant légèrement grincer, puis se tourner vers Wyatt, la main sur le ventre. Son unique problème désormais était d’annoncer cette nouvelle au père de l’enfant. Il n’avait jamais évoqué une telle possibilité, préférant leur indépendance tous les deux. Mais elle hésitait à se laisser convaincre qu’il en serait heureux. Elle sourit légèrement, se baissa vers l’homme qu’elle aimait et lui baisa le front avant de se coucher contre lui.
Le lendemain, Léonie décida qu’il fallait lui en parler. De toute façon elle n’aurait jamais pu lui cacher éternellement. Son ventre la tromperait rapidement et puis, elle était trop honnête pour rester muette à ce sujet. Elle demanda alors à Wyatt de la rejoindre dans l’entrée, tandis que Magnus profitait d’un moment pour lui pour pianoter à l’envie.
- Ecoutes Wyatt… Ce que j’ai à te dire est difficile…
- Tout va bien, ma belle ? S’inquiéta sincèrement Wyatt.
- Oui ! Non… Je ne sais pas…
- Ecoutes Léonie… Tu sais bien que tu peux tout me dire.
- Je sais ! Je sais ! S’emporta-t-elle. Pardon… Je dois être stressée… Dit-elle en riant, le tout en jouant avec ses cheveux.
- Sois franche Léonie… Tu en as marre de moi, c’est ça ?
Le ton qu’il employa était chargé de tristesse mais assez fort pour qu’il fasse trembler Léonie. En entendant cela, la blonde se jeta sur lui, manquant de tomber. Il la rattrapa, sentant la légère rondeur à la place de son ventre. Il n’eut guère le temps de s’y attarder qu’elle l’assaillait de petits coups de poings, comme lorsqu’elle était énervée et déçue par lui.
- Comment ?!! Comment pu t’en en venir à une telle conclusion, Wyatt ! Hurlait-elle tout en le frappant. Je n’ai aimait qu’un homme dans ma vie, Wyatt ! Un seul !
- Et qui était-il ? C’est ce « Neeve » c’est ça ?! Ce Sal*ud ! C’est à cause de lui que tu es si triste Léonie !
Elle recula d’un pas, ne comprenant pas ce que Wyatt pouvait bien lui raconter. Que venait faire Neeve dans la conversation. Elle voulut se retourner pour chercher de l’aide auprès de son frère mais Magnus faisait profil bas. Elle sentit pourtant les doigts de Wyatt la meurtrir en la forçant à le regarder.
- Léonie ?! Dis-moi qui c’est ?! Depuis si longtemps je me retiens de te le demander ! J’en ai marre de te voir pleurer la nuit en murmurant son nom. Réponds-moi ! Hurlait-il en la secouant.
Voyant cela, Magnus décida d’agir en se levant de son piano, mais Léonie avait déjà pris les choses en mains, en giflant Wyatt.
- Tais-toi ?! Comment peux-tu me juger ainsi Wyatt ?!
- Te juger ? Mais Léonie… Je ne connais rien de ton passé ! J’ai voulu respecter cela mais, cela fait des années qu’on se connait… Il serait temps que je sache non ?
Elle baissa la tête en soupirant puis revint vers lui, posant son front contre le torse du chanteur. Bien sûr qu’elle lui devait la vérité. La grande vérité ! Mais elle n’était pas prête à le lui dire. Pas encore… Surtout qu’elle devait parler d’une chose bien plus importante.
- Une autre fois… Wyatt…
- Non. Maintenant.
- S’il te plait… Dit-elle dans un souffle.
Il pouvait bien sentir son désarroi. Pourtant il la croyait prête à tout lui raconter. Ne pas savoir le ronger intérieurement, mais la voir dans cet état était la pire des souffrances qu’il put imaginer.
- Très bien… Mais ne tarde pas, Léonie… Sinon…
- Je sais… Merci Wyatt… Merci.
"Merci" … Comme ce mot pouvait lui sembler si amer. Il ne tiendrait pas longtemps. Il devra savoir quitte à chercher de lui-même.
- J’avais une chose à te dire… Continua-t-elle en baissant le regard.
- Franchement… Je crois que je ne suis pas d’humeur Léonie… Vraiment…
Non… C’était sûr ! Il n’avait qu’une envie : mettre les voiles. Sortir de la maison afin de prendre l’air. Il avait grandement besoin de recul. Il aimait Léonie, ça il en était persuadé depuis des lustres, bien avant qu’ils ne soient ensemble. Mais parfois l’amour n’était pas suffisant pour être ensemble. Et ce secret autour de « Neeve » commençait à le peser plus que de raison.
- C’est important ! Crie-t-elle presque, en le retenant alors qu’il partait.
- Ma belle… Tu vas bien ? Il était sincèrement inquiet, car sa belle était toute tremblante.
- Je… Dis Wyatt… Si tu devais être Père un jour… Qu’est-ce que tu…
Elle n’eut guère le loisir de terminer sa phrase, car Wyatt la serrait déjà contre lui, dévorant ses lèvres. Alors c’était donc de cela qu’elle voulait discuter ? Il se sentait bien stupide de l’avoir brusquer comme cela. Il avait si peur qu’elle le quitte pour un autre. Pour Neeve…
Il l’embrassa encore et encore, ne laissant peu de temps à la jeune femme de reprendre son souffle. Il allait être Papa… PAPA !
Le jour de l’amour ! Et il était condamné à le passer à chanter dans le parc pour les autres couples. Wyatt était bien dépité, car il espérait le passer avec sa belle enceinte jusqu’au cou. Voilà des semaines qu’elle lui avait annoncé sa grossesse. Et il avait enfin digéré la nouvelle. Son enthousiasme soudain c’était mué en appréhension. Allait-il faire un bon père ? Saura-t-il gérer les crises ? Arrivera-t-il à subvenir aux besoins de sa famille ? L’enfant sera une fille ou un garçon ?
Autre chose venait de muer. Le temps était passé à la pluie en peu de temps, le temps à Léonie et Othilie de se rejoindre dans le parc, où Wyatt se produisait. La jeune femme savait qu’il serait là, et qu’il était déçu de ne pas rester avec elle ce jour-là. Alors, elle avait convenu du rendez-vous au même endroit, car Othilie avait enfin les résultats.
- Ma pauvre…
- Et pourquoi donc ? Demanda Léonie.
- Tu ne devais pas t’attendre à être enceinte, non ?
- Non… Mais en fait, c’est plutôt une bonne chose.
- Ah oui ? S’étonna l’aînée.
- Hum-hum ! Approuva sa petite sœur. Ça m’a permis de voir plus clair. Il me faut encore un peu de temps, mais je me sens enfin prête à parler du passé.
Othilie sourit et se pencha vers sa sœur pour lui toucher le ventre.
- Ça t’intéresse de connaître le sexe ?
- Hum… Wyatt le veut mais moi… Je ne sais pas… Un peu de surprise, c’est bien aussi. Et puis, tout est en ordre, non ?
Cette réponse fit rire Othilie qui confirma que oui. Les deux sœurs restèrent un petit moment ensemble à discuter de tout et de rien. Léonie prit des nouvelles de ses neveux. Muiris était un adolescent épanoui qui réussissait assez bien à l’école. Il avait même une petite amie. Mais sa jumelle Moïra, elle, vivait son adolescence bien plus difficilement. Elle venait de rencontrer sa première désillusion amoureuse.
- Comme toi, à l’époque, non ? Dit Léonie.
- En effet. Sourit simplement Othilie en repensant à son bête « amour » pour Merlin lorsqu’elle était encore à Appaloosa Plain.
Elles se quittèrent alors, toutes deux dans leur pensées, le passé les rattrapant. Léonie déambulait sous la pluie à la recherche de Wyatt lorsqu’elle l’aperçut accoudé au stand à baiser. Elle s’approcha alors de lui. Il vit alors le ventre de sa belle de près et sourit en le reconnaissant, sortant alors de ses pensées.
- Je t’ai pas trop manqué ?
- A vrai dire… Si… Affreusement...
Wyatt était un garçon franc et Léonie s’y était habituée mais le rouge venait parfois s’installer sur ses joues. Voyant cela, Wyatt sourit et se redressa pour être à sa hauteur. Mais la blonde lui saisit le menton.
- Cher Monsieur, il faut que nous parlions.
- Ah oui ?
- Exactement ! Car voyez-vous… Elle glissa une main dans sa poche et sortit un billet de 5 simflouz pour le déposer dans le pot. Je tiens à participer à l’effort, mais cette participation mérite une récompense, non ?
- Je vois… Bien sûr, si cela est dans mes cordes, je me ferais un plaisir d’y répondre, ma belle !
Cette réponse était la réponse que Léonie escomptait. Elle sourit alors, surprenant Wyatt qui la dévisagea. Alors qu’il voulut l’interroger, Léonie le surprit plus encore…
… En l’embrassant avec fougue et passion. Wyatt aimait lorsqu’elle agissait ainsi, mais elle le faisait d’ordinaire dans le privé, jamais en public. Il ne put savourer cet échange, car elle se détacha rapidement de lui.
- Léon…
- Shuuu… Wyatt… Tu sais… Je t’aime… Je ne te le dis pas assez souvent, mais je t’aime. Je voulais que tu le sache.
- Je t’…
- Laisse-moi terminer… Elle lui prit le visage de ses mains. Je sais que je te cache énormément de chose. Je sais également que tu en souffres… Mais je te le promets. Un jour, je te parlerai de mon passé. Tu sauras tout. Mais… J’ai besoin de temps.
- D’accord…
- Merci mon amour… Je… Wyatt… Veux-tu devenir mon époux ?
- Oui Léonie… Oui… A jamais, je serais à toi…
Léonie sentit ses yeux se remplir de larmes. Elle sourit encore plus et embrassa de nouveau son futur époux, qui n’arrivait à s’imaginer à jamais aux bras de la blonde. Leur vie se précipitait à grand pas : enfant, fiançailles, concubinage. Il n’aurait jamais pu espérer meilleure vie qu’auprès d’elle. Il réalisa maintenant la profondeur de ses sentiments. Bien entendu, il l’aimait depuis longtemps, mais il n’avait imaginé son amour aussi profond. Lui qui était frivole, le voilà à jamais lié à une unique femme. Et il ne regrettait en rien ce bouleversement.
Pendant que des adultes se bécotaient et concrétisaient leur amour. Un fruit d’un autre amour prenait son envol.
Fabien passa à l’âge de l’enfance, sous les yeux ébahis de sa mère.
Et son cadeau fut une belle chambre aux teintes bleues sur le thème de la mer.
Ce fut en jeune enfant comblé qu’il se glissa sous ses draps, n’imaginant un seul instant que sa tante venait de franchir un pas important dans sa vie. Insouciant, il laissa ses rêves de piraterie prendre le pas sur sa fatigue, l’emmenant au loin, dans des flots gorgeaient d’aventure et de trésors.
Si la nuit fut bercée de rêve pour Fabien, notre couple vécu cette nuit d’une autre façon. Bien moins charmante mais bien plus magique. Léonie fut prise de contraction, créant la panique chez Wyatt. Ninon l’aida à se ressaisir en lui hurlant dessus puis appela l’hôpital pour prévenir de leur arrivée.
Ce fut sous une pluie d’étoile que naquit la 6eme génération.
Re: La Lignée des Vauganne
Episode 11 : Promesses éternelles
- Spoiler:
La nuit était paisible. Si c’était l’été, les grillons chanteraient, le tout accompagné de criquet. Mais ce n’était pas l’été, mais la fin du printemps. Une nuit paisible donc, où les habitants de Roaring Heigth dormaient avec quiétude, où les enfants rêvaient avec joie d’aventure, de dragon ou de piraterie.
Mais certains adultes étaient bien éveillés. Pour travailler, pour réfléchir ou pour enfanter. Et oui, notre héritière venait de mener sa tâche à bien.
Doublement bien d’ailleurs. Les Vauganne pouvaient compter parmi leurs membres deux nouvelles petites filles répondant aux prénoms d’Adélaïde et Aveline, qui étaient respectivement dans les bras de Léonie et de Wyatt. La femme était épuisée mais heureuse. Wyatt lui jubilait.
Le matin fut difficile pour la blonde. Les petites dormaient portant profondément mais son épuisement était tel qu’elle ne trouva le sommeil qu’au petit matin lorsque la maison prenait vie. Léonie râla en entendant les cris de son neveu qui hurlait après son père pour on ne savait quelle raison. La jeune mère était trop fatiguée et irritée pour chercher à comprendre. Elle se leva, trouvant le lit vidé de Wyatt. Mais c’était son dernier souci.
Elle remarqua qu’elle s’était alors mise au lit avec les vêtements de la veille. Elle haussa les épaules et sortit de sa chambre le pas lourd et les sourcils froncés. Elle vit alors Fabien courir en simple dans toute la maison, Magnus derrière lui avec un pantalon à la main.
La blonde soupira, se massant les tempes puis saisit Fabien par le bras.
- Tu veux pas arrêter ?!! Y’en a qui dorment !
- Pardon Tata… hoqueta l’enfant.
Magnus lui offrit une moue désolée et emmena son fils dans la salle de bain pour terminer de l’habiller. Cependant il vit l’heure puis fila en jurant laissant en plan Fabien, toujours en slip dans l’entrée.
- Où est ta mère ?
- Elle dort. Répondit Fabien avec un grand sourire.
Elle soupira de nouveau et emmena le garçon dans la salle de bain afin de terminer la tâche laborieuse de son frère. Le petit habillé et attablé, Ninon venait enfin de se réveiller. Elle trouva alors les deux habitants plongés dans un profond silence.
Après avoir posé son assiette, elle regarda tour à tour son fils et sa belle-sœur. L’air las de Léonie fit comprendre à Ninon que son fils était encore en tort.
- Qu’est-ce qu’il s’est encore passé ?
- Rien… Si ce n’est que Fabien a une tendance au nudisme.
Ninon soupira à son tour et fit les gros yeux à son fils qui baissait le regard dans son assiette.
- Fabien ?
- Oui ? Dit-il d’une petite voix.
- Il va falloir que tu grandisses et que tu t’habilles tout seul. Et surtout sans cinéma !
- Mais Maman…
- Il n’y a pas de « mais » qui tienne ! Fabien Kanker, vous êtes privé de sortie aujourd’hui !
- Non !
- Si ! Maintenant tu files dans ta chambre.
Le petit allait protester, mais les yeux verts de sa mère étaient intransigeants. Il ravala sa plainte et fit ce qu’on lui ordonna.
Ninon s’installa aux côtés de Léonie qui s’endormait sur ses pancakes.
- Tout va bien ?
- Ah ?! Oui, oui… Dit la blonde en se frottant les yeux.
- Petite nuit... Au fait, félicitations pour tes jumelles.
- Merci. Répondit Léonie avec un grand sourire.
Pendant que les femmes discutaient bébé, le pauvre Fabien purgeait sa peine dans sa chambre en jouant avec ses blocs de construction. En fait, le fait que sa mère le prive de sortie de lui déplaisait pas du tout car être à l’extérieur, il détestait ça ! Au plus haut point ! Pour le plus grand malheur de son père qui voulait tant prendre son de son jardin avec son fils.
Le soleil était au rendez-vous. Et les convives également. Dans sa belle robe aux couleurs de la nature, Ninon enlaçait son fils, émue comme jamais.
- Ne pleures pas Maman ! Sinon tu vas ruiner ton maquillage.
- Petit garnement ! Ça te ferait plaisir !
Le rire de son fils lui apporta un peu de paix dans son cœur chamboulé. Aujourd’hui était un grand jour, outre le premier jour de l’été, c’était aussi celui de son mariage.
- Dis Maman ?
- Hum ?
- On va être une vraie famille ?
- Oh Fabien… Ninon se mit à sa hauteur. Je sais que ça n’a pas été facile au début. Je n’ai jamais voulu te priver de ton père… Mais un nom est un nom, mon grand. Que tu portes ou non le nom de ton père ne veut pas dire que tu n’es pas son fils.
- Je sais Maman ! Je sais… Mais je préférais avoir le même que vous… Ce fut au tour de Ninon de rire. C’est pas gentil… Dit-il en boudant.
- Pardon mon chéri… Mais… Tu sais… Avec ton père on est allé à la mairie pour que tu adopte son nom.
- C’est vrai ?
La mère hocha la tête et le petit lui sauta au cou lui baisant le visage tout en riant.
Hélas, le vent tourna et le mariage qui se devait être ensoleillé, se fit sous la pluie. Mais ne dit-on pas « Mariage pluvieux, mariage heureux » ? Les invités (la famille en d’autre terme) ne se laissèrent guère gâcher l’humeur pour cette petite pluie.
Ils étaient même très émus.
Ils se jurèrent amour et fidélité un grand sourire aux lèvres.
- Ninon… Je sais bien que tu rêvais d’un tout autre mariage. D’une toute autre vie. Mais les faits sont là. Nous nous sommes aimés. Je t’ai rejeté pour ma sœur. Je t’ai abandonné alors que tu avais besoin de moi. Et ma sœur nous a réunis de nouveau, en nous forçant la main. Ninon, tu es ma joie, ma source de vie. Et tu m’as offert le beau cadeau que l’on puisse recevoir dans une vie : notre fils.
En entendant cela, Fabien sentit l’amour que son père pouvait éprouver pour sa mère. Il se sentit coupable de lui avoir rendu la vie dur durant tant de temps. Fabien était une crème avec sa mère mais avec son père, la moindre chose était prétexte à bêtise et mauvais comportement. Il baissa la tête en entendant les propos que sa mère tint à son tour.
- Magnus… Tu n’as aucune excuse ni aucun remerciement à m’offrir car, si Fabien est parmi nous aujourd’hui c’est grâce à toi également. Un enfant est un gage d’amour. Et si l’un des parents loupe les premiers signes vie de cet enfant c’est à cause de l’autre parent. Je regrette une chose dans ma vie : Ne pas t’avoir crié dessus dès le début pour que tu me retiennes.
Alors que félicitations et riz pleuvaient, Wyatt prit à part Léonie.
- Léonie… J’ai une surprise pour toi.
- Une surprise ?
- Oui. Alors s’il te plait, ferme les yeux.
Elle le fixa alors, un peu méfiante mais l’air sérieux de Wyatt la fit sourire puis elle concéda à sa requête. Il lui prit alors la main et la guida parmi la foule.
Les invités observèrent la scène avec stupeur –ou presque…
- Ouah !! Ne me dites pas que… ?! S’étonna Ninon.
Le jeune homme demanda alors à sa compagne d’ouvrir les yeux. Léonie écarquilla les yeux en voyant où elle se trouvait.
- Mais Wyatt…
- Léonie… Tu m’as demandé, peu de temps avec la naissance des filles, si j’étais prêt à faire ma vie avec toi.
- Euh… Oui… Répondit Léonie, le visage cramoisie.
- Tu ne penses pas qu’il serait temps ?
Magnus se mit à pleurer. Son mariage, il l’attendait depuis si longtemps, mais ce que Wyatt venait de faire était si inattendu et si romantique qu’il craqua.
- Léonie Vauganne, commença cérémonieusement Wyatt en lui prenant la main, je t’ai rencontré, il y a des années. Tu es venue à moi mais il faut que tu saches que je t’avais déjà vu. Je m’en souviens encore. Tu courrais, comme à ton habitude, le long de la plage. Le soleil s’amusait à se refléter dans tes cheveux. Tu m’es apparu, tel un ange, alors que je ne pensais qu’à une seule chose : sauter par-dessus le pont. Il soupira. Je ne t’en ai jamais parlé. J’étais venu ici pour mourir. Tout le contraire de toi. Mais tu es venue à moi, tu m’as montré un nouveau chemin à prendre. Et maintenant, nous venons d’avoir nos filles. Léonie, je t’aime. Deviens ma femme.
- Wyatt… Je… Je ne suis pas douée pour les discours. L’assemblée rit doucement devant la gêne de la cadette. Surtout après ce que tu viens de dire… Je vais être ridicule. Alors je vais faire simple. Wyatt, tu es celui qui m’a tendu une main. Une main salvatrice qui m’empêcha de me noyer. Alors oui. Simplement oui, je veux devenir ta femme. Pour toi, pour moi, pour Adélaïde et Aveline. Pour nous…
Les mariages célébrés et dignement fêtés, la famille laissa quelques jours passer et reprit son rythme de vie facile et simple.
- Bonjour Tata.
- Salut Fabien. Alors on ne fait pas de scène aujourd’hui ?
Fabien s’assit aux côtés de sa tante et entama son petit-déjeuner dans le silence. Non, pas de crise aujourd’hui. Il avait pris conscience de beaucoup de chose depuis le mariage.
- Non… Tu sais Léonie…
- Hum ? Fit-elle entre deux bouchées.
- J’étais en colère contre Papa. J’ai toujours pensé qu’il m’avait abandonné. Je suis arrivé ici, j’étais encore un bambin, mais je me souviens que Maman pleurait beaucoup.
- Tu sais Fabien… Entama Léonie en reposant sa fourchette. Ta mère et ton père se sont toujours aimés. Mais l’amour n’est pas forcement inné.
- Comment ça ?
- On a beau s’aimer, parfois il est difficile d’être ensemble. Tu comprends ?
- Je crois…
Léonie sourit et ébouriffa son neveu qui pesta. Ce petit était un garnement mais il est profondément gentil. Elle voyait en lui Magnus.
Enfin pas tout le temps. Fabien restait un enfant, et un enfant farceur. Alors que tout le monde était occupé…
… le petit futé en profitant pour tendre un piège dans les toilettes.
Et par pur hasard, la victime ne fut autre que son père. Qui sans attendre convoqua le coupable dans un énorme hurlement.
- Fabien !!!!!!!!
- Je suis désolé Papa…
- Tant que tu me promets de ne plus recommencer… Dit Magnus avec les sourcils froncés.
- Juré ! … Dis… Tu peux me lire une histoire ?
Magnus resta un petit moment interdit. C’était la première fois que Fabien lui réclamer une telle chose. Touché, il retint une larme puis lui demanda ce qu’il voulait lire.
- D’accord. Je vais chercher le livre. Enfile ton pyjama en attendant.
Magnus revint dans la chambre et trouva l’enfant impatient sous les draps. Un immense parcouru son visage en voyant l’adulte s’assoir près de lui. Son sourire fut contagieux car Magnus souriait lui aussi.
- Tu es sur de vouloir lire ça ? C’est assez spécial…
- J’aime bien la photo. C’est mal ?
- Non mon grand, mais c’est assez étrange un tel intérêt pour un enfant de ton âge.
- Je suis pas un bébé !
- D’accord, d’accord. Alors que veux-tu savoir ?
- Je… Papa, je suis désolé.
- Euh c’est pas dans le livre ça…
- Mais ! Je te parle pas du livre.
- Je me disais aussi.
- P’paa ! J’essaye d’être sérieux.
- Fabien… Tu n’as à t’excuser de rien. Tu es un enfant, et un enfant s’exprime de façon différente des adultes.
- Tu savais ?
- J’ai été enfant aussi, tu sais ? Bon d’accord… Je n’ai pas vécu la même chose que toi. Mais j’ai aussi été aimé par mes parents. Et je leur en ai voulu lorsque Léonie est venue au monde.
- C’est vrai ? Mais Tata est géniale ?!
- J’étais bête à l’époque.
- Tu l’es encore. Magnus lui donna une pichenette sur le front.
- Je ne te permets pas, petit effronté. Dit-il sur le ton de la plaisanterie.
Ils discutèrent un long moment, oubliant l’ouvrage. Magnus rassura son fils que quoi qu’il fasse, il resterait son enfant. Fabien lui promit d’être sage désormais, car il les aimait. Il aimait ses parents.
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